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- Mets des talons au moins !

Il ne me trouvait pas assez féminine. J'avais refusé de mettre une robe, me contentant d'un jean et d'un top fluide à fines bretelles.

- Imagine si je dois courir, répondis-je en laçant mes baskets.

- Pourquoi tu devrais courir ?

- On ne sait jamais, murmurai-je dans ma barbe.

Ma relation avec Kerian avait laissé des traces, et le souvenir de ses nombreuses embrouilles avec des types louches me hantait.

- Go ! Et arrête de râler mon Charlot.

Il m'avait emmené dans un bar sombre à l'ambiance lugubre. « C'est pas cher ici, tu vas voir ». J'avais vu. Il avait enchaîné les verres avec rigueur « le but c'est de se bourrer la gueule ce soir ! ». Il avait prévu de boire comme un trou avant d'aller en boîte pour éviter de raquer une fois là-bas. Son plan avait une faille cependant. Une fois sorti du bar, il n'était pas assez clair pour rentrer en boîte.

- Allez, on essaie une dernière fois !

- C'est mort Charles, tu ne marches même pas droit. Viens, je te ramène.

- T'es pas drôle ! Je préférai quand tu étais avec Kerian.

Il n'avait plus toute sa tête. Du moins, c'est ce que répétait une petite voix dans ma tête pour m'empêcher de le claquer. 

Je passai son bras autour de son épaule pour le guider, espérant mettre fin à mon supplice plus rapidement. Nous marchions un bon moment, moi silencieuse, lui se plaignant.

- J'me sens pas bien, j'vais mourir.

- Oui, ben attends que je te pose chez toi.

- Attends attends attends.

Il s'arrêta.

- Je vais vomir.

Je levai les yeux au ciel en le lâchant. Il tituba jusqu'à un mur, et s'appuya dessus. Nous étions dans une allée sombre, le genre de passage que l'on évite en pleine nuit.

- Dépêche-toi.

Il avait l'air au bout de sa vie. Je m'approchai lorsque j'entendis un homme crier.

- Laissez-moi passer !

Mon sang ne fit qu'un tour et je sortis de l'allée sans réfléchir, me dirigeant vers l'éclat de voix que j'avais perçu.

Un homme chétif se tenait au milieu de trois colosses. Je n'attendis pas qu'il ne se fasse attaquer et m'approchai à grand pas lui porter secours.

- Hé ! Laissez-le tranquille !

Un grand brun se tourna vers moi.

- C'est qui elle, ta copine ? Il marqua une pause et me jaugea avant d'ajouter : je m'en taillerais bien une tranche.

- Essaie pour voir !

Les mots étaient sortis tous seuls de ma bouche. Je ne me contrôlais plus aveuglée par la colère. Ses deux coéquipiers portèrent leur attention sur moi. Le grand brun s'approcha, passant son pouce sur le coin de sa bouche.

- Pas de bol pour toi, j'ai pas de scrupule à frapper les petites pétasses.

- Tu te crois dur hein ?

D'un geste brusque, il attrapa ma mâchoire d'une main.

- Ferme ta gueule, ça vaudrait mieux pour toi.

Mon genou se leva et atterrit vivement sur son entrejambe, le faisant reculer. J'en profitai pour lui asséner un violent coup dans l'œil. Il tomba vers l'arrière comme soufflé par une explosion. Ses partenaires marquèrent un temps d'arrêt, sûrement surpris par la force que j'avais mise dans ma frappe, avant de reprendre leurs esprits et de foncer vers moi.

Et soudain...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant