Deuxième rencontre

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D'un geste de la main il commande deux cafés avant de reporter son attention sur moi.

— Alors mademoiselle Stanfield, qu'est-ce qui vous amène dans notre belle ville de Fallen Coast ?

Je ne sais pas quelle conduite tenir. Après tout, Wallace a un plan et je ne voudrais pas tout faire foirer. Je décide de rester naturelle et de ne surtout pas le traiter de meurtrier.

— Je suis venue ici pour les vacances.

— Et vous comptez rester longtemps ?

Sa question me pique au vif et malgré mes bonnes intentions je ne peux m'empêcher de rétorquer :

— En quoi ça vous regarde ?

Il éclate de rire, un rire chaud qui m'enveloppe tout entière. Je voudrais entendre ce son pour le restant de mes jours. L'image de Carla s'impose dans mon esprit me permettant de revenir sur la terre ferme. Une serveuse dépose devant nous nos boissons fumantes et se penche plus que nécessaire afin de montrer ses attributs à celui qui m'accompagne. Ce dernier ne se prive pas pour se rincer l'œil ce qui m'agace légèrement.

— Si vous voulez vous pouvez lui demander son numéro, dis-je entre mes dents.

— Inutile, elle l'a noté sur la serviette.

Il me tend le carré de papier que je déplie et effectivement devant moi, s'étale le numéro de la serveuse. Il récupère la serviette et la plie délicatement avant de la placer sous sa tasse.

— Et vous Monsieur Ellis, que faites-vous là ?

— Je viens vérifier une théorie. Et je vous ai déjà demandé de m'appeler Adrian, Lucie.

La manière dont il prononce mon nom me fait frissonner, et pas de peur. J'essaie de garder une contenance mais son regard s'attarde sur mes lèvres et une lueur de désir s'allume dans ses yeux. Ce mec est dangereux, je le sais, je le sens et pourtant s'il lui venait l'idée de m'allonger sur cette table en métal, je ne suis pas sûre de pouvoir lui dire non.

— Qu... Quelle théorie ? balbutié-je.

La sonnerie de son portable retentit, Highway to Hell d'ACDC, l'obligeant à détourner la tête. Il fronce les sourcils en reconnaissant le numéro. Il me fait signe de l'attendre et s'éloigne pour prendre l'appel. En attendant son retour, je joue avec ma cuillère jusqu'à ce que mes yeux se posent sur la serviette contenant le numéro de téléphone de la serveuse. Des millions d'idées me traversent la tête et même si mon attitude est puérile, je compte bien m'amuser un peu. Je surveille du coin de l'œil Adrian qui est toujours en pleine conversation et laisse mes doigts avancer jusqu'à sa tasse. Je soulève la sous-tasse quand tout à coup, une douleur me transperce le cerveau. Je vois des flammes tout autour de moi, j'ai l'impression d'être moi-même en train de brûler. Je lâche précipitamment la sous-tasse, renversant la tasse qui s'y trouve. Le café se déverse sur la table, absorbé par la serviette en papier. Les autres personnes attablées me regardent bizarrement et je ne le supporte pas. J'attrape mon sac à main, jette une poignée de pièces sur la table et m'enfuis comme une voleuse. Dans la précipitation, j'oublie mes chaussures mais tant pis, je ne ferai pas demi-tour. Je cours jusqu'à l'office notariale, sonne de manière répétée jusqu'à ce qu'une voix grésille dans l'interphone. Je me présente et la porte s'ouvre. Je la referme derrière moi et c'est seulement une fois que je suis dans la salle d'attente que je m'autorise à reprendre mon souffle. Je cherche dans mon sac mes pilules et en avale trois. Depuis quand les hallucinations arrivent-elles sans crises de migraine ? Je me mets à trembler, je déteste perdre le contrôle et passer pour une folle. Si ça continue je vais finir enfermée à l'asile psychiatrique.

— Mademoiselle Stanfield ?

Un vieux monsieur avec une moustache blanche bien entretenue me fixe étrangement. C'est sûr que des filles qui viennent dans son cabinet sans chaussures, il ne doit pas en voir souvent. J'acquiesce avant de me lever et de le suivre dans son bureau. Il se présente comme Edmond Huggins, notaire et fondateur de cet office, avant de m'abandonner quelques instants.

Il s'éclipse, me laissant seule face à ce que je pourrais qualifier d'immense capharnaüm. Partout où je regarde je vois des piles et des piles de dossiers, à croire qu'il ne connait pas l'informatique celui-là. Certains semblent dater de très longtemps, si je me fie à la couleur du papier qui tire vers le jaune et à la poussière accumulée. En y regardant bien, tout ici paraît figé dans le passé. Une horloge miniature est arrêtée sur une heure et quart alors qu'il est pratiquement dix heures, une vieille machine à écrire est posée sur le bureau en bois qui semble dater du siècle dernier et des vieux exemplaires du Fallen Coast Time, le journal local, s'entassent dans un coin de la pièce. Paradoxalement, moi qui n'aime pas les endroits confinés, je me sens bien dans ce joyeux foutoir.

— Voilà, je suis à vous.

Le vieil homme moustachu s'installe derrière son bureau et prend place sur l'imposant fauteuil en bois.

— Bien, commençons.

Petit mot de moi: Un chapitre un peu court je l'avoue mais si vous êtes sages j'en posterai un second dans la semaine. Perso je croquerai bien M ELLIS que je vous mets en média pour le plaisir des yeux! Bisouxxxx

La Potion OubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant