Chapitre 11 :

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Sloum et Playi marchèrent et marchèrent encore, cherchant toujours un endroit où passer la nuit. Hélas ! Les hôtels étaient hors de prix, les maisons d'hôtes non-réservées et les studios introuvables pour deux adolescents de moins de seize ans. Ils continuaient à marcher, ne se laissant pas abattre par la fatigue qui commençait à envahir leurs jambes et leurs dos, sous le poids des sacs aussi lourds qu'une enclume. La rue qu'ils s'apprêtaient à emprunter ne contenait pas d'hôtel ils découvrirent en revanche un petit escalier menant à une porte que tous deux s'empressèrent de pousser.

Heureusement, elle n'était pas verrouillée. Le jeune Congolais, zappant la galanterie, la franchit. Cette pièce, quasiment vide, contenait seulement un sac de charbon à barbecue, des boîtes en carton vides, une poubelle et une chaise en bois éventrée.

La jeune femme, suivant son ami, découvrit que ce cabanon en pierre ainsi que la maison voisine n'étaient pas adjacent l'un à l'autre et ils pouvaient s'enfermer grâce à un verrou. Elle y posa son sac et déclara :

– Je pense que nous pouvons dormir ici, au moins pour cette nuit.

Sur ce, le jeune homme déposa également son sac à terre, verrouilla la porte et prépara ce qui s'apparentait le plus à un repas à l'aide de leurs maigres restes. Pendant ce temps, Playi aménagea une couchette à l'aide d'une couverture dérobée chez sa tante.

Ensuite, ils dissimulèrent leurs affaires sous les boîtes en carton et d'un commun accord, décidèrent de partir se balader car ils étouffaient dans ce local où on ne tenait pas même pas debout.

Mais en sortant, une surprise les attendait. L'étrange trio qu'ils avaient aperçu lors de leur virée eu parc se tenait devant la porte de la cave, les bras croisés et l'air inimaginablement sérieux.

– Sloum Filya, commença le plus coloré tandis que le fille tirait la gueule.

L'interpellé leur lança un regard affolé mais il était trop tard pour faire marche arrière.

– Qui êtes-vous ? Comment connaissez-vous ce nom ?

– Nous savons que c'est ton nom, affirma le plus maigre. Et toi tu es... Play !

– Playi ! rectifia la jeune Indienne. D'accord vous nous connaissez et auriez vous l'obligeance de nous dire qui vous êtes, vous ?

– Nan nan nan ! la contra son ami. D'abord je veux savoir comment vous connaissez nos noms, et l'on n'arrivera à rien avant cela !!

– Ben voyons, grommela la seconde jeune femme blonde, s'exprimant enfin. À croire que c'est vous qui posez les limites de notre échange... ! Et c'est bien simple, vos photos et descriptions sont partout. Dans les journaux, à la télé, à la radio... Que sais-je encore ?! Votre disparition est au numéro un de la chaîne info alors vous feriez mieux de nous écouter ; nous sommes les seuls en position de force.

Un faible sourire naquit sur les lèvres du maigrelet, le plus chargé. Il semblait soudainement fier.

– Je me nomme Illian, précisa-t-il néanmoins. Et voici Fleur...

– Merci je sais encore comment je m'appelle, ronchonna-t-elle. Ce n'est pas à toi de me présenter.

– Et je suis Natan, l'interrompit celui qui possédait la chevelure de jais.

– D'accord les Parisiens, reprit le plus maigre. On va faire un p'tit deal juste entre nous ; c'est non-négociable de toute façon.

– On vous écoute, répondit gentiment Playi sous le regard noir de son ami.

– Vous nous laissez dormir à vos côtés cette nuit et en échange, nous ne vous dénonçons pas.

Le jeune Congolais leur lança un regard outré.

– Vous pouvez toujours courir, ricana-t-il.

– Je crois que vous n'avez pas le choix en fait, riposta la blonde dans un rictus carnassier.

– Et pourquoi vous voulez dormir là ? insista Sloum. Vous n'avez pas de maisons ou d'appartements ; de foyer ? Ni de parents ?

– Nous ne sommes pas d'ici.

– Ce n'est pas ce que je vous ai demandé bordel de merde !

Personne n'objecta à l'opposition.

– À vous écouter, poursuivit le jeune homme, on dirait que nous sommes vos modèles à s'être barrés de chez nous et vous voulez nous imiter...

– Peuh ! cracha Fleur. Bien sûr que non !

– Et vous, d'où venez-vous ? s'enquit Playi que la question taraudait.

– De Lyon Illian et moi, fit savoir la jeune femme. Et lui...

– Je viens du Mans, soupira Natan.

– Mais qu'est-ce que vous faîtes là alors ?!?

– Qu'est-ce que vous croyez ? s'indigna le maigrelet en haussant la voix. Vous n'êtes pas les seuls à vous tirer de chez vous... !

La jeune Indienne fronça ses sourcils noirs.

– Comment cela ?

Elle ne voulait pas comprendre alors que tous les signes se trouvaient devant ses yeux.

– Nous aussi on s'est échappés.

– Wesh ! s'exclama Sloum.

Octo/ tome 1 • La rencontreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant