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Lorsque j'ouvre mes yeux, Mélanie est toujours endormie à mes côtés. Elle ressemble à un ange quand elle dort. Je remonte le drap sur son corps nu pour ne pas qu'elle ait froid et me lève sans faire de bruit pour ne pas la réveiller.

Je m'habille de mon sweat à capuche sans remonter la fermeture éclair jusqu'en haut, et enfile la capuche avant de sortir de la chambre et de fermer la porte doucement.

Je me dirige vers le salon et nous prépare à manger pour ce midi. Enfin, vu qu'il est déjà quatorze heures trente-huit ce sera plutôt un casse-croûte.

Je fini de préparer notre en-cas quand quelqu'un tape à ma porte avant d'entrer direct. Sans même me retourner je sais que c'est mon voisin préféré.

- Fais pas trop de bruit s'il te plaît je ne suis pas seule.

- Hum... Un nouveau beau mâle ? Me taquine-t-il. Vu ta tenue je suppose qu'il est dans ta chambre encore endormi.

Il est vrai que je ne porte que mon grand sweat qui m'arrive juste sous mes fesses. Sans rien dessous. Mais avec Fabien on s'est déjà vu nu plusieurs fois sans le faire exprès au début et petit à petit la gêne à disparu. Nous savons qu'il ne se passera jamais rien entre nous.

- Tu risques d'être surpris.

- Non ! Tu as deux beaux mâles dans ton plumard et tu ne m'en as même pas proposé un ? S'offusque-t-il faussement.

- Mieux que ça. C'est une fille.

- Oh... My... Dog...

- God. Je le rectifie.

- Laisse tes sex-toy tranquille... Mais t'es pas hétéro toi ?

- Si, mais je ne sais pas... Avec elle c'est différent. Notre câlin tout à l'heure était vraiment super et j'ai adoré.

- J'espère que tu seras enfin heureuse ma belle. Tu le mérites. Et bienvenue dans le club VIP des LGBT. Me dit-il en me faisant un clin d'œil.

- Oh... Merci choupinou... T'es trop mignon !

Je le prends dans mes bras et le serre contre moi.

- Toi aussi tu mérites d'être heureux et de retrouver l'amour. Je te le souhaite de tout mon cœur.

Nous sommes toujours enlacés quand la voix de Mélanie se fait entendre.

- Tu es en couple... Tu t'es moquée de moi...

Je me retourne et la vois avec les larmes aux yeux. Je m'empresse de courir vers elle et de la prendre dans mes bras pour l'embrasser tendrement.

- Non, je ne suis pas en couple. Fabien est mon voisin mais surtout mon meilleur ami.

- Salut. Je suis son meilleur ami mais je suis surtout attiré par les hommes alors ne t'en fais pas, je ne vais pas te la piquer, lui dit-il en lui faisant un clin d'œil.

- Oh... Je ne m'inquiète pas... Juste... J'ai cru que... Tu t'étais moquée de moi.

Elle m'annonce cela en baissant la tête. Délicatement je passe mes doigts sous son menton pour lui faire relever le visage et l'inciter à me regarder dans les yeux.

- Je ne me suis pas moquée de toi. J'ai adoré le moment qu'on a passé ensemble et j'ai envie d'en vivre encore plusieurs. J'ai découvert quelque chose avec toi, quelque chose de magnifique et je n'ai pas envie de le perdre.

Ses yeux commencent à s'humidifier légèrement. alors je pose délicatement mes lèvres sur les siennes en la prenant dans mes bras pour la réconforter.

- Je t'avoue que tu es ma première expérience homosexuelle et que j'ignorais où nous mènerai ce petit jeu. J'ignorais si j'allais aimer ou pas. Mais...

- Attends ! Pour toi c'était... Un "petit jeu" ? Tu... Tu ne ressentais rien pour moi ? C'est ça ?

Je discerne de la déception dans sa voix, de la colère également. Je la comprends tout à fait. Mais je ne sais comment expliquer ce qu'il s'est réellement passé dans ma tête.

- Je ne sais pas ce que je ressentais, mais j'avais envie d'essayer, de découvrir mon éventuel côté lesbien avec toi. Tu m'attires. Dès que tu es entrée dans la boutique j'ai été attirée par toi, tes belles formes, ton regard, ton petit côté timide... Déjà dans le magasin tu m'a plût, et... J'ai même été déçue en ne te trouvant pas sur les réseaux sociaux.

J'avais prononcé ma dernière phrase en baissant ma tête, gênée par cet aveu.

- Attends, comment voulais-tu me trouver. Tu ne connaissais même pas mon prénom.

- Si, Mélanie Forks, je sais même que tu as vingt-sept ans.

- Quoi ? Mais... Comment ?

- Rappelle toi, tu avais fais tomber ton portefeuille par terre, je t'ai aidé à tout ramasser, dont... Ta carte d'identité.

- Oh... Oui, j'avais oublié ce moment, pourtant gênant.

- Pas moi.

On se regarde encore quelques instants tendrement, afin de laisser nos regards finir cette petite querelle puis ses lèvres viennent sceller notre paix en se posant sur les miennes. Ce moment de tendresse est malheureusement brisé par Fabien.

- Merci pour le casse-croûte en tout cas. Il était très bon.

- De rien et... Attends... Hey ! C'était NOS casse-croûtes !

- Oups... Désolé, me dit-il en souriant de toutes ses dents. Bon, je vais vous laisser. À plus tard les plus belles.

Il vient claquer ses lèvres contre nos joues avant de partir. Il doit certainement bosser cet après-midi et finir tard. Ce qui me fait penser que je dois encore trouver un nouveau travail. Si je ne trouve aucun emploi d'ici un mois ce ne sera pas la peine de garder cet appartement.

Le gardien de l'immeuble est assez insistant. Il ne comprend pas que parfois dans la vie on peut avoir des imprévus et des passades difficiles. Si je ne paye pas mon loyer les trois premiers jours du mois, il vient frapper à la porte ; plusieurs fois par jour même.

Mais bon, il ne fait que son travail après tout. Il a la chance d'en avoir un et fait ce qu'il faut pour ne pas le perdre. Contrairement à moi.

Le reste de la semaine se déroule calmement. Je fais le tour des petites annonces à la recherche d'un boulot, ainsi que le tour des agences d'intérim, des petits commerces du coin en laissant toujours un C.V. mais toujours aucune réponse.

Garfield s'est résigné à ne plus insister pour venir avec moi quand je partais. Il a dû comprendre qu'il ne reverrai plus jamais son fournisseur de friandises préféré.

Rien que d'y penser quelques larmes me montent aux yeux. Je m'étais moi aussi habituée au calme de Teddy. En fin de compte il n'était pas si froid que ça et dégageait une certaine sérénité de lui. Sauf durant la dernière semaine qui était totalement différente.

Je ne saurai dire exactement ce que c'était. Mais il faisait tout pour me fuir, ne pas avoir à m'affronter. Alors qu'à mes début ici il faisait tout de même sa vie. Il circulait dans le magasin, il nous arrivait de nous croiser. Alors que la dernière semaine pas une seule fois. Il a créé comme un vide en moi lors de cette dernière semaine de travail. Je réalise qu'il était réellement bien plus qu'un simple patron pour moi, bien avant notre nuit ensemble.

Au Regoubillonnement des ChambrièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant