Une odeur de friture se fait sentir dans cette grande pièce où se mélangent les étudiants pour un laps de temps très court. Ce lieu de rencontre, de rire et de joie est à l'opposé de mon humeur actuelle. Je joue avec la nourriture devant moi, sans en manger un seul bout. J'ai l'estomac noué. Face à moi, Clara mange avec appétit. A la pause de mon cours précédent, je l'ai supplié de manger avec moi à la cafétéria universitaire. D'habitude, elle mange en coup de vent entre deux créneaux de révision et moi, je rentre la plus part de temps à l'appartement pour manger. Mais cette fois, je lui ai demandé à ce que l'on se pose toutes les deux pour manger ensemble et pour faire le point sur nos vie respective. Subtilement, je lui ai fait comprendre que j'avais besoin de lui parler de toute urgence à l'écart des oreilles indiscrètes. Elle m'a répondu à l'affirmatif quelques minutes avant que je reprenne mon cours. D'ailleurs pour l'heure et demie restante, Alban ne m'a pas adressé la parole une seule fois. Il a été étonnamment silencieux. Et même lorsque je lui ai souhaité un bon après-midi, il a marmonné des mots incompréhensibles.
On a parlé de quelques banalités, mais je sais qu'elle attend que je lui parle. Elle ne veut pas me brusquer mais je la vois s'impatienter à chaque coup d'œil qu'elle me lance entre deux bouchées de pizza. Alors qu'elle me regarde une énième fois attendant que j'ouvre enfin la bouche pour aligner une phrase, j'attache mes cheveux en en chignon lâche et relève la manche de mon chemiser pour y faire apparaitre le tatouage à l'endroit de ma cicatrice. Elle arrête de suite de mâcher et avale sa bouchée. Tout comme Alban précédemment, elle attrape ma main et l'approche de son visage pour mieux voir.
- Ça fait mal, me demande-t-elle tout en caressant délicatement le croissant de lune.
- Non, enfin je ne me sentais pas bien ce matin et je ne sais pas si c'est à cause de ça ou pas.
- En tout cas, il est cool ton tatouage ! Tu aurais du me le dire je t'aurais accompagné ! Et moi qui croyais que tu avais une mauvaise nouvelle à m'annoncer !
Elle en rigole et continue de manger tout en me parlant du fait qu'elle aimerait elle aussi se faire tatouer. Je rabaisse alors ma manche pour cacher du mieux possible cette marque indélébile sur la fine peau de mon poignet.
-Ce n'est pas un tatouage, Clara.
-C'est quoi alors ? Parce que ça m'a tout l'air d'être un tatouage.
-C'est une marque, un lien entre moi et un loup-garou.
Elle a l'air totalement perdu. Cependant, elle repousse son reste de pizza et me regarde avec de grands yeux. Elle essaie de me sonder pour connaitre la gravité de mes futurs propos. Voyant que je peine à aligner deux mots pour lui expliquer ce qui se passe. Elle regarde tout autour de nous et prend un air sérieux quand son regard accroche le mien.
-Tu as toute mon attention.
Je baisse les yeux sur mon repas à peine entamée pour organiser mes pensées. Je trie les ingrédients qui composent ma salade. Les poivrons sont regroupés à gauche et les courgettes froides à droite. En dessous, la mâche colle aux parois de mon bol. Quand je relève les yeux, Clara me regarde toujours. Elle attend sagement mes explications.
J'entame alors le début de mon récit sans vraiment la regarder, par peur de son jugement. Je commence par lui dire que depuis que je suis toute petite, j'ai une cicatrice à la place du tracé noir. Puis, j'enchaine en lui parlant de mon bannissement et des livres que j'ai récupérés à la sororité. Je lui raconte alors tout ce que j'ai découvert dans le livre sur les loups-garous. Je lui confie toutes mes recherches et les questions que j'ai commencé à avoir en faisant la comparaison de ma cicatrice et de mes découvertes. Je lui avoue finalement que mes parents ont confirmé mes doutes et aussi que le Grand Prêtre de mon Coven est au courant. Alors que je débite un flot de paroles, mon amie a recommencé à manger tout en hochant la tête de temps à autre pour me confirmer qu'elle suivait toujours. Quand vient le moment où je lui raconte ma journée d'aujourd'hui et que c'est Alban qui a découvert la marque avant moi, elle s'étouffe.

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Witch's soul
ParanormalPour certaines personnes il ne suffit pas de tourner la page et recommencer à zéro, il faut parfois savoir déchirer la page ou brûler le livre complet pour mériter un nouveau départ. Aglaé a complètement brûlé sa bibliothèque pour réécrire son histo...