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 En arrivant en bas du bâtiment de Teddy, je sonne à son interphone. Il ne tarde pas à démagnétiser la porte, me permettant ainsi d'entrer dans l'immeuble. Je gravie rapidement les trois étages et me dirige vers son appartement. La porte est entrouverte. Je donne tout de même un coup contre la porte pour signaler ma présence.

- Teddy ? C'est moi.

- Oui, viens entre.

Une fois chez lui, je ferme la porte derrière moi et avance timidement vers son salon.

- Tu veux boire quelque chose ?

- Oh euh un verre d'eau, s'il te plaît.

Quelques minutes après Teddy revient avec un verre à la main qu'il me tend. Je le prends en le remerciant.

- Vas y installe toi, fais comme chez toi. Me dit-il en souriant.

- Merci et, merci pour avoir joué le jeu tout à l'heure.

- De rien, tu sais je suis d'accord avec toi, ton ami a provoqué quelque chose chez Mélian. Quoi encore je l'ignore mais... Je ne sais pas, j'ai l'impression qu'il est différent. En bien.

- J'espère que ça ira entre-eux.

- N'empêche que tu as dis que j'étais un handicapé... Commence-t-il à dire.

- Momentanément. Précisé-je.

- Handicapé tout de même. Tu veux que je te rappelle à quel point j'étais un handicapé hier soir ?

Ses lèvres commencent à courir sur mon cou. Alors que je ferme les yeux mon téléphone se met à vibrer dans la poche de mon jeans.

- Tu as même des vibromasseurs ? Intéressant... Me dit-il amusé.

Je sors mon téléphone et le lui montre avant de regarder le nom de l'appelant.

- C'est Mélanie... Je dois répondre...

Il s'écarte de moi et change de pièce pour me laisser seule avec elle.

- Mélanie...

- Salut, Thérèse. Je... Je ne te dérange pas ?

À entendre sa voix je sens qu'elle est stressée.

- Ça peut aller. Tu voulais me dire quelque chose ?

- Oh euh... Oui. Pour être franche je ne sais toujours pas quoi penser de cette situation. Tu sais, toi, moi, cet enfant et le... Géniteur...

Au moins elle n'a pas dit ''spermeur'' c'est déjà ça.

- Moi non plus je ne sais pas quoi penser si ça peut te rassurer. Je suis toute aussi perdue que toi, si ça ne l'est plus encore.

- Oui, voilà alors... Je voulais te proposer quelque chose. Une sorte de période d'essai. Toutes les deux. J'ai envie de continuer notre relation mais j'ignore si je pourrais accepter cet enfant au point de l'élever avec toi. On se remet ensemble, si ça fonctionne c'est parfait, sinon on en restera là, d'accord ?

- Oui, ça me va.

- Parfait. Demain je boss toute la journée mais on peut se voir ce week-end si tu es d'accord ? Me demande-t-elle.

- Avec plaisir. On se prendra un café allongé si tu veux.

- Ouais, on verra.

Elle essaie de le dissimuler, tant bien que mal, mais je détecte toutefois une gêne dans sa voix. Elle a encore du mal à accepter le fait que je sois enceinte. Mais le fait qu'elle veuille tout de même essayer me réchauffe le cœur.

- Bon, je ne te dérange pas plus longtemps, passe une bonne soirée, à samedi Thérèse, prépare le café, je viendrai avec des croissants. Bisous.

- Bonne soirée également ma belle. Bisous.

Je raccroche et reste quelques instants là, sans bouger. En revenant dans le salon, Teddy me sort de ma rêverie.

- Alors ? Comment ça s'est passé ?

- Plutôt bien. Elle a envie d'essayer d'accepter le fait que je vais être maman. On va reprendre notre relation toutes les deux.

- C'est super pour toi. Donc nous deux c'est de nouveau fini apparemment ? Enfin, est-ce qu'à moment donné il y a eu un ''nous'' ? Rit-il nerveusement.

Je m'approche doucement de lui pour le réconforter mais il se recule immédiatement.

- Non ! Tu ne sais pas ce que tu veux. Un coup tu es avec moi, un coup avec ta copine, puis tu reviens vers moi et là tu repars avec elle... Jusqu'à quand ça va durer ainsi ? Tu sais quoi ? Cet enfant est autant le tien que le mien, c'est pour ça que je serai toujours là pour lui. J'assisterai aux échographies, à tes examens pour vérifier son état de santé. Je serai là quand il viendra au monde, pour son éducation. Je serai présent pour lui. Mais nous deux c'est fini. Tu redeviens juste mon employée. Maintenant tu peux rentrer chez toi, je me débrouillerai très bien tout seul.

Son discours me fait l'effet d'une bombe venant d'exploser dans ma poitrine. Sans rien ajouter je me dirige vers la sortie de son appartement tel un robot. Je ne dis rien, ne regarde que le néant autour de moi, dévastée intérieurement.

Arrivée chez moi je m'assoie sur mon canapé, toujours aussi anéantie. Ce n'est qu'en allant me coucher que je réalise que Fabien et Mélian étaient ici avant que j'aille chez Teddy. J'ignore si leur retrouvailles ce sont bien passées. Qu'importe de toute façon. Je ne suis pas capable de gérer ma propre vie, je dois cesser de me mêler de celle des autres.

Au Regoubillonnement des ChambrièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant