PARTIE 2 : L'Eveil
Cette fois-ci la plage accueillait beaucoup moins de monde pour ne pas dire qu'elle était déserte. Il faut dire qu'il faisait froid, très froid, même. Le vent était mauvais, de quoi avoir une bronchite et de la fièvre le lendemain. Si vous vouliez sortir dehors ce jour-là, il fallait au mieux porter un manteau épais, une grosse écharpe et un bonnet. Les badauds ne se risquaient pas à affronter ce temps automnal. Cependant, l'hiver remplacera bien vite l'automne dans les prochains jours.
Il y avait de la houle ce jour-là, beaucoup de houle. Parfois on pouvait même sentir qu'il pleuvait de l'eau salée alors que c'est juste la mer qui est tempétueuse. Bref, le temps n'était pas au beau fixe, ni aujourd'hui, et encore moins demain. Finalement, on peut dire qu'il faisait beau ce fameux jour. Si vous regardiez à l'horizon vous ne pourriez pas faire la différence entre les nuages orageux approchant dangereusement des côtes et la mer. Du gris à perte de vue. C'est une des seules fois où nous dirons que le ciel et la terre ne font qu'un, une rencontre au sommet. Un jour à marqué à la pierre blanche.
Ce jour particulier n'était pas seulement la rencontre du ciel et de la terre mais aussi la rencontre pour la première fois de deux familles que tout oppose. Deux familles complètement différentes par leur mode de vie et leurs mœurs. Pourtant ces familles sont étroitement liées depuis plusieurs années maintenant sans vraiment le savoir. Et dire que tout remonte à ce jour d'été, ce jour de vacances où se sont rencontré pour la première fois la mer et le sable pour faire tenir les fondations d'un château. La rencontre entre la lune et le pentacle à cinq branches, la lune et la nuit, la lune et les étoiles.
Si vous vous rappelez bien, ils avaient six ans la dernière fois et aujourd'hui ils en ont dix. Les traits féminins et masculins commencent à se voir chez l'un comme chez l'autre. Cette fois vous pouvez remarquer que la petite fille n'est plus toute seule. Un bébé babille dans les bras de son père. Il a les cheveux blonds tout comme ses parents. Il parle son propre langage, inconnu au commun des mortels. Il fixait un scarabée vert sur l'épaule de son papa et s'amusait à le toucher à chaque fois il essayait de s'envoler. Derrière la petite famille se tenait assis un golden retriever qui surveillait de loin la réunion d'un œil inquisiteur avec entre ses pattes un petit chaton au pelage bleu.
De l'autre côté, debout, immobiles, un homme grand, imposant et large d'épaule avec à ses côtés une femme frêle et un petit garçon brun dont les cheveux commençaient à boucler à cause du vent. Il voulu se précipiter vers la petite fille brune mais son père le retint d'une main ferme sur l'épaule. Quatre longues années qu'il ne l'avait pas vu. Il se rappelait tout. De la couleur de son sceau à l'électricité qui a parcouru sa peau quand il l'a agrippé par le poignet. Quatre années de supplices, de plaintes et de pleurs. Ce n'est pas courant mais il souffrait de la distance.
Afin d'être courtois la mère de la petite fille tendit la main vers l'homme face à elle, qui l'accepta non sans une grimace préalable. Imaginez-vous serrer la main de votre ennemi en signe de paix, vous le feriez mais non sans répulsion j'imagine.
Au final les enfants se sont mis à jouer, à crier et à se courir après. Le garçon montrait ses oreilles qui dépassaient de ses boucles à la fille. Il n'avait pas encore subi de transformation complète. Quant aux parents, ils discutaient plus sérieusement, se tenant à une distance respectueuse les uns des autres. Ils parlaient du futur de leur progéniture. C'est d'un commun accord qu'il a été décidé de ne pas alimenter le lien et de les tenir à distance au maximum craignant une rébellion de la part de leurs pairs.
Ne se préoccupant pas des discussions des adultes, les enfants s'amusaient du mieux qu'ils pouvaient en dessinant des formes sur le sable à l'aide de leurs doigts. Le garçon essayait d'avoir le plus de contact physique avec la jeune enfant, faisant ainsi apparaitre ainsi des lignes noirs faites d'entrelacs au creux de son poignet. Ils étaient insouciants, à l'aube de l'adolescence et des problèmes d'adulte.
De leur côté, les adultes parlaient courtoisement même si de l'animosité transparaissait dans la voix de la maman de la jeune fille. Elle allait devoir la protéger de son Coven et de ses semblables. Ils parlaient du futur sans savoir de quoi le futur sera fait. Sans savoir qu'ils allaient se revoir, reformer le lien et que les jours du garçon seraient comptés à partir de ce jour. Ils spéculaient sur une bénédiction faite par les déesses Artémis et Hécate. Les sorciers protègeraient du mieux que possible leur petite fille et qu'elle rencontre un beau parti faisant taire le lien à tout jamais alors que les loups élèveraient leur fils dans l'espoir qu'il la retrouve plus tard.
Ce jour-là, chacun reparti heureux du pacte établi. Ils auraient dû consulter les Parques. Ils auraient alors pu connaitre leur destin funeste et l'avenir incertain du petit garçon à cause de son unique amour. Comme quoi un regard en vacances d'été aura suffi pour faire basculer cette histoire et la vie de beaucoup trop de personne.
Malheureusement, les principaux concernés n'étaient que des enfants et comme tout enfants, ils ne se souciaient guère des problèmes engendrés par leurs actions. Eux, tout ce qui leur importait, c'était de trouver des compagnons de jeux, manger, dormir et avoir un amoureux ou une amoureuse.
Ce lien était pour eux irréversible, dangereux, mortel, mais ça ils ne le savaient pas encore. Laissons-les encore grandir et apprendre de leur erreur. Enfin, s'ils arrivent un jour à apprendre de leur erreur au lieu de les répéter inlassablement encore et encore.
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Witch's soul
ParanormalPour certaines personnes il ne suffit pas de tourner la page et recommencer à zéro, il faut parfois savoir déchirer la page ou brûler le livre complet pour mériter un nouveau départ. Aglaé a complètement brûlé sa bibliothèque pour réécrire son histo...