- Bon tu penses à quoi là encore?
Mélanie me sort une nouvelle fois de ma rêverie. Depuis deux semaines que nous nous sommes retrouvées, on ne cesse de s'éloigner, je pense toujours à Teddy, à la façon dont notre histoire s'est définitivement terminée. Enfin, semi-définitivement. Avant-hier il m'a accompagnée à ma première échographie. J'ai essayé de lui prendre la main durant mon examen mais il l'a de suite retirée, en s'écartant de moi.
Au boulot Garfield ne cesse de passer ses journées dans le bureau de Teddy, où se trouve désormais son nouvel arbre, ainsi que ses affaires. J'ai proposé à Teddy de le garder avec lui s'il voulait, il a accepté, et Garfield n'a l'air que plus heureux, lui aussi.
Le plus douloureux reste encore Fabien qui vit une véritable idylle avec Mélian. Je suis contente qu'il ait finalement trouvé une personne bien, il avance mais c'est derniers temps on ne se voit presque plus, mis à part dans les couloirs de l'immeuble. Il m'a même rendu la clé de mon appartement le week-end dernier. J'ai fait de même avec les clés de chez lui, Mélian en a sûrement plus besoin que moi désormais.
- OK, maintenant tu ne me réponds même plus. Tu sais quoi ? Vas te faire voir ! J'ai essayé de me faire à l'idée que j'élèverai un gosse qui ne serai pas de moi mais ce n'est pas si évident que ça. Surtout quand la vraie mère n'a visiblement aucune envie de m'aider !
Mélanie se rhabille devant moi, mais mon cerveau est incapable de lui répondre. Pour lui dire quoi de toute façon ? Je n'arrive plus à penser à autre chose qu'à l'enfant que je porte. À penser à son avenir, sa vie ne sera pas si simple que ça...
La porte d'entrée vient de claquer. Cette fois c'est vraiment fini avec Mélanie également... Je me lève du lit et m'habille à mon tour. Je me dirige vers la cuisine pour boire un verre d'eau quand on frappe à ma porte. D'un pas lent je vais ouvrir et tombe nez-à-nez avec Fabien.
- J'ai entendu la porte claquer. Tout va bien ?
- Oui. Tout va bien. J'ai juste besoin de prendre l'air.
Nerveusement j'attrape ma veste et sors de mon appartement que je ferme à clef.
- Bonne soirée.
Sans laisser le temps à Fabien de me répondre je descends les escaliers plus vite que d'habitude. L'air du soir me fait du bien. Sans vraiment savoir pourquoi je me mets à courir dans les rues de mon quartiers, puis vais de plus en plus loin dans le centre-ville jusqu'à arriver dans un quartier opposé. Un quartier que je ne connais que de réputation. Mais une mauvaise réputation. Tous les vendredis soirs se déroulent des courses illégales de voitures ou de motos. Et malheureusement pour moi, on est vendredi soir...
À mon réveil, tout est blanc, des ''bip'' résonnent à mes côtés.
- Hey... Thérèse... Je suis là...
Cette voix... Teddy ? Je tourne la tête vers la voix, ma vue est floue mais petit à petit je le reconnais.
- Où suis-je ?
- À l'hôpital. On va dire que tu étais au mauvais endroit au mauvais moment. Une voiture a fait une sortie de route à toute vitesse. Le conducteur a perdu le contrôle et tu étais juste devant la voiture folle. Des personnes ont trouvé ta carte dans ta poche qui étais à l'origine destinée à me prévenir de m'occuper de Garfield en cas d'accident. Heureusement que tu l'avais encore.
- J'ai... J'ai eu un accident ?
Teddy baisse doucement la tête avant de la relever pour me répondre.
- Oui...
Comme frappée par la foudre, je pose ma main sur mon ventre et sens des bandages. Inquiète je regarde Teddy, le suppliant du regard qu'il me dise que mon bébé va bien, mais je ne le vois que baisser la tête en la secouant de gauche à droite.
Sans pouvoir les arrêter je sens mes larmes couler d'elles-mêmes. Je resserre l'étreinte de ma main sur mon ventre, me sentant plus anéantie que jamais. Aucun son n'arrive à passer la barrière de mes lèvres.
Teddy relève doucement la tête pour me regarder. Il a lui aussi des larmes qui coulent le long de ses joues. Sa main prend la mienne sur mon ventre mais je retire vivement ma main comme si la sienne venait de me brûler.
- Non ! Tu as dis que tu serais là pour le bébé, mais que je redeviendrai qu'une simple employée. Alors tu sais quoi ? Maintenant tu vas enfin être tranquille. Le bébé n'est plus là. Tu n'as plus à t'inquiéter pour lui et surtout tu n'as plus à voir mon visage. Alors s'il te plaît, sors d'ici.
- Mais Thérèse...
- Sors... D'ici !
En silence il se lève et quitte ma chambre, me laissant seule avec mes larmes.
Le lendemain en début d'après-midi, les médecins me laissent sortir. Je rentre doucement chez moi en taxi.
Une fois remise de ce choc, je prends mon ordinateur portable et fais le tour des petites annonces sur internet. Je trouve un studio dans une petite ville du bord de mer. C'est pas grand luxe mais ce sera très bien pour ne plus penser à toute cette histoire. J'ai besoin d'oublier tout ça, Teddy, Mélanie et même Fabien. Je ne pourrais plus affronter leur regard sans repenser à tout ça.
Le déménagement se fait assez rapidement. Une nouvelle vie qui commence, une page qui se tourne ou devrais-je dire, un livre qui se ferme.
Fin
Merci à toutes celles et ceux qui ont lu cette histoire, n'hésitez pas à commenter, voter et partager si elle vous a plut ;-)
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Au Regoubillonnement des Chambrières
General Fiction"Au Regoubillonnement des Chambrières", un sex-shop qui se verra être à l'origine de différentes histoires, notamment celle de Thérèse, une jeune femme hétérosexuelle, mais les choses ne se passent pas toujours comme prévu...