Prologue

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PARTIE 1 : L'Indifférence


Quelques années auparavant.

Ce jour-là il faisait beau. Très beau même. Le soleil illuminait le ciel bleu à s'en brûler la rétine. La plage était bondée. Des corps blancs, rouges et marron cramaient sur le sable et les glaces fondaient immédiatement. Les parasols multicolores amenaient du peps sur la plage jaune. Les enfants criaient de joies et les parents soufflaient suite à leur année de dur labeur. C'était l'été des rencontres, des amours de vacances et des amitiés éphémères. Tout le monde était content, heureux.

En y regardant de plus près, on pouvait facilement voir les corps transpirer, coller les uns aux autres. L'odeur de la crème solaire était dérangeante. Elle piquait le nez des voisins de plage. Cette odeur caractéristique qui nous disait que nous sommes bien en vacances. Le monoï a aussi ce pouvoir sur les gens. Mais comme ce sont les vacances, nous acceptons plus facilement ce qui d'habitude nous fait nous mettre hors de nous. Nous étions détendus. Rien ne nous atteignait.

Les animaux étaient interdits sur cette plage à cause des déjections. Chats, chiens, furets, lapin, cochons d'Inde. Eux n'ont pas le droit aux vacances. Ils sont laissés dans le mobil-home si le camping les accepte. Ou alors ils sont laissés dans les voitures avec une fenêtre ouverte, ou pire, ils attendent désespérément le retour de leur maître sur l'aire d'autoroute à cents kilomètre du lieu de villégiature des humains. Les SPA sont surpeuplées. Les animaux vivent en cage avec leur congénère. Entre eux, ils forment une meute et planifient la domination de l'animal sur l'humain où ce dernier serait attaché à un arbre en pleine chaleur sans ombre, sans eau pendant des heures et des heures. Cela n'arrivera jamais car les animaux ne sont pas encore assez développés pour pouvoir dominer la planète. Cependant, il existe une forme d'humain qui ne sont pas des entièrement des humains qui vivent cachés parmi nous autres, simples mortels. Et eux veulent la domination de leur espèce sur l'homme. Nous ne les soupçonnons pas car physiquement, ils nous ressemblent. Ils sont des hommes et des femmes lambda de tout âge, de toute ethnie et de toute religion. Et eux, sont comme les animaux pendant les vacances, ils sont abandonnés, obligés de vivre dans l'ombre puisque les humains ont peur de ce qui ne leur ressemble pas. C'est pourquoi il existe les tueries de masse, les attentats, la propagande et la dictature.

Bref, sur cette plage surpeuplée qui ressemblait à une plage asiatique, une famille rechargeait ses batteries vidées par le travail fourni tout au long des trente-sept dernières semaines. Comme une jauge de téléphone, le soleil, qui est la recharge, augmente le pourcentage de la batterie de chaque membre de cette famille. Ils sont trois. Il y a le papa, la maman et leur petite fille à peine âgée de six ans. Ne vous y trompez pas, ce n'est pas parce que les parents sont blonds que leur fille n'est pas leur fille biologique. La petite est brune, comme son grand-père paternel. Parfois la génétique saute une génération. Cette enfant n'a jamais manqué de rien. Cependant, elle se sent seule parfois. Le soir, dans le noir, ses rêves sont très animés où on peut la voir s'amuser à une petite sœur ou un petit frère. Pour combler ce manque, elle a un ami imaginaire avec qui elle est en train de faire des châteaux de sable en ce moment même. Selon le pédiatre, c'est quelque chose de bien car cela développe son imagination et la pousse à devenir indépendante, à vouloir se dérouiller seule pour faire sa lecture du soir ou à se doucher. Ce qu'elle ne sait pas c'est que ses parents sont en pourparler pour avoir un deuxième enfant qui, plus tard, sera sa plus grande faiblesse du fait de l'écart d'âge important entre elle et le futur enfant à naître.

Donc cette petite fille est sous un parasol jaune poussin, assise à même le sable qui lui colle sur sa peau blanche à cause de la crème solaire, malgré le fait qu'elle porte un tee-shirt à l'effigie d'une princesse Disney et un short. Ses parents, eux, sont sous un parasol bleu assis sur leur serviette de plage à parler tout en surveillant leur progéniture. A l'aide de son seau, elle entasse les grains de sable avec sa petite pelle. Une fois le seau plein, elle tapote et avec ses petits bras, elle renverse le sceau et le contenu glisse contre les parois prenant la forme du seau. Par manque d'eau, le château de sable s'écroula immédiatement. Par persévérance, elle continua encore et encore jusqu'au milieu de l'après-midi. Autour d'elle, des petits pâtés de sable formaient un cercle parfait.

Un jeune garçon qui revenait de s'être baigné avec ses parents la regardait faire. Alors il prit son sceau à lui pour aller chercher de l'eau et l'aider à ce qu'au moins un de ses château de sable tiennent debout. L'enfant accepta son aide avec un petit sourire timide en regardant l'approbation de ses parents. Quand le premier a tenu, le duo décida silencieusement qu'elle remplirait le sceau de sable et que lui allait chercher l'eau directement dans la mer. Le château comptait déjà plusieurs tours et les douves. Des petits coquillages trouvés sur le sable brulant faisaient office de meurtrières.

Au moment de partir, les parents repliaient les parasols, rangeaient les serviettes de plage. Les enfants se quittaient en se faisant un léger signe de la main en espérant se revoir le lendemain pour continuer à fortifier leur château qui aura subit la marée haute. La petite fille tenait l'anse de son sceau où reposait sa pelle et son râteau. Et de son autre main, elle tenait son papa pour ne pas se perdre avec cette foule. Le petit garçon la héla pour la faire retourner. Il s'approcha d'elle et lui embrassa la joue pour lui dire au-revoir. En même temps, il lui prit le poignet pour qu'elle se laisse faire et qu'elle soit moins loin de lui. Une décharge électrique lui piqua le poignet prisonnier où les doigts du garçon encerclaient sa peau diaphane. Elle retira prestement son poignet de la poigne de son compagnon de bac à sable à cause de la douleur. Elle ne pleura pas. Mais elle ne regarda pas non plus son poignet. Elle lui fit à nouveau un signe de la main avant d'attraper celle de son papa.

Ses yeux lui piquaient. Elle ne voulait pas pleurer car elle n'était plus un bébé. Elle allait rentrer en CP et en CP on ne pleure pas avait dit sa maitresse en maternelle. Mais quand elle arriva à la voiture de ses parents, elle reniflait.

-Qu'est ce qui se passe ma puce, s'inquiétait son papa.

-J'ai mal à la main.

Son papa lui inspecta les mains avec délicatesse de peur que sa fille se soit enfoncé un bout de verre dans la main. En tournant la main gauche de sa petite fille, les deux protagonistes furent étonnés de l'encre noir à l'intérieur du poignet de l'enfant. On aurait dit un croissant de lune avec des dessins à l'intérieur. La peau était boursouflée.

-Chérie ! Viens voir, s'il te plait.

La femme qui rangeait les affaires dans le coffre lâcha les affaires précipitamment pour rejoindre son mari et leur fille. Quand elle vit le poignet de sa fille elle paniqua intérieurement et tenta de rassurer son enfant en larmes.

-C'est rien ma puce. Ça va partir sous la douche, tu vas voir. C'est une petite algue qui s'est collé à ta peau, d'accord. Demain après ton dodo il n'y aura plus rien, juste une toute petite cicatrice, rien de méchant.

Elle embrassa le poignet de sa fille et sa joue pour la consoler et sécher ses larmes. Elle aida même sa petite fille à entrer dans la voiture et à s'attacher. Une fois la porte arrière fermée, elle s'adressa à son époux d'une voix grave.

-Ils ne doivent savoir.


Witch's soulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant