18

185 9 6
                                    

 Le frère de Teddy sort de la boutique avec son carton pendant que je retire le harnais de Garfield afin de lui mettre son collier puis je me retrouve seule avec Teddy. Nos regards se croisent et une surprise incompréhensible se lit dans nos regards. Sans savoir comment, je me retrouve dans ses bras. J'ignore ce que je dois faire. Si je dois lui rendre son étreinte ou non. Inconsciemment je ferme mes yeux pour respirer son parfum et laisse mes mains glisser dans son dos.

- Merci d'être revenue, me murmure-t-il.

- Merci à vous d'être venu me voir...

Son parfum si envoûtant m'incite à le respirer au plus près de lui. Il le remarque et de son bras non plâtré, il retire précautionneusement sa minerve afin que je puisse caler mon visage dans son cou. Malgré qu'il me tienne contre lui avec son bras plâtré, je ressens sa tendresse.

Sans m'en rendre compte, mes lèvres atterrissent sur son cou, juste sous son oreille, lui faisant pousser un léger soupire alors que sa main libre vient se glisser dans le haut de mon dos, m'empêchant tout mouvement.

C'est à ce moment là que mon téléphone émet une sonnerie, me signalant l'arrivée d'un message. À contre-cœur Teddy s'écarte légèrement de moi.

- Désolée, je n'ai pas eu le temps de le mettre en silencieux.

- Ce n'est rien. Je dois remonter dans mon bureau. J'ai passé les commandes ce matin, mais je n'ai pas réussi à passer un coup de balai, pourrais-tu le faire s'il te plaît après avoir répondu à ton message ?

- Oui, pas de soucis. Si vous avez besoin d'aide, n'hésitez pas.

- Merci.

Sans un mot de plus il va dans son bureau et ferme la porte. Je sors mon téléphone et découvre un message de Mélanie.

De Princesse à Moi : "Coucou ma chérie, je suis vraiment désolée de mon comportement d'hier, je regrette, je n'aurai pas dû m'emporter de la sorte. Tu me manques et j'ai trop envie de te voir, de te préparer un bon petit café bien chaud, et gourmand. J'arrive, prépare les touillettes et les croissants, on les trempera bien profond dans nos délicieux cafés."

Je souris en lisant le terme de ''touillettes'' et "croissant". Ce dernier est employé pour désigner les vibromasseurs, et les touillettes les godes qu'on utilise pour nos moments chauds. Je réalise qu'elle ne sait pas que je ne suis pas chez moi, alors je lui réponds aussitôt.

De Moi à Princesse : "Salut ma belle, finalement mon ancien patron m'a proposé de revenir à sa boutique, comme je n'ai pas envie de perdre mon appart' j'ai accepté, je boss aujourd'hui."

Elle ne sait pas non plus que je suis enceinte. Mais j'ignore comment le lui dire, mais le plus tôt sera le mieux, je suppose.

De Moi à Princesse : "Tu pourrais passer à la maison ce soir s'il te plaît ? C'est important."

Sa réponse ne tarde pas à venir.

De Princesse à Moi : "Rien de grave j'espère ? Ce n'est pas à cause de moi hein ? Tu veux casser c'est ça ? Je suis trop jalouse c'est ça ?"

De Moi à Princesse : "On en parlera ce soir. Je suis au boulot. À plus tard ma belle."

Je mets mon téléphone en silencieux et le range dans mon sac avant de mettre mes affaires dans l'arrière boutique, et me change. Je fais un coup de ménage dans la boutique qui est étonnamment calme. Je n'ai plus revu Garfield depuis que je lui ai mis son collier. Il a certainement dû rejoindre Teddy dans son bureau.

Je monte doucement les escaliers jusqu'au bureau de Teddy et frappe trois coups à la porte.

- Oui ?

J'entre doucement et vois effectivement mon chat sur le bureau de Teddy en train de manger des friandises. Pour changer.

- Ça va ? Il est toujours aussi sage ?

- Toujours, c'est un amour ce chat. Il m'avait manqué. Et toi aussi. Me dit-il.

- Vous aussi vous m'avez manqué. Ça me fait plaisir de travailler de nouveau ici, avec vous.

- Mais c'est différent aujourd'hui. Tu as rencontré quelqu'un. Tu es enceinte de moi. Comment tu te sens ? S'inquiète-t-il.

- C'est à vous qu'il faut demander ça, c'est vous qui avez eu un accident.

- Ce n'est rien ça. Le plus important c'est toi.

- J'essaie de tenir le coup. C'est tellement soudain, je pense que je ne réalise pas encore tout à fait.

- Ta copine est au courant que tu es enceinte ?

- Non. Dis-je timidement.

- Tu vas lui dire ?

- Oui, ce soir.

- Tu veux que je sois avec toi ou ça devrai aller ?

- J'en sais rien.

Il se lève et vient me prendre à nouveau dans ses bras.

- Je suis là si tu as besoin, me murmure-t-il.

Je me laisse aller dans ses bras, son côté protecteur me rassure. Il vient de faire tomber la barrière de protection que je m'étais forgée et quelques larmes silencieuses viennent s'échouer sur son pull noir. Gênée je cherche à me reculer mais il me retient contre lui, alors je cesse de lutter et lui offre mes larmes.

J'ignore qui il est devenu pour moi, mais il n'est certainement plus mon patron froid et distant. Il a su faire un pas vers moi, à mon tour d'en faire un vers lui, mais j'ignore si le faire entrer dans ma vie est une bonne idée ou pas.

- Pourquoi votre frère était-il à la boutique ce matin ? Il était là pour vous aider ?

- Non, il venait pour récupérer sa commande.

- Sa commande ? On prend des commandes désormais ?

- Non, mais il prend des produits en grande quantité une fois tous les quinze jours alors il a une réduction sur le total. M'apprend-il.

- Mais je ne l'ai jamais vu auparavant.

- C'est parce qu'il passait au soir après la fermeture.

- Oh... d'accord... J'ai fini de faire un coup de propre dans le magasin, je venais juste pour vérifier que Garfield était toujours là. Je vais vous laisser, j'ai du travail en bas.

- Non, reste encore un peu dans mes bras. S'il te plaît.

Je discerne une pointe d'inquiétude dans sa voix, peut-être la peur que je disparaisse à mon tour. Alors pour le rassurer je le prends doucement dans mes bras également, mes mains sur son dos. Je ferme les yeux et oublie tout ce qui nous entoure il n'y a que lui et moi alors que le temps s'est arrêté.

- Le médecin m'a dit que je devais me reposer, mais je n'y arrive pas. Pas tout seul. J'ai besoin de quelqu'un. Mon frère est la pour moi mais je vois bien que je suis un poids pour lui. Mais je le suis également pour toi.

- Non !

Je pense avoir crié un peu trop fort car il semble surpris.

- Non, vous n'êtes pas un poids pour moi, vous avez eu un accident et il est normal que quelqu'un soit là pour vous soutenir, vous aider. S'il le faut je travaillerai plus longtemps à la boutique pour vous permettre de vous reposer, ça ne me dérange pas.

- Tu es gentille, je ne mérite pas une personne comme toi à mes côtés.

- Ne dites pas de bêtise. Reposez-vous, Je m'occupe de la boutique.

- Merci.

Il embrasse tendrement mon front avant de desserrer son étreinte. Je lui caresse doucement la joue avant de redescendre dans la boutique. La journée se déroule plutôt rapidement. Certains clients sont contents de voir que je suis de nouveau de retour, ignorant certainement ce qu'il est arrivé à Chiara. C'est sûrement mieux ainsi.

Au Regoubillonnement des ChambrièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant