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Nous nous étions arrêtés dans un grec et, après avoir avalé notre repas sans faim, nous avions repris la route de l'hôpital.

J'étais nerveuse à l'idée de voir Sam, ne sachant pas exactement dans quel état j'allais le trouver. Hakim, comme à son habitude, avait décelé ma fébrilité et me prit la main.

- Si tu veux rester ici, il comprendra, me rassura-t-il devant la porte de la chambre 302.

- Je suis venue ici pour le voir.

Je pris une grande inspiration, dégageai ma main de la sienne et appuyai sur la poignée.

Sam était allongé sur un lit plié en deux, le buste légèrement surélevé par rapport à ses jambes. Il partageait sa chambre avec une autre personne, un vieillard sous ventilation assistée.

Hakim passa devant moi et tira un grand rideau, séparant le vieillard de notre ami.

J'observai Sam, son visage tuméfié. L'altercation avait été violente.

- Comment tu vas ? osai-je.

Il répondit par un grognement.

- Il est sous morphine, m'expliqua Hakim, c'est tout ce que les médecins peuvent faire pour l'instant.

Je m'approchai du lit et posai ma main sur la sienne.

- Sam, tu aurais dû m'en parler, tu aurais dû venir me voir...

Il ne servait à rien de l'incriminer maintenant, je le savais, mais les mots sortaient tous seuls, par besoin de rationaliser les choses sûrement. Il ouvrit difficilement la bouche pour s'adresser à Hakim.

- Math'...

- Quoi, tu l'as vu ?

Il secoua la tête d'un geste si restreint qu'il était presque imperceptible.

- Appelle-le...

Sam articulait difficilement chaque mot, nous demandant un effort de concentration intense.

- Il peut nous aider.

- Comment ?

- Il les connait... il peut les gérer.

- T'es sérieux ? T'as merdé et tu veux qu'il prenne pour toi ? Frère tu nous fais quoi là ?

- Je sais pas, je flippe... j'ai peur qu'ils reviennent.

- Ils ne vont pas venir ici non.

Je voyais bien qu'Hakim n'était pas sûr de lui, mais il cachait son angoisse aussi bien qu'il le pouvait.

- Je ne peux pas me défendre ici.

- Non, t'inquiètes pas pour ça. Tu te reposes et tu prends soin de toi. Tu as revu les médecins ?

Comme pour répondre à sa question, une infirmière entra dans la salle.

- Bonjour ! Je vois que vous êtes bien entouré monsieur. Vous voulez que je vous laisse ? Je repasserai plus tard.

Elle nous adressa un sourire bienveillant qui redonna un peu de chaleur à cette chambre glaciale.

- Comment il va ? demandai-je avant qu'elle n'ait eu le temps de sortir.

- Il est abattu par la morphine, c'est normal.

- Oui, mais le reste? Son dos?

Elle jeta un coup d'œil gêné à la porte.

- On ne peut rien promettre.

- Il n'y a rien à faire ?

- On attend que les hématomes se réduisent un peu pour voir l'évolution.

Et soudain...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant