- Je croyais que tu avais arrêté les conneries après Kerian.
Silence. L'intéressé ne répondit rien et se contenta de toiser Charles. J'étais sidérée par sa réflexion, avant d'avoir eu le temps d'entendre le son de sa voix il avait décidé de qui était Hakim.
- Tais-toi, trouvai-je à lui répondre.
Mais évidemment, il m'ignora.
- Tu m'avais dit que tu laissais tomber les petites cailles, mais à ce que je vois tu t'es empressée de retomber dans les bras du premier kaïd que tu as croisé, vociféra-t-il.
Le regard sombre d'Hakim resta braqué sur le blondinet et n'avait pas vacillé au fur et à mesure que Charles crachait toute sa rage.
- Charles tu piges rien là, tu ne le connais pas, tu racontes de la merde.
- Tu veux que je te rappelle l'état dans lequel tu étais quand tu es partie ?
- Ferme là.
- Compte pas sur moi pour t'aider à remonter la pente à nouveau.
- FERME LA !
Je sentais mes muscles se contracter au fur et à mesure de la conversation et essayais de me contrôler, mais mon poing vibrait de plus en plus fort tant l'envie d'écraser ma main sur sa joue était forte.
- T'es ridicule putain.
- Elle t'a demandé de fermer ta gueule.
Hakim avait réagi avant moi, d'un ton sec, froid, mais pourtant très calme. Charles resta muet un instant, évaluant sans doute son adversaire. Il fit un pas en arrière, sûrement par instinct de préservation, puis se tourna de nouveau vers moi.
- Tu sais quoi, finalement efface mon numéro, finit-il par lâcher avant de tourner les talons.
Je ne comprenais pas sa réaction. Rien n'était logique dans la scène qui venait de se dérouler : il s'était autorisé à juger Hakim d'un simple regard, puis en avait interprété une influence qui n'existait pas. Kerian et le maghrébin n'avaient rien en commun. Charles savait pourtant qu'au contact de mon ex j'avais développé une force de caractère telle qu'aucun homme ne prendrait plus le dessus sur moi.
Au-delà même de l'opinion qu'il s'était fait de l'algérien, son aplomb envers moi m'avait sidérée. Comment pouvait-il croire qu'il avait une part de responsabilité dans ma vie ? Il n'avait aucune autorité sur moi, aucun ordre à me donner et aucun jugement à porter.
Je n'avais toujours pas desserré les dents lorsque Boy tira un peu le bout de sa laisse, me ramenant à la réalité. Je jetai un coup d'œil à Hakim qui avait l'air embarrassé. J'étais moi-même profondément gênée d'avoir été jugée sur ma vie passée devant un inconnu.
J'attendais fébrilement la réaction de l'algérien, mais il reprit le chemin sans prononcer un mot.
- Je suis désolée pour Charles, il ne comprend rien.
- T'inquiète, on me juge depuis que je suis gamin.
Ma bouche se tordit en une moue désolée.
- J'ai aussi eu des exs un peu connes.
Il s'interrompit, un sourire nostalgique s'installa quelques secondes sur son visage, puis il reprit.
- Au collège, je suis sorti avec une meuf quelques semaines, tu sais l'amour fou, ironisa-t-il. Son père nous a grillé une fois, et lui a fait tout un discours sur les rebeus. Le lendemain elle me plaquait, et interdiction de lui parler.
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Et soudain...
FanfikceCe n'est pas le temps qui compte, l'important c'est ce qu'on en fait.