Lost Paradise

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Sa joie est contagieuse, je me rends compte que je suis bien avec elle. Sa présence me permet de ne pas cogiter aux raisons de mon retour ici et je fais taire mes appréhensions. Carla sort de sa micro pochette brodée de perles blanches une carte dorée sur laquelle s'étale en lettres noires le nom du club où la soirée se déroule : « Lost Paradise ». Je remarque que les deux « s » se terminent par un petit triangle noir rappelant une queue de diablotin s'accordant parfaitement avec les petites cornes surplombant le « o ».

— C'est drôlement gai comme nom, dis-je tandis qu'elle rentre l'adresse sur son portable.

— Je croyais que tu ne croyais pas à tout ça, rétorque-t-elle amusée.

Je fronce les sourcils, il ne me semble pas avoir remis en cause ses croyances.

— J'ai l'habitude tu sais. Je sais maintenant reconnaître ceux qui m'écoutent par politesse.

Je me sens mal à l'aise, je ne veux pas qu'elle se sente blessée par mon attitude.

— Ne t'inquiète pas, je sais aussi reconnaître ceux qui sont vraiment sympas avec moi et qui m'acceptent tel que je suis.

Elle m'adresse un sourire rayonnant qui me rassure.

Bras dessus, bras dessous, nous voici parties en quête du Paradis perdu. Le club n'a de perdu que le nom, car on ne peut pas le louper. Il trône en bout de promenade, son enseigne lumineuse attirant comme des mouches les touristes branchés. Une cinquantaine de personnes patiente calmement devant le cordon rouge qu'un homme ultra baraqué se réserve le droit d'ouvrir ou fermer. Je m'apprête à rejoindre le bout de la file mais Carla m'entraîne en direction du videur. En le voyant de près, j'ai un mouvement de recul. Je comprends maintenant pourquoi personne ne fait du raffut pour tenter d'entrer, cet homme est aussi impressionnant qu'il a l'air dangereux. Il doit mesurer deux mètres et peser cent kilos, mais attention, cent kilos de muscles ! Il se tient les bras croisés, faisant ressortir son imposante musculature manquant de faire craquer les coutures de son costume noir. Sur son visage, l'homme arbore une cicatrice partant du coin extérieur de son œil gauche, descendant sur sa joue, avant de se terminer dans son cou, mais ce n'est pas ça qui tient en respect la foule agglutinée devant le cordon. Non, le pire c'est cette lueur qu'il a dans le regard, celle de l'homme qui aime faire souffrir. Ses yeux semblent lancer à quiconque les croise, le défi de tenter quelque chose pour passer.

— Bonsoir ! l'interpelle en souriant Carla.

Il la regarde, insensible à son charme. Il doit tellement en voir passé des filles prêtes à lui faire les yeux doux pour entrer dans le club qu'il doit être immunisé.

— A la queue ma jolie, lui répond-il.

Elle sort de son sac la carte dorée et la montre au videur. Son attitude change et cette fois-ci il reluque sans aucune gêne Carla.

— Ok tu passes.

Elle franchit le cordon qu'il referme derrière elle, me laissant seule.

— Carla !

Elle se retourne et explique au videur qu'on est ensemble. Il secoue frénétiquement la tête :

— Une carte, une entrée c'est comme ça.

— Laisse tomber, lui dis-je, va t'amuser.

Elle s'approche du videur :

— Bettina n'avait qu'une carte, mais elle s'attend à nous retrouver toutes les deux, je le jure !

Je ne sais pas s'il la croit ou non, toujours est-il qu'il me laisse passer, à mon grand étonnement. Nous pénétrons dans le club où deux hôtesses, des jumelles brunes aux yeux noirs, vêtues de robes rouge vif très courtes et très moulantes nous débarrassent de nos vestes. Accompagnées des jumelles, nous traversons ensuite un couloir dont les murs sont couverts de miroirs jusqu'à arriver devant une double porte à battant en bois permettant l'accès à la boîte si j'en crois la musique qui s'échappe.

— Bienvenu au « Lost Paradise », nous dit la première jumelle en poussant le premier battant.

— N'oubliez pas de céder à la tentation, renchérit sa sœur en poussant le deuxième battant.

Nous franchissons les portes et je suis fascinée par l'ambiance mystérieuse qui se dégage des lieux. Sur les murs s'étale une frise représentant dans un premier lieu le paradis, puis à mesure qu'on la suit des yeux, on peut voir des images des sept péchés capitaux, pour finir par une vision des pires horreurs qu'ont causé les êtres humains : les camps de concentration, la famine, le bombe atomique, les OGM... et la question suivante clôture la frise : « Et si vous étiez déjà en enfer ? » La fresque pourrait donner des sueurs froides mais elle a été peinte avec énormément de doigté et je me sens touchée par cette œuvre sans savoir pourquoi. Perdue dans ma contemplation, je suis bousculée par deux personnes qui viennent de rentrer, surement autorisés par Brutus, le chien de garde du club. Je m'avance avec Carla vers le bar, entièrement en bois laqué, au vu de la couleur je dirais de l'ébène, pour commander quelque chose à boire. Nous n'avons pas à attendre longtemps, car cinq barmaid plus sexy les unes que les autres s'affairent à servir les clients. Au vu de leurs tenues, je comprends que la mini robe rouge doit être la tenue de rigueur pour travailler ici. J'avise la carte des cocktails et opte pour un Luxuria à base de sirop de cerise, tandis que Carla préfère la Gourmandine au goût de pêche. Moins de deux minutes plus tard, nous sommes servies et dégustons nos cocktails sur l'une des banquettes mises à disposition à l'autre bout de la salle. Cet endroit est vraiment bien pensé, l'espace de danse est délimité par des cordons qui permettent à ceux voulant rejoindre les tables d'éviter à devoir traverser au milieu des danseurs, leur verre à la main. J'admire la table carrée, en ébène également, dont les coins ont été protégés par un cerclage dorée. En y regardant bien tout est dans les tons de noir et doré, à l'image de la carte remise à Carla. Je trempe mes lèvres dans mon cocktail, c'est une tuerie, le mélange cerise, porto et framboise, ravit mes papilles. Derrière la piste de danse, je remarque un grand escalier que quelques privilégiés ont le droit de monter, sans doute est-ce là que va se dérouler la soirée privée. Mon regard se perd parmi les danseurs, il me semble reconnaître trois personnes faisant parties de notre groupe, deux hommes, assez séduisant et un autre plutôt gauche et enrobé. Ont-ils été invités par Bettina ?

Petit mot de moi: Alors qu'en dites vous? Ce club mystérieux vous inspire? Je tiens à remercier la talentueuse @ClairedeLune81 pour avoir réalisé le logo du Lost Paradise, quelque chose de sobre mais de classe. Bisouxxxx

La Potion OubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant