Chapitre 2

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Je remontais la rue principale qui menait à on appartement en titubant. La tête baissée, je me soustrayais au maximum au contact des passants en les contournant. Je les fuyais comme la peste, évitant qu'ils ne découvrent ce qu'il venait de se passer. D'habitude, en une vingtaine de minute, le chemin était fait. Là, j'avais la fâcheuse impression que la rue n'en finissait pas. Des kilomètres et des kilomètres de goudron, de pavés, de cailloux. Des millions de citadins alors que je vis dans une ville avec un nombre de population correct et non exubérant comme New-York City ou encore Pékin. A quelques minutes de l'arrivée, je sentis un regard appuyé sur moi. Je tentais d'en faire abstraction mais les chuchotements me font relever la tête. Devant moi, deux sorcières, d'âge moyen me dévisageaient de haut en bas. Le mot « bannie » semblait être inscrit au fer rouge sur mon front.

Le rejet par les siens est quelque chose qui fait mal. La solitude s'ancre dans notre corps et fusionne ave chaque cellule de notre corps. Nous transpirons ce sentiment d'abandon. Elle nous colle come un fond de teint en plein été.

Je suis entrée en vitesse dans mon immeuble. Je monte les marches de l'escalier deux par deux. Je rate la dernière marche dans ma précipitation et tombe. Mes genoux cognent douloureusement contre l'arrête du béton carrelé. Je me relève précipitamment, regarde derrière moi pour vérifier si personne n'a vu ma chute. Je cherche mes clefs dans mon sac, le souffle court, la vision brouillée à cause de la douleur, je fais tomber mon trousseau à plusieurs reprises avant de trouver la bonne clef. J'ouvre la porte, la claque derrière moi et glisse en larme contre le montant en bois. J'entends une vibration. On cherche à m'appeler. En regardant l'écran de mon téléphone, je vois le nom « papa » s'afficher avant de disparaitre. J'ai plusieurs appels manqués de sa part et de celle de ma mère qui doit être au courant maintenant. Je dois tellement les décevoir.

Une boule de poil au pelage bleuté se frotte à mes collants. Profitant de la présence de mon familier dans mon appartement, je passe le collier confectionné par Clara autour de son cou. Il miaule et secoua sa tête en faisant tinter joyeusement le petit grelot. Il s'enfuit loin de moi en trottinant. Toujours assise, je pouvais constater que la fenêtre de la cuisine était légèrement ouverte. Je me levais donc, pour la fermer à cause et chauffage et de la consommation électrique. Les bougies posées sur le rebord de la fenêtre étaient tombées ans l'évier. Elles étaient complètement vide de leur cire alors que je les avais changé hier matin. Le constat était le suivant : quelqu'un s'est introduit chez moi. Fébrile je fais le tour de mes quarante mètres carré. Il n'y a personne, alors soit les bougies ont réussi à repousser l'intrus, soit il n'a touché à rien. Par précaution, j'ouvre le placard de gauche de mon armoire et sors de nouvelles bougies pour remplacer les vides. Je les allume toutes, tout en récitant le sortilège tenant hors de portée les bêtes bizarres, les humains curieux et les sorcières vicieuses. Cette petite ambiance me rassura un peu. Azul est assis à côté de mon sac de cours avec une plume noire dans la gueule. Je lui prends et la fais flotter devant mes yeux. Le Grand Prêtre de mon coven est le seul à ma connaissance à se transformer en corbeau. Qu'est ce qu'il cherchait chez moi ? Rageusement, je ramassai mon sac et sorti la lettre rouge qui m'a été adressée.

J'avais les yeux qui me piquaient, et j'avais envie d'appeler ma maman pour qu'elle me rassure mais la connaissant elle allait plus me faire paniquer qu'autre chose. Je ne pouvais pas non plus communiquer avec les autres membres du coven. La seule chose qui pouvait m'aider était la réserve de manuscrits et grimoires du coven de Clara. En me renseignant bien, je pouvais survivre. Ce qui n'est pas négligeable en soit. Car maintenant, combien de temps me restait-il à vivre ? Un mois ? Trois mois ? Un an ? Il fallait que je mette toutes les chances de mon côté pour profiter de ma courte vie. J'attrape mon téléphone et envoie un message à Alban.

« Ok pour la soirée. Tu peux compter sur moi. »

La réponse fut immédiate. A croire qu'il n'écoute pas en cours.

Witch's soulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant