Chapitre 11

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Une vibration me fait sursauter. Puis deux. Puis trois. Le temps que j'émerge, les vibrations se sont stoppées. Le monde des rêves me tend à nouveau les bras quand mon téléphone reçoit de nouveau un appel entrant. A tâtons, je le cherche sur ma petite table de chevet. Ne le trouvant pas, j'ouvre les yeux pour essayer de m'orienter grâce à la lumière de l'écran. Ma chambre est noire du fait des volets qui sont fermés. Mon téléphone se stoppe quelque secondes pour me laisser du répit. Pour finalement sonner encore. Cette fois, j'allume la petite lumière qui me brule la rétine. Je cligne des yeux pour m'habituer à cette nouvelle luminosité et fouille dans mes draps, à la recherche de mon téléphone. Ce dernier est en fait par terre, l'écran contre le sol. Il a du tomber cette nuit. Je l'attrape et l'oriente correctement vers moi. La forte lumière m'aveugle momentanément. Je fais glisser mon doigt pour décrocher.

-Allô ?

-Tu es où ? Me fait une voix masculine durement.

-Chez moi, pourquoi ?

-Adrian s'inquiète car tu n'es pas en cours.

-Oh c'est bon Dimitrov !

-Non, ce n'est pas bon, tu ne sèches jamais. Alors j'ai intérêt à te voir en option politique à dix heures. Ce qui te laisse une heure pour te préparer, manger, et venir.

-Je serais là.

-Et aussi, ne m'appelle plus Dimitrov !

-Oui, Dimitrov.

Il me raccroche au nez, énervé je pense. Alors que moi, je plane encore de ma soirée d'hier. Je ne suis pas rentrée hyper tard mais une fatigue immense a envahi mon corps. Comme si j'avais vidé toute mon énergie. Difficilement, je m'extirpe de mon lit encore chaud pour me confronter au froid de mon appartement. J'ouvre mes volets et fait entrer un brin d'air extérieur pour aérer la pièce. Je me prépare un petit-déjeuner rapide avant d'aller me doucher. Ne voyant Azul nulle part dans l'appartement, je fais sonner la clochette du bracelet que m'a confectionné Clara pour l'appeler. En attendant son retour, j'enlève tous mes parements autour de mon poignet pour aller me doucher. Je file rapidement sous l'eau bien chaude pour me réveiller un peu plus. En sortant, je regarde l'heure et panique quand je vois qu'il me reste moins de vingt minutes avant mon prochain cours. Je m'habille en quatrième vitesse, prend mon ordinateur que je glisse dans mon sac, mon téléphone et mes clés. J'ouvre la porte pour sortir et vois mon familier assis, face à moi en train de se passer une patte sur l'oreille. Mon chat rentre dans un joyeux tintement de grelot alors que je ferme la porte à clefs derrière lui. Quand je suis en bas de chez moi, il ne me reste dix minutes. Je commence alors à trottiner dans la rue principale qui mène à la faculté. Le manteau ouvert, mon écharpe à peine nouée autour de mon cou, les températures négatives me font claquer des dents. Je n'ai pas eu le temps de prendre mes gants alors la morsure du froid blessent mes doigts. Le vent fouette mes cheveux et fait pleurer mes yeux. Alors que je bouscule légèrement un passant sur le trottoir, une douleur sourde engourdie ma main me faisant stopper momentanément dans cette course ridicule. La vive douleur se transforme en un petit fourmillement qui remonte le long de mon bras jusqu'à ma colonne vertébrale. Je secoue mon membre supérieur pour faire passer cette désagréable sensation. La douleur est passée comme elle est venue. Soudainement. Légèrement étourdie par la petite séance cardio improvisée et par ce que mon corps vient de subir, je décide donc de marcher à allure normale et tant pis si j'arrive en retard. Il est à peine dix heures et je transpire déjà sous mon manteau alors que les températures négatives font qu'un petit nuage de nuée s'échappe de ma bouche à chacune de mes expirations. Lors des cours de sport au collège et au lycée, j'étais la dernière de la classe. Pourtant j'essayais de faire des efforts pour que ma note finale soit acceptable. Lors des sports collectifs, personne ne me choisissait dans son équipe car j'allais les faire perdre. J'ai vécu sept ans de calvaire, deux fois par semaine. Alors quand je suis entrée à l'université l'année dernière et que j'ai banni le mot sport de mon vocabulaire, ma mère m'a fait promettre de surveiller mon alimentation à défaut de faire du sport.

Witch's soulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant