Octo/ tome 1 • La rencontre

Chapitre 34 :

Le soir même, les huit amis se retrouvèrent dans le réfectoire afin de faire un point de la situation. Sloum en profita pour montrer aux autres la photo de Lisa qu'il avait recueilli.

Dès la semaine suivante, profitant de leur jour de repos, le petit groupe se rendit à Setchâ. Des renforcements de la sécurité s'étaient mis en place et on leur demanda non seulement de présenter leurs papiers d'identité afin de vérifier s'ils ne faisaient pas partie de la famille de l'un des Ménas – qui étaient strictement interdit sur l'île – mais également d'expliquer la raison de leur visite.

– Il s'agit d'une île animalière, prétexta Zachary avec habileté. Nos amis n'y ont jamais mis les pieds.

Les gardes scannèrent les pièces d'identité et jaugèrent leur petite taille et les laissèrent finalement passer. Après tout, ce n'étaient que des enfants.

Une fois arrivés, les huit adolescents s'engagèrent dans la forêt touffue. Les arbres se nommaient des Chorisia Spéciosa et leurs caractéristiques principales étaient leur énorme tronc muni d'épines un peu partout ainsi que de nombreuses feuilles ovales d'un vert étonnant. En regardant autour d'eux, ils se seraient cru en Amazonie, car ils pouvaient également voir des palmiers et des cactus, des lianes et de l'herbe grasse. De temps en temps, un gros reptile rampant leur barrait la route, à la plus grande peur de Playi.

À un moment donné, cette dernière percuta un étrange petit caillou de son pied et le ramassa. Il s'agissait d'une demi-sphère striée en deux endroits et de couleur orangée.

– Oh c'est beau, s'extasia-t-elle en la retournant dans tous les sens.

– Krabouga ! cria tout à coup Carlos d'une voix affolée.

Les jeunes Sortilistes sursautèrent et la Pyrokinésiste lâcha la pierre. Celle-ci retomba brutalement sur le pied de la jeune fille qui hurla de douleur. Le caillou s'ouvrit soudain : de minuscules pattes apparurent et l'animal déguerpit.

– Il ne faut pas attraper les Krabougas, expliqua Megan en désignant l'endroit où le drôle d'insecte avait fui. Ces choses se cachent dans des coquilles incassables. Ils ne sont généralement pas violents sauf si l'on essaie de les déloger ; ils pincent. Et si on les laisse tomber, ils possèdent comme un parachute intégré et ils vont faire exprès de te tomber sur le pied dans le but de se venger.

– Il vaut donc mieux éviter d'y toucher, conclut l'Hydrokinésiste.

Sans un mot de plus, les adolescents se remirent en route. Après de longues minutes de marche, Fleur aperçut un énorme caillou en forme de menhir. Quelques secondes plus tard, un rayon de Soleil perça les broussailles et vint éclairer le visage des huit amis. Ils débouchèrent dans une vaste clairière ronde.

Les arbres encerclaient le lieu tandis que de l'herbe rase recouvrait le sol. À une cinquantaine de mètres d'eux, près du centre, se tenaient des dizaines de petites cabanes en bois de toutes les tailles. Autour, le petit camp de fortune bourdonnait de vie.

– Bonjour, salua Sloum, ne sachant trop comment engager la conversation autrement.

Certaines personnes répondirent joyeusement, heureuses de voir de nouvelles têtes. D'autres, au contraire, s'enfermèrent dans leur cabane ou s'éclipsèrent discrètement en forêt. Maintenant qu'ils se trouvaient là, les mains dans les poches, les adolescents comprirent que beaucoup de Ménas nourrissaient une rancœur évidente à l'encontre des autres, qui les avaient rejetés.

Les plus jeunes n'avaient qu'onze ans, et cela choqua Natan. Ils avaient presque l'âge de sa petite sœur, elle aussi livrée à elle-même face à la monstruosité de la vie...