Un petit tambourinement se fait entendre tout de suite après le coup de sonnette. Cependant, mon état d'esprit actuel est à des kilomètres d'ici que je ne réagis pas immédiatement. Mon visiteur semble s'impatienter puisqu'il appui à nouveau à nouveau sur la sonnette en plus de taper plus fort contre la porte en bois, ce qui casse le silence ambiant des minutes précédentes.
Je me lève donc du sol qui a meurtri mon fessier pour aller ouvrir. La porte est à peine ouverte que l'étranger entre chez moi dans un vacarme agressant mes oreilles. Clara est dans ma pièce principale, téléphone à la main, complètement décoiffée. D'habitude, elle est toujours très bien coiffée, aucun frisottis du à l'humidité hivernale, aucun cheveux qui dépasse de sa queue de cheval.
-Alors ? Qu'est-ce qui se passe d'aussi important pour me faire venir jusqu'ici ?
Elle me détaille de la tête au pied en grimaçant.
-C'est quoi ce truc à la main ?
Toujours déconnectée, je regarde ma main où un « A » noir est écrit et dont l'encre commence à s'effacer. D'une voix éteinte je lui explique ma soirée d'hier à la fraternité dans les moindres détails. A la fin de mon récit, elle s'est assise sur mon petit canapé, les sourcils froncés. Elle réfléchit. Son regard est vide, fixé sur un objet invisible devant elle.
-Les Malhunter sont une très vielle famille de chasseur, spécialisée dans la chasse aux loups. Mais il y a une dizaine d'année, je crois, leur famille a été décimée. Ils ont été pris au piège. Une vraie boucherie, apparemment. Seulement deux personnes ont survécu. Personnellement, je pense que ces deux personnes étaient à la fois trop jeune ou trop vieille pour chasser. Alors la grand-mère et sa petite fille se sont exilées. Et donc, si cette Coleen est la petite-fille cela veut dire que les deux derniers membres de la famille Malhunter sont de retour. Et que si elle t'a vu exercer de la sorcellerie, cela veut dire qu'elle est ouverte à n'importe quel type de chasse. Il va falloir faire très attention.
Sur ces belles paroles, Clara m'aida à renforcer les barrières de protection de mon appartement car le coven universitaire ne prendra pas en charge ma protection. Tout en levant un bouclier de défense, je lui parle de la bague en pierre de lune et elle trouve que c'est une bonne idée comme moyen de prévention du danger. A bout de force, on s'assit sur le canapé, la tête posée sur le dossier. Une goutte de sueur perle de mon front. La mise en place de cette barrière de protection est moins difficile en cas de présence de plusieurs sorciers alors à nous deux nous avons puisé dans notre réserve d'énergie. Les minutes passaient et nous étions toujours avachis sur le canapé à ne pas bouger. Après quelques temps, je décide de me lever et d'aller chercher des verres, de l'eau et de quoi grignoter. La carafe d'eau ne fit pas long feu, tout comme le paquet de bonbons gélifiés. C'est comme ça, qu'au final, Clara passa le reste de sa soirée chez moi à regarder Netflix et à manger des cochonneries tout en critiquant le jeu d'acteur de la série américaine qui nous divertissait.
Le lundi matin, j'ai repris la direction de l'université pour profiter de la bibliothèque universitaire encore vide. Les étudiants préfèrent travailler jusqu'à tard le soir alors que je préfère me lever aux aurores pour m'acquitter de mes obligations d'étudiante en Histoire. Assise seule sur la chaire universitaire, la lumière de chevet tamisé éclairait les feuilles blanches noircies par mon écriture. Mes écouteurs branchés à mon ordinateur diffusaient Les Quatre Saisons de Vivaldi dans mes oreilles. Quand les premiers instruments font résonner les notes de l'Hiver, un étudiant s'installa en face de moi. Il pose sa sacoche à main devant et en sort un ordinateur dernier cri d'une marque très connue. Les notes s'intensifient et au point culminant du morceau, nos regards se croisent. Vivaldi m'hypnotise et je me perds dans son regard sombre. L'histoire de la création des administrations de mon pays m'importe peu en cet instant. Je suis charmée par Vivaldi et par cet étudiant en face de moi. Il passe une main dans ses cheveux et quitte mon regard pour fixer l'écran lumineux en face de lui. Le contact est rompu alors que les dernières notes de la symphonie s'éteignent. A bout de souffle je me lève, attrape ma veste et sors dehors prendre l'air pour me remettre l'esprit en ordre. Un nuage de condensation s'échappe de ma bouche à chacune de mes expirations. Quand mon nez commence à voir froid, je comprends que j'ai passé assez de temps dehors. Alors je me prends la direction de ma place où j'ai laissé mes affaires, je peux sentir son regard sur moi. D'un coup d'œil à ma bague, la pierre de lune est blanche. Il ne me veut aucun mal ce qui est rassurant. Cette fois, je me concentre sur mes feuilles, et me plonge dans mes cours corps et âme au rythme cette fois de la Septième Symphonie de Beethoven.
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Witch's soul
ParanormalPour certaines personnes il ne suffit pas de tourner la page et recommencer à zéro, il faut parfois savoir déchirer la page ou brûler le livre complet pour mériter un nouveau départ. Aglaé a complètement brûlé sa bibliothèque pour réécrire son histo...