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 Je suis réveillée par des coups à ma porte. Je regarde l'heure, dix-huit heures. Je ne vais plus dormir de la nuit moi. Je devais être vraiment fatiguée pour m'endormir ainsi en pleine journée.

Les coups à la porte se font de nouveau entendre.

- Oui j'arrive ! Deux minutes !

Je déteste être réveillée ainsi. Ça me met de très mauvaise humeur. Je prends le soin de m'habiller d'un bas de jogging et de mon sweat en mettant évidement la capuche. J'ignore pourquoi je la mets toujours chez moi. C'est un automatisme que j'ai prit. Certainement pour me sentir comme enveloppée dans un cocon.

Trois coups se font de nouveau entendre. Je me dirige vers ma porte d'entrée plus énervée que jamais. Celui qui se trouve derrière va passer un sale quart d'heure.

- Oui putain ! J'arrive !

J'ouvre la porte et me retrouve face à un Teddy méconnaissable. Il a des cicatrices sur son visage, des traces violacées dépassant de sa minerve le bras et le poignet dans le plâtre. Son corps a l'air brisé. Mais en le regardant dans les yeux, je réalise que son esprit l'est davantage.

Toute la colère que je ressentais il y a encore une minute s'est soudainement évaporée. La personne que j'ai devant moi n'est pas le patron froid et distant que je connais. C'est une personne vulnérable, fatiguée, anéantie.

Nous ne savons quoi dire. Il doit certainement voir la panique dans mes yeux. Que lui est-il arrivé ? Que fait-il ici?

- Je suis désolé. Pour tout.

Il avait murmuré ces mots. Pour quoi était-il désolé au juste ? Pour m'avoir virée ? Il m'a pourtant vite remplacée. Pour avoir été bourré ? Il ne s'en souvient sûrement pas. Pour la nuit qu'on a passé ensemble ? Il s'en souvient encore moins j'en suis sûre. De m'avoir mise enceinte ? Comment le saurait-il ? Il ignore même qu'on a couché ensemble.

- J'ai eu un accident en moto. Ta remplaçante m'a demandé de la ramener chez elle mais elle a eu un mauvais reflex. On a fini dans un fossé. Elle n'a presque rien eu mais je me suis retrouvé écrasé par ma moto dans les ronces. Sur le moment, j'ai eu peur.

À la fin de sa phrase il baisse la tête. Il a eu peur de perdre la vie lors d'un accident. C'est compréhensible. Mais qu'est-ce que j'y peux moi ? Il avait qu'à ne pas prendre une pétasse immature comme vendeuse.

- J'ai eu peur de ne plus jamais te revoir.

Évidement si la visière de son casque se brisait il risquait de perdre la vue à cause des morceaux de verre et...

- Quoi ?

C'est sorti tout seul de ma bouche. J'ai dû louper un épisode. Il m'a viré, il ne me voyait déjà plus, et ça n'avait pas l'air de le déranger.

- Après mon divorce, j'ai cherché un appartement. Mais je ne voulais pas n'importe lequel. Il y a un immeuble en face de la fenêtre de ta chambre. Et... J'ai remarqué que tu ne fermes pas ton volet pour dormir la nuit. Il y a trois semaines c'était devenu mon activité préférée. Te regarder dormir avant de m'endormir à mon tour. Puis il y a quinze jours tout a basculé. Tu m'avais remplacé. Toi aussi. Par une fille. Comme elle. Alors je me suis rapproché de ta remplaçante. Je le regrette.

J'ai du mal à tout assimiler. C'est lui qui imaginait coucher avec une autre et finalement il me regarde dormir la nuit. C'est assez flippant. Je réalise qu'il est toujours sur le pallier alors je l'invite à entrer chez moi pour discuter. Je me mets sur mon canapé et pose sans m'en rendre compte ma main sur mon ventre.

- Je ne voulais pas t'effrayer en te disant ça. Juste... Tu me manques.

- Pourtant quand il a fallut me mettre à la porte je ne vous manquais pas.

Au Regoubillonnement des ChambrièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant