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J'avais rapidement pardonné à Hakim. Je devais être honnête avec moi-même, j'avais trop besoin de sa présence pour rester en froid avec lui. Il avait bien entendu sorti l'argent nécessaire pour éponger la dette de Sam, argent que j'avais apporté à Kerian et sa bande. J'avais eu du mal à convaincre Hakim de rester à l'écart, aussi nous avions convenu d'un périmètre de sécurité formé par les gars tout autour de nous. Cette précaution s'était avérée inutile au final. Une fois l'argent rendu et les choses mises au clair avec mon ex, il m'avait laissé repartir, non sans qu'il m'ait gratifié d'un dernier sourire menaçant.

Sam était sorti de garde-à-vue avec un simple rappel à la loi, lourdement aidé par son casier vierge et la très faible quantité de cannabis trouvée chez lui. Le soir même, Doums, Sam et moi nous étions donnés rendez-vous chez Hakim pour que le black fraichement libéré puisse se confier sur sa situation.

- Qu'est-ce qui t'as pris de faire affaire avec des gars comme ça ? avait lâché Hakim entre les dents.

- Math' m'a dit qu'on se les mettait facilement dans la poche.

- Putain mais lui c'est pas la même, il a fait ça toute sa vie gros.

L'algérien avait ponctué sa réponse d'une claque derrière la tête de Sam. Ils avaient ensuite un peu parlé de ce « Math' » avant que la conversation ne dévie.

Puis le temps avait repris son court. Hakim passait beaucoup de temps avec Sam pour l'aider à sortir la tête de l'eau. Sa loyauté et sa carrure m'impressionnaient toujours plus, la dévotion dont il faisait preuve envers ses amis était sans faille. Il semblait pouvoir tout encaisser sans faiblir, l'air robuste et détaché. Mais ça n'était qu'une apparence. Plus le temps passait, plus il se renfermait de peur de laisser transparaitre ses véritables émotions.

Ce soir-là, nous quittions le logement de Maxime, Hakim me raccompagnait chez moi comme tous les soirs. Il se murait dans un mutisme malsain, aussi j'essayai de lui soutirer quelques informations.

- Tu as le droit de me parler tu sais.

Il tourna légèrement la tête en haussant un sourcil.

- Je vois bien que ça va pas, continuai-je.

- Y a rien, tout va bien.

Comme pour me contredire, il m'afficha un sourire mutin et passa son bras autour de mes épaules. Il n'était toujours pas prêt à me faire confiance. Cette vérité me troua le cœur. Je vis ses yeux s'attarder sur mon visage, scrutant ma réaction.

- Quoi ?

- Y a rien, tout va bien, je répétai, amère.

Il resserra son bras autour de moi.

- Tu te crois drôle ?

J'haussai les épaules tout en continuant ma route. Une fois arrivés devant chez moi, il m'attrapa par le poignet si bien que je dusse lui faire face.

- Fais pas la gueule Charlotte.

- Je fais pas la gueule, je vois juste que tu ne penses pas pouvoir compter sur moi. Ou juste que tu ne m'apprécies pas assez. J'aurais aimé que tu puisses te confier à moi... Je pensais t'avoir prouvé que tu pouvais. C'est pas grave, je comprends.

Ma tirade le fit sourire. Il souleva mon menton de son index plié.

- J'ai confiance en toi. Je t'assure que tout va bien, je suis juste claqué.

Ma bouche se tordit en une moue dubitative.

- Si j'ai un problème, je t'en parle.

Il déposa ses lèvres chaudes sur mon front, déclenchant une vague de frisson tout autour de mon crâne, comme pour me dire au revoir.

Et soudain...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant