La Potion Oubliée

A la recherche de Carla

Wallace obtempère et appuie sur l'accélérateur.

— Et maintenant ? demande-t-il en se tournant vers moi.

— Maintenant on va chercher Carla !

Il soupire tandis qu'il met son clignotant pour s'engager sur l'artère principale de la ville. Il fixe la route avec attention, j'aimerai savoir ce qu'il pense...quoi que... en y réfléchissant je ne suis pas sûre de vouloir. Il doit sans doute se dire que je suis une tarée psychopathe. Je repense à ce que lui a dit ma grand-mère à l'hôpital et m'en sers pour engager la conversation :

— Alors comme ça vous connaissez ma grand-mère ?

— Tout le monde la connait. Du moins tous ceux qui vivent vraiment ici. Mais...

Il s'interrompt et je le pousse à poursuivre.

— Mais je ne savais pas qu'elle avait encore de la famille.

Sa phrase sonne comme un reproche. Il doit s'imaginer que je suis une petite fille ingrate, qui ne prend jamais de nouvelle, ni ne vient rendre visite à sa chère mamie.

— Je vous rassure, elle n'est pas non plus venue voir pendant que j'étais trimballée de familles d'accueil en famille d'accueil, rétorqué-je acerbe.

Il me fixe de ses beaux yeux noisette, cherchant sans doute à vérifier que je ne lui mens pas.

— Je suis désolé, dit-il au bout de quelques minutes, je n'aurai pas du vous juger.

Nous roulons encore une dizaine de minutes, dans le silence le plus total, avant qu'il ne se gare devant l'hôtel où je suis censée résider.

— Il faut d'abord qu'on vérifie si elle n'est pas rentrée hier, dit-il devant mon air étonné.

Je le regarde étonnée :

— On ? Vous allez m'aider ?

— J'ai dans l'idée que vous ne lâcherez pas facilement l'affaire alors je préfère vous accompagner. De plus, je me sens un peu responsable de ce qu'il vous est arrivé. Même si j'ai respecté à la lettre la procédure, j'ai mis votre santé en danger et je me sens coupable.

Il semble sincère, il s'est vraiment inquiété pour moi. Après tout, rien ne l'obligeait à rester à l'hôpital pour s'assurer que j'allais bien.

— Si on doit être amis, on pourrait peut-être se tutoyer et se présenter dans les formes ?

Il s'avance vers moi, main tendue :

— Lieutenant Wallace Grant enchanté de faire votre connaissance mademoiselle...

— Lucie. Lucie Stanfield, complété-je en lui serrant la main.

Sa peau est douce, je m'attarde légèrement sur cette poignée de main avant de me ressaisir. D'abord Carla, le flirt on verra plus tard.

Accompagné de Wallace, je me dirige vers l'hôtel. Nous empruntons l'ascenseur jusqu'à mon étage. Les portes s'ouvrent, je m'engouffrent dans le couloir et cours tambouriner à la porte de Carla.

— Je peux vous aider ?

Je me retourne pour me trouver face à une Bettina toute souriante. Elle a remonté ses cheveux blonds en chignon savamment étudié dont quelques mèches semblent négligemment s'échapper, lui donnant un aspect irrésistible. SI j'en crois le visage de Wallace, il vient de tomber amoureux. Je me sens légèrement vexée même si je sais pertinemment que je ne peux pas rivaliser avec cette femme. Wallace ayant momentanément buggué, je prends les choses en main :