Chapitre 9 :

67 11 4
                                    

Arrivés à la gare Montparnasse, Sloum et Playi étudièrent le panneau qui indiquait les horaires de train. Le prochain train pour la destination qu'ils avaient choisie partait vers vingts heures et quart et arrivait presque deux heures plus tard. Ils avaient donc une heure avant que le train n'arrive pour acheter les billets.

Ils se dirigèrent vers le guichet où attendaient déjà deux personnes. Sur la totalité de leur pauvre richesse, ils durent dépenser environ la moitié pour leurs deux places.


Une fois arrivés à la gare de Nantes, les deux adolescents se posèrent sur un banc pour rechercher l'adresse de la tante de la jeune fille.

– Attends, laisse-moi faire, suggéra cette dernière. Laisse-moi les sacs pendant que je cherche sur ton tel et trouve nous de quoi manger pour ce soir s'il te plaît.

– OK.

Sloum déposa son sac à dos au pied de son amie et entreprit de fouiller dans le portefeuille.

– On a... environ cinquante euros. Tu veux manger quoi ?

– Bah un truc simple, basique.

Le jeune homme hocha simplement la tête et partit à la recherche d'une boulangerie ou d'un supermarché.


– Alors ?

– Un sandwich jambon blanc emmental pour madame et un bacon chèvre pour moi. Et toi ? T'as trouvé ?

– Oui, c'est à deux pas d'ici. Prends ton sac et suis-moi.

Sloum s'exécuta et ils déambulèrent bien une demi-heure avant de trouver ce qu'ils cherchaient à cause de l'obscure nuit qui leur faisait face. Au moins, les rues étaient désertes.

Ils s'arrêtèrent devant un grand grillage noir surmonté de pics rongés par le lierre, frissonnants malgré leurs manteaux remontés jusqu'au col.

– C'est ici.

– Comment fait-on pour entrer ?

– On fait le tour. Ma tante laissait toujours le portillon ouvert.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Les deux adolescents contournèrent la bâtisse afin d'apercevoir un petit portail noir lui aussi surmonté de pics. Playi appuya sur la poignée.

– C'est fermé, soupira-t-elle.

– Comment on fait ?

– Fait-moi la courte-échelle, proposa-t-elle en déposant son sac à terre. J'escalade. C'est sans doute fermé de l'intérieur.

– Laisse-moi faire, offrit son ami en l'imitant.

– Non, c'est ma tante. Et je te rappelle que si tu tombais tu te ferais plus mal que moi. Tu as...

Elle ne finit pas sa phrase mais désigna ses attributs inférieurs. Le jeune garçon fit la grimace mais consentit tout de même à disposer ses mains de façon à ce que son amie puisse grimper.

Tout là haut, celle-ci se mit debout et essaya tant bien que mal de tenir en équilibre. Une fois stabilisée, elle sauta. Un déchirement se fit entendre.

– C'était quoi ça ?

– Euh, mon manteau, clarifia-t-elle en faisant tourner le verrou.

Le portillon se déroba et l'adolescent attrapa les deux sac à dos pour rentrer dans le vaste jardin. Playi referma le portail, lui prit l'un des deux sacs et contourna le bâtiment. Son ami la suivit et contempla la demeure.

C'était une grande maison blanche bien entretenue. La porte noire et lisse faisait penser à une porte royale avec sa poignée en or. Deux larges fenêtres encadraient la porte tandis que le premier étage, lui, en comprenait trois. À chacune de ces trois ouvertures se trouvait un balconnet surmonté de roses pendantes. Au-dessus de tout cela régnait un œil de bœuf. Un ensemble de briques entouraient portes et fenêtres. Le toit en tuiles rouges était pointu juste au-dessus de la vitre ronde.

– C'est magnifique... s'extasia le jeune Congolais. Mais tu ne crois pas qu'ils ont tout verrouillé ?

– Sans doute, mais ma tante m'a confié un secret depuis que j'ai dix ans... Au cas où il y aurait un problème, genre la maison a brûlé avec mes parents, je devais venir ici. Si elle n'était pas là, je rentrais... avec la clé !

Sur ce, elle grimpa sur le rebord de l'une des fenêtres et décrocha le numéro en mosaïque bleu. Elle y prit quelque chose à l'intérieur et Sloum supposa qu'il devait sans doute être creux. Son amie le remit alors à sa place avant de sauter à terre en tendant une clé devant elle.

– Ta-daaa !

Le jeune garçon ne sut que répondre. L'adolescente introduisit la clé dans la serrure et fit pivoter la porte.

– Je te fais visiter ?

Sans même attendre de réponse, la jeune femme entra. En face d'eux se trouvait un magnifique escalier en bois. À droite, un long couloir s'étirait avant de bifurquer soudainement tandis qu'à gauche, une unique porte vitrée laissait apercevoir une pièce de vie comportant un large salon et une salle à manger. Playi bifurqua à l'opposé, non sans avoir jeté son sac à terre. Son ami s'empressa de l'imiter. Au fond se trouvaient les toilettes. À gauche s'ouvrait une porte où l'on pouvait apercevoir un grand lit, ainsi qu'une armoire.

L'adolescente ferma la porte en expliquant :

– Il s'agit de la chambre de ma tante...

En face de cette porte se trouvait une salle de bain. Une énième porte se dressait ensuite dans le couloir principal dans le but d'accéder à une petite cuisine fortement dérangée. À l'étage se trouvaient deux grandes chambres, des toilettes et enfin une petite salle de bain.

– Je te propose qu'on prenne ces deux chambres là, indiqua-t-elle en désignant les chambres du premier étage.

– Une chambre chacun ?

– Bah oui, répondit elle comme si c'était évident. On va pas dormir dans le même lit !

– Non, je pensais ramener un matelas...

– Non ! Désolée...

– C'est pas grave, murmura-t-il, comprenant très bien la raison de ce refus. Je vais m'installer !

– Très bien, moi aussi.

Même si Sloum demeurait le meilleur et seul véritable ami de Playi, la perspective de dormir dans le même lit ou encore la même chambre qu'un homme – ou jeune homme – semblait inimaginable. Les gestes de son père adoptif restaient gravés en elle comme un réel traumatisme.

***

J'espère que cette histoire vous plaît toujours autant si ce n'est plus et je vous promets que la magie arrivera ! ✨ Oubliez pas le pitit vote 

A bientôt pour la suite de cette réécriture (j'ai l'impression de passer mon temps à écrire ce mot !) Bisous 💞

Ylli_

Octo/ tome 1 • La rencontreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant