— Patron, on a un problème !
Je m'écarte vivement d'Adrian en essayant de ne pas croiser son regard de braise et me tourne vers l'une des triplées qui vient de faire son entrée.
— Les Sor... elle s'interrompt en avisant ma présence, des dames d'un certain âge exigent de vous voir.
Je sens la main d'Adrian se poser dans le bas de mon dos et me pousser légèrement vers la sortie :
— On ferait mieux de te rendre à la lumière avant qu'il n'y ait du grabuge, dit-il en m'accompagnant.
On descend les escaliers de la discothèque avant d'arriver devant l'entrée principale. Les deux autres triplées ouvrent les portes et nous nous retrouvons dans la rue face à Paulina, Maggie et ma Grand-mère passablement énervée.
— Ôte tes pattes de ma petite fille sale démon.
— Tu n'as pas le droit de t'en prendre à l'une d'entre nous, ce sont les règles.
Je ne comprends rien à leurs histoires, mais lorsqu'Adrian enlève sa main, je ressens un vide immense. Des bruits de talons derrière moi m'informe que les employées copie conforme du Lost Paradise ont rejoint leur patron. L'air se charge en électricité, les deux camps se toisent et se livrent un combat silencieux. Entre les deux, je suis prise entre deux énergies complètement différentes. Du côté d'Adrian, une vague de froid m'envahit et pourtant cette force me rassure, m'enveloppe et m'attire. Du côté du club du troisième âge, une douce chaleur pénètre mon âme et quelque chose en moi cherche à lui répondre. La douleur explose dans mon crâne, je hurle en me tenant la tête, ce qui a le don de surprendre toutes les parties en présence. Les bras d'Adrian m'entourent, je me réfugie contre son torse, mon sang est en feu et seule sa fraicheur parvient à me faire du bien.
— Qu'est-ce que tu lui fais sale monstre ! hurle ma grand-mère en se précipitant vers nous.
Elle m'arrache à ses bras, c'est de nouveau le trou noir. Je suis déposée dans une voiture, ma grand-mère s'installe à mes côtés et me caresse les cheveux :
— ça va aller ma Lucie. Écoute-moi, tu dois rentrer chez toi.
— Arrête Miranda. Ce n'est pas à toi d'en décider. C'est l'une d'entre nous.
La voix autoritaire de Paulina claque dans l'habitacle. Je ne comprends pas tout ce qu'il se passe, mon corps est pris de convulsions incontrôlables.
— Maggie, roule plus vite !
Je perds connaissance, une fois de plus, des images envahissent ma tête, je vois des femmes, Paulina, Maggie et Miranda bien plus jeune, elles font des choses que je ne parviens pas à expliquer. Elles sont au milieu d'une forêt, les feuilles tourbillonnent autour d'elle de manière peu naturelle. Une autre femme les rejoint, elle a les mêmes cheveux roux que moi, et je reconnais sans peine ma mère. Des voix me parviennent, je ne sais pas si c'est dans mon rêve ou dans la réalité :
— Je n'arrive pas à le croire. Elle est comme nous Miranda ! Tu te rends compte du risque que tu lui fais courir en lui cachant la vérité.
— Elle ne devait pas revenir. Elle devait être heureuse, vivre sa vie et rester loin de tout ça.
— Ce n'était pas à toi d'en décider mais à elle. On aurait pu l'aider à comprendre ses pouvoirs, l'aider à les maîtriser. C'est son héritage !
— Non ! Je refuse de la mêler à tout ça.
— Elle sait peut-être où se cache la recette ? Tu te rends compte de ce que cela signifierait ? Ce serait la fin de ce statut quo ridicule.
— Taisez-vous les filles, murmure Maggie, elle revient à elle.
J'ouvre les yeux. La conversation que j'ai entendue n'a aucun sens et tandis que la mère de Wallace me force à boire une mixture verdâtre, j'ai l'impression que tout s'efface petit à petit comme dans un rêve ou un souvenir lointain.
— Comment te sens-tu Lucie ? demande-t-elle en m'ôtant la tasse des mains.
— Comme si j'étais passé sous un train.
Ma grand-mère vient s'asseoir à mes côtés sur le matelas. Elle semble prendre sur elle pour ne pas me tomber dessus. Paulina marche de long en large dans la pièce et les deux autres attendent patiemment qu'elle prenne une décision.
— Que faisais-tu chez Adrian ? demande-t-elle finalement en me souriant.
Je leur explique que j'étais à la recherche de Carla et que j'ai fait un malaise dans la rue sous les yeux d'Adrian.
— Il ne m'a fait aucun mal. Il... Il a pris soin de moi, avoué-je.
Ma grand mère soupire d'agacement :
— Qu'est ce que tu ne comprends pas dans « reste loin d'Adrian Ellis » ?
Je m'énerve à mon tour :
— Je n'ai pas choisi de lui tomber dans les bras, et peut être que si toi tu t'étais un peu préoccupée de moi on aurait été ensemble et que j'aurai pensé à me nourrir.
— ça suffit ! Miranda, tu ferais mieux de rentrer chez toi, je crains que ta présence ne soit pas bénéfique... pour le moment.
Paulina et ma grand-mère se défient du regard mais cette dernière capitule. Lorsqu'elle passe près d'elle, je l'entends néanmoins lui murmurer :
— N'oublie pas qu'elle est MA petite fille, si tu la mets en danger de quelque manière que ce soit, peu importe la hiérarchie et nos lois.
Elle quitte la pièce, j'entends son pas dans les escaliers, une porte qui claque et le silence.
— Ta grand-mère a vraiment un sale caractère, reprend Paulina d'un ton plus léger.
Elle passe sa main sur mon front :
— Visiblement tu n'as plus de fièvre, c'est une bonne chose.
— C'est quoi ces histoires avec ma grand-mère ? je demande.
— Il est encore trop tôt pour ça. Dans un premier temps, il va falloir faire tomber les barrières de ton esprit.
— Hein ?
Elle sort de sa poche la pilule que je lui avais remise et me la montre :
— Ces pilules ne te seront plus d'aucune aide ici. L'energie est trop forte, et même si j'admire la maîtrise de la personne qui te les a confectionnées, ici, à Fallen Coast, c'est comme si tu mettais un simple pansement sur une fracture ouverte.
Magie ? Energie ? Je ne comprends rien. La tête me tourne de nouveau, la crise de migraine approche dangereusement.
— Tout ce pouvoir que tu as refoulé cherche aujourd'hui à sortir. On va t'aider. Ne t'inquiète pas, tu es entre de bonnes mains.
— Bois ma petite.
Maggie remplit de nouveau la tasse avant de la porter à mes lèvres.
— ça va t'aider à lâcher prise.
Je ne sais pas pourquoi, mais je leur fais confiance. J'avale le liquide brûlant avant de m'allonger sur le lit.
— Laisse l'energie te traverser, n'essaie pas de la retenir, reste consciente.
Les images défilent de nouveau, à toute vitesse. Les visages se succèdent, certains familiers d'autres pas. Je reconnais certaines scènes pour les avoir vécues, d'autres me sont totalement étrangères. J'entends la voix de Paulina, comme un fil invisible qui m'aide à ne pas me perdre et me laisser submerger.
— Laisse les visionspasser, ne les retiens pas. Elles ne te veulent pas de mal. Accueille-les,regarde les et quand se sera fini, reviens nous.
Petit mot de moi: La première partie de l'histoire est terminée, nous allons maintenant entamer la deuxième partie avec Lucie qui découvre sa vraie nature. J'espère que vous serez au rendez-vous la semaine prochaine pour le prochain chapitre. Bisouxxxxx
VOUS LISEZ
La Potion Oubliée
VampirosBienvenue à Fallen Coast, le soleil, la mer, le tourisme, une boîte nuit où les disparitions s'enchaînent et bien sûr ses sublimes falaises aux pieds desquelles de nombreux jeunes "chutent" accidentellement. Après avoir été contrainte de partir il y...