- 22 -

2K 100 10
                                    

La soirée était passée tranquillement après l'incident, tous les deux assis sur le canapé, riant aux vannes réchauffées d'une comédie américaine. Boy s'était installé à côté de moi, comme à son habitude, même quand il n'était pas chez lui il gardait son petit rituel. Je passais distraitement ma main sur son ventre offert alors qu'Hakim caressait ma cuisse du bout de ses doigts. Il avait d'abord commencé à dessiner des cercles au niveau de mes genoux, et était remonté innocemment vers le haut de ma jambe.

A la fin du film, il se leva et débarrassa nos assiettes, et je réalisai sur ces entrefaites que mon bas ventre c'était resserré. Je me mordis la lèvre, et m'occupai des verres pour oublier ma frustration. Ce faisant, mes yeux tombèrent vers son plan de travail. Si seulement je n'avais pas eu peur, il aurait pu se passer tout un tas de choses à cet endroit.

Cette idée enflamma mes joues, et je pinçai mes lèvres pour m'empêcher d'y penser plus longtemps. Ce fut sans compter la réaction d'Hakim qui, m'observant sur coin de l'œil, avait bien saisi mon malaise. Il afficha un sourire effronté et s'approcha doucement, sans dire un mot, félin à l'approche de sa proie.

Mon cœur était prêt à éclater, je sentais mes veines battre dans mes tempes.

Il continuait sa marche silencieuse et assurée, ses yeux noirs plongés dans les miens, exhumant un univers jusque-là anesthésié qui se réveillait comme un volcan pour déverser sa lave incandescente. Mon ventre se serra davantage pour contrer la brûlure qu'il accueillait. Il me fallait agir pour ne pas succomber.

- Tu te crois irrésistible monsieur bressom là ?

Pour toute réaction, il enfonça un peu plus son regard en moi, pupilles complètement ouvertes, il était prêt à attaquer. Il y avait une force qui m'obligeait dans ces yeux, une forme d'autorité agressive à laquelle je ne pouvais pas m'opposer.

Il fit un dernier pas en avant, terminant d'achever l'espace entre nous.

- Arrête-moi.

Sa voix chaude contracta chacun de mes muscles, et je déglutis avec difficulté.

Sa tête s'approchait de la mienne, l'air dangereux. La proximité avec son visage et la virilité agressive qu'il dégageait finirent de me faire perdre mes moyens, et, me sentant à sa merci, il finit par prendre possession de mes lèvres. Il plaqua sa main à l'arrière de mon crâne, je la saisis et la décolla de mes cheveux pour finalement la déposer dans le bas de mon dos. Il se détacha de moi.

- Laisse-moi faire, fais-moi confiance.

J'acquiesçai docilement, les mains cramponnant le plan de travail derrière moi.

Il m'embrassa de nouveau, brutalement, en prenant mon visage entre ses mains. J'avais peur du trouble qu'il suscitait en moi, du désir que son regard sur moi suffisait à créer. Il me souleva et m'assis sur le plateau derrière moi, agrippant ma nuque avec force. Il y avait une forme de contrainte dans ce geste dont la sensualité agressive ne dupait personne. Je sentais le danger. Et pourtant je ne reculai pas, bien au contraire, j'entrai dans la zone de turbulence.

Il s'acharna à me faire perdre la tête ainsi pendant des heures, évacuant toutes les tensions qui avaient pesées sur nous ces derniers jours, et sans même le savoir me libéra un peu des fantômes de mon passé. La connexion était tellement forte entre nous que j'avais rapidement laissé tomber les quelques barrières qui étaient restées dressées. Je l'avais laissé prendre pleine possession de mes peurs et l'avais regardé les détruire les unes après les autres. Jamais je n'aurais pensé que quelqu'un pouvait avoir ce pouvoir sur moi.

Je m'étais enfin entièrement perdue, pour finalement mieux me retrouver.

Allongée dans ses bras, je compris que je ne pourrai plus me séparer de lui.

Et soudain...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant