Chapitre 5 :

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– Alors fil de fer, t'essaies de draguer ma copine ? lança un garçon en s'approchant.

Ni grand ni petit, un bourrelet gras dépassait de son tee-shirt uniforme. Malgré cela, ses cheveux étaient proprement gominés et son visage ne possédait que très peu d'imperfections. Ses fines lèvres étirées fendaient ses joues rougies par le froid de février.

– Ta gueule Tom, s'emporta Fleur, déjà exaspérée à sa simple vue. Je ne suis pas ta copine et arrête d'appeler mon meilleur ami fil de fer !

– Oh la la, tu t'énerves ma jolie ? continua Tom avec un sourire narquois.

L'adolescente arborait un pantalon cargo kaki ce jour accompagné de son éternelle veste en cuir, malgré la saison. Ses imposantes baskets noires battaient le bitume, trahissant son énervement.

– Je ne suis pas ta jolie, jura-t-elle.

À ces mots, elle s'approcha du jeune garçon qui sourit bêtement. Alors, elle lui attrapa les poignets et enfonça ses ongles dans la chair de toutes ses forces.

– Arrête, hurla sa victime en gémissant. Mais tu es folle !!!

Elle exerça une pression supplémentaire de ses ongles puis le relâcha. Elle n'était pas sadique mais cela ne l'empêchait pas de savoir ou cisailler la peau. Au niveau des veines.

– La prochaine fois que tu dis que je suis ta copine ou que tu traites Illian se sera encore plus fort ainsi qu'un bon gros coup de pied là où je pense.

– Et c'est où que tu penses ?

– Dans tes couilles, enfoiré !

Elle s'éloigna accompagné de son meilleur ami tandis que Tom pâlissait.

– Bah dis donc ! T'y es allée fort aujourd'hui ! Bon avec un peu de chance on aura deux semaines de répit.

– Sans doute...

– Par contre Fleur, il faut que l'on parle à propos de ton père.

La jeune fille se rembrunit aussitôt. Elle préféra répondre par l'offensive.

– Oh bah toi tes parents j'en parle pas ! Te faire manger que le midi, super sympa, hein !


Le lendemain matin, ils se retrouvèrent au centre commercial de la ville pour acheter un paquet de biscuit pour Illian. En sortant, son amie lui annonça :

– Ça devient grave : maintenant mon père me bat sans aucune raison.

– Qu'il te batte c'est déjà grave !

Soudain, le jeune homme s'assombrit.

– Ça va ? demanda son amie.

– Oui, c'est juste que j'ai faim.

– Alors ouvre ce putain de paquet et bouffes en la moitié ! Tu vois tu crèves la dalle et t'es mince comme un clou.

– Façon de ne pas dire fil de fer...

– Tu as un de ces humours aujourd'hui ! lâcha-t-elle ironiquement, la voix sans doute un peu trop forte pour les passants qu'ils croisaient. T'as mangé un clown ?

– Tu disais ?

– Je disais que tu était très mince voir maigre et que je me faisais battre. C'est fini : je me tire !

– Comment ça ? Mais et l'école ? Et... et moi !

– Bah tu viens avec moi, non ? Et on emmène des affaires.

– Et on va où ? Et comment ?

Fleur réfléchit quelques instants et déclara :

– N'importe où, loin de Lyon. On prend des valises, des affaires, de la bouffe, du fric et on se casse !

– Je crois que je retiendrai pas tout. Faut faire une liste. Mais sinon j'suis d'accord : demain, direction la liberté !

***

Le soir, une fois rentré chez lui, Illian s'installa dans sa chambre après avoir annoncé à ses parents qu'il faisait ses devoirs.

Il vida son sac, attrapa son portable et questionna Fleur :

De Illian :

On prend koi come affaire ??

(*NDA : Les fautes sont intentionnelles dans les messages)

La réponse fut immédiate. 

De Fleur : 

Pas trop de trucs. Vêtements et argent. Photos de ta mère si besoin je pense c'est toujours bien. Je prends de la bouffe je crois t'en as pas.

Suivi de près par :

De Fleur :

J'ai une idée : prends un autre sac et fais croire que c'est ton sac de sport vu qu'on a sport demain

De Illian :

tro bonne idée ! ;-)

Le jeune homme prit son sac à dos et attrapa quelques cours qu'il glissa dans son sac. Il mit également le paquet de biscuit dans une petite sacoche ainsi qu'une bouteille d'eau. Il rangea le tout dans son cartable, au-dessus d'une boîte en fer rouillée qui ne le quittait jamais.

L'adolescent alla chercher son sac de sport et y fourra des habits les plus utiles. Quand ses sacs furent prêts, il envoya un texto à Fleur :

De Illian :

C prêt !

Il obtint une réponse similaire.


Peu de temps après cela, l'adolescent se rendit dans la salle-de-bain avant le repas dont il ne bénéficierait de toute façon pas. Après avoir verrouillé la porte, il se déshabilla en faisant chauffer l'eau. Du coin de l'œil il détailla la pièce qu'il connaissait pourtant par cœur. Simple et assez étroit, le lieu était maculé de blanc. Sur la droite, un large miroir reflétait le portrait du jeune homme. Ce dernier dévia rapidement son regard à la vue de son corps affreusement chétif.

Il avait honte de son corps et il n'aurait pu s'observer ne serait-ce qu'une seule seconde sans ses larges vêtements derrière laquelle il cachait sa maigreur affolante. Tout cela le dégoûtait, que ce soit son apparence ou ce qui l'avait rendu ainsi.

Sans réfléchir davantage, il se plongea sous l'eau brûlante et ferma ses paupières. Néanmoins, au moment de se savonner, il ne put empêcher ses yeux de tomber sur ses côtes affreusement saillantes, sur son ventre si peu épais, sur ses hanches pointues ayant l'air de transpercer sa peau. Sa peau si blanche, presque transparente, semblable au bord de la rupture.

Fleur avait raison, il fallait qu'ils fuient.

***

Troisième partie de l'extrait télévisé :

« ...Nous apprenons à l'instant que Sloum et Playi étaient toujours ensemble au collège. Le père de la jeune fille – qui avait été adoptée – a disparu dans la nature, nous n'avons aucune trace de lui... »

***

Hello ! J'espère que les échanges de messages sont assez clairs et que ce nouveau chapitre (réécrit !) vous a plu. Plus de mille mots sur les comportements de ces nouveaux persos 

J'ai ajouté une partie en insistant sur la maigreur d'Illian ce matin même 😀

Plein de bisous à vous tous !! 😘😘😘

Ylli_

Octo/ tome 1 • La rencontreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant