En rentrant chez moi au soir, Mélanie était déjà devant ma porte à m'attendre. Silencieusement je l'invite à entrer.
- Tu vas me dire ce que tu me caches ou il va falloir que je te tire les vers du nez ? Tu me trompes c'est ça ? Tu as rencontré quelqu'un d'autre ? Ou alors tu te moquais de mo...
- Je suis enceinte.
J'avais lâché ça comme une bombe. Ignorant les conséquences de mes paroles.
- Tu es... Enceinte ? Mais... Comment ? De qui ?
- Avant de sortir avec toi j'ai eu une relation avec... Mon patron... C'est lui le père... Et avant que tu ne me poses la question, oui, je vais garder cet enfant.
- Super, merci de me demander mon avis. Il est au courant le spermeur ? Tu vas retourner avec lui je suppose. C'est pour ça que tu travailles de nouveau là-bas ? J'en étais sûre tu vas me quitter.
- C'est bon ? T'as fini ta crise ? Si c'est pour me faire une scène ainsi tous les jours tu sais quoi ? C'est pas la peine de rester. La porte est ouverte ! Et pour répondre à tes questions, oui le "spermeur" comme tu l'appelles si respectueusement est au courant. Avant de te l'annoncer je pensais rester avec toi, mais après ton cinéma je ne sais plus quoi penser, ni avec qui rester. Si je travaille de nouveau là-bas c'est avant tout pour payer cet appartement. Et non je ne pensais pas te quitter mais là je dois t'avouer que je pense avoir besoin de solitude pour faire le point et toi pour calmer tes nerfs. Alors maintenant que tu le sais je te prierai de bien vouloir partir. Merci et bonne soirée !
Sans lui laisser le temps de répondre, je la prends par le poignet et la mène sur le palier avant de lui fermer la porte au nez. Je sais que ça ne se fait pas mais elle doit comprendre qu'elle n'a pas à me parler comme elle l'a fait et surtout de ne pas insulter le père de mon enfant. "Spermeur". Non mais j'hallucine. Il n'y a pas plus péjoratif comme terme. Elle n'a pas le droit de le traiter ainsi, pire qu'un animal reproducteur. Elle avait réussi à me mettre hors de moi.
Pour me calmer je ne connais qu'un moyen. La musique. D'un pas pressé je me dirige vers mon PC, et lance ma playlist préférée, à un volume légèrement trop élevé pour respecter la sérénité de mes voisins. Heureusement que cela n'est pas coutume. Alors pour une fois il est préférable pour eux qu'aucun ne vienne se plaindre.
Les musiques défilent, passant de Cargo de nuit à Later bitches sans oublier Sans contrefaçon et Rockabye et sans vraiment comprendre comment j'en suis arrivée là, je me retrouve à me déhancher sur Say my name en plein milieu de mon salon, la musique toujours à un volume beaucoup trop fort. Emportée par la musique je ferme mes yeux, oubliant tout autour de moi.
- Très beau déhanché.
Je sursaute alors que la chanson vient de se finir et vois mon patron au milieu de mon salon, me fixant. Depuis quand est-il là à m'observer ? Et... Comment est-il entré ? Je me jetais sur mon PC afin d'arrêter le titre Au Macumba qui venait de démarrer.
- Ah bah enfin, je pensais que j'allais perdre l'ouïe d'ici la fin de la soirée. Je vous sers un verre ?
- Fabien ? Mais c'est quoi cette réunion chez moi à la fin ? Vous voulez quoi ?
- Moi juste ne pas perdre l'audition. Merci d'avoir arrêté la musique. Me dit Fabien en ramenant des canettes de Coca dans le salon.
- Et moi savoir pour quelle raison j'arrive à entendre ta musique depuis chez moi alors que mes fenêtres sont fermées. Je suppose que tu as parlé avec ta copine ?
Je discerne une pointe d'amertume voire de jalousie dans sa voix.
- Si je veux écouter de la musique j'en ai le droit non ?
- Si tu veux te ruiner les tympans c'est la bonne méthode en effet, murmure Fabien.
Mon regard se tourne vers mon voisin qui sirote désormais son soda tranquillement.
- Je l'ai dit à Mélanie. Elle l'a mal prit. Et maintenant je ne sais plus ce que je veux. Enfin si. Je veux rester seule et oublier cette histoire.
- Tu peux venir chez moi si tu veux.
- Ah non Teddy, je ne vais pas aller chez vous. Il en est hors de question. Si j'ai besoin d'être seule je ne vais pas aller chez le père de mon enfant.
- Tu oublies que ''ton enfant'' tu ne l'as pas fait toute seule, tu l'as fait avec moi, j'en suis autant responsable que toi. Malheureusement pour moi c'est toi qui le porte mais il est de ma responsabilité de prendre soin de lui et de sa maman.
- Il est aussi de votre responsabilité de prendre soin de vous après votre accident.
- Où sont les pop-corn ? Intervient mon voisin.
Mon regard de plus en plus meurtrier se déplace au ralentis vers Fabien.
- Oh la la c'est bon... Humour tu connais ?
- Sincèrement là je n'ai aucune envie de faire de l'humour. Je pensais passer la soirée seule, au calme à passer mes nerfs grâce à la musique et vous êtes là à me faire la morale. Alors non, je n'ai aucune envie d'avoir de l'humour !
- En tout cas si on avait un doute sur le fait que tu sois enceinte maintenant on ne l'a plus. On a déjà droit à tes changements d'humeur... Tu ne veux pas que j'aille te chercher des fraises ?
- Oui Fabien ! Tu as raison ! Vas me chercher des fraises, des pitayas et des anones. Merci.
- Quoi ? Mais je disais ça pour rire.
- Vraiment ? Bah moi non... Allé hop, dépêche toi sinon tu ne seras pas son parrain.
- C'est du chantage ! S'offusque mon voisin.
- Totalement trésor.
Sans rien ajouter il se lève et sort de chez moi à la recherche, je l'espère, de mes fruits. Je me retrouve donc seule avec Teddy à mes côtés. En me tournant vers lui je le vois en train de boire sa canette avant de la poser sur la petite table.
-Tu es dure avec lui. Nous sommes juste venus pour te soutenir. Ce n'est pas la peine de nous envoyer balader tu sais...
Teddy ou comment retrouver la raison. Honteusement je baisse ma tête.
- Oui, je suis désolée. Vous n'êtes en rien à ce qu'il se passe dans ma vie en ce moment et je passe mes nerfs sur vous sans raison. Je suis désolée.
Doucement il se rapproche de moi, nous fait nous asseoir et me prends délicatement dans ses bras. Je n'ai plus la force de lutter et craque dans ses bras, laissant toutes les larmes de mon corps couler. Je suis tellement vulnérable près de lui. Il sait faire tomber les forteresses de mon cœur en un claquement de doigts.
- Je savais que j'aurai dû être avec toi quand tu le lui aurai dit. Je ne suis qu'un idiot de ne pas t'avoir épaulé dans ce moment. Tu es sûr que tu ne veux pas que je reste avec toi ce soir ?
J'ignore si ce sont mes nerfs qui ne tiennent plus le coup ou si c'est la fatigue qui m'a emportée, mais je ne me souviens pas de la réponse que j'ai donné à sa question, ne sachant même pas s'il m'a vraiment posé cette question ou si ce n'était qu'un rêve.
VOUS LISEZ
Au Regoubillonnement des Chambrières
General Fiction"Au Regoubillonnement des Chambrières", un sex-shop qui se verra être à l'origine de différentes histoires, notamment celle de Thérèse, une jeune femme hétérosexuelle, mais les choses ne se passent pas toujours comme prévu...