Je m'assieds sous le porche de la maison en triturant la carte de visite. A en juger par l'état de la carte, elle n'a pas été mise là hier, mais comment savait-il que j'allais venir ? Je récupère mon portable et compose le numéro.
— Office notarial Huggins and Mongs, Ophélie à votre écoute.
— Bonjour... euh... je suis Lucie Stanfield, j'ai trouvé votre carte et...
— Lucie Stanfield vous dites ?
— Oui.
— Ne quittez pas s'il vous plait.
Les premières notes des quatre saisons de Vivaldi se font entendre, signe qu'elle m'a mise en attente. Je fredonne l'air familier quand une voix masculine interrompt la musique :
— Mademoiselle Stanfield ?
— C'est moi-même.
Un silence se fait.
— Pouvez-vous le prouver ? demande-t-il.
Je soupire d'agacement, à quoi rime tout ce bordel ?
— J'ai ma carte d'identité, mon permis et j'ai trouvé votre carte sous le paillasson de mon ancienne maison, que vous faut-il de plus ?
— Quelqu'un peut-il confirmer votre identité ?
— Ma grand-mère. Mais vu comment se sont passées nos retrouvailles je ne sais pas si elle acceptera de vous rencontrer.
Je l'entends taper sur son ordinateur avant de me répondre :
— Pouvez-vous passer à mon cabinet demain matin ?
J'acquiesce et nous raccrochons. Dans la précipitation je n'ai même pas pensé à lui demander les raisons de ce rendez-vous. Je jette un dernier coup d'œil à la demeure de mon enfance avant de me résoudre à partir, tirant toujours ma valise. Je marche de longues heures, jusqu'à trouver un hôtel miteux louant des chambres à l'heure. Le propriétaire, un homme d'une cinquantaine d'année, aussi gras que laid, me tend la clé de ma chambre avec un regard lubrique qui fait froid dans le dos. Malheureusement, c'est soit ça, soit je dors dehors. Je règle la première nuit et me dirige vers l'ascenseur qui, dieu merci, fonctionne. Arrivée dans ma chambre, je m'enferme à double tour et place une chaise sous la poignée, juste au cas où. La chambre semble propre même si la couleur des murs est quelque peu passée et que l'ampoule du plafonnier menace de s'éteindre si j'en crois le grésillement. Je prends une douche rapide en raison du manque d'eau chaude avant d'enfiler un pyjama. Je zappe devant la télévision, me nourrissant d'un paquet de cacahuète trouvé dans le minibar avant de m'endormir.
Un bruit me tire du sommeil, il y a quelqu'un dans la chambre. Ma tête me fait un mal de chien et j'ai du mal à émerger. Lorsque j'ouvre enfin les yeux, la pièce est vide. Une brise légère fait voler le voilage du rideau de la fenêtre venant caresser ma joue et charriant dans son sillage l'odeur iodée de la mer mélangée à une pointe de... cendres.
Malgré la migraine, je descends du lit qui grince et m'approche de la fenêtre. La rue est mal éclairée, une sirène de voiture se déclenche, mais aucune trace de mon visiteur nocturne. Sans doute est-ce un effet de mon imagination. Après tout, je suis au troisième étage, il n'y a pas d'accès praticable jusqu'à ma fenêtre. J'avale deux cachets avant de fermer la fenêtre et de regagner le lit.
Le lendemain matin, j'ai mal partout, j'ai l'impression que les ressorts du matelas ont laissé leurs marques sur ma peau. Je me prépare en quatrième vitesse avant de quitter l'hôtel. Le gérant me demande si je compte rester là la nuit prochaine et je n'ai d'autre choix que d'acquiescer. Je quitte l'hôtel quand un bruit métallique attire mon attention. Je contourne le bâtiment pour en découvrir la provenance. Je m'approche d'une poubelle renversée et un couinement retentit. Je me penche et mon cœur s'affole. Un sac plastique noué s'agite sous mes yeux. Je m'en saisis rapidement, faisant abstraction des coups de griffes que je reçois et en libère un chaton noir et blanc aux yeux orange. Je ne peux pas dire qu'il soit beau mais quelque chose se passe quand mes doigts entrent en contact avec sa fourrure, une sorte d'apaisement intérieur. J'envisage de l'adopter quand il s'échappe sans un regard pour moi et disparait dans la ruelle. Petit ingrat. En même temps, je ne sais pas ce que j'en aurais fait, ça m'étonnerait que l'hôtel où je loge accepte les animaux.
Je hausse les épaules en regardant ma main griffée, heureusement que je suis à jour dans mes vaccins ! Je me redresse et retourne sur l'artère principale. Il est encore tôt et je ne croise que quelques joggers, écouteurs sur les oreilles, profitant des premiers rayons du soleil pour courir. Je lance le GPS de mon portable afin de trouver l'office notarial mais quand j'arrive, je trouve porte close. Il est encore tôt, je décide de m'installer dans un café en attendant que ça ouvre. Je choisis une table face à la mer et j'en profite pour dénouer mes sandales. Avec toute la marche d'hier, des ampoules ont fait leur apparition et me font un mal de chien. J'ajoute « acheter une paire de tongs » sur ma liste des choses à faire quand une ombre se profile devant moi. Je lève les yeux et ma bouche s'assèche immédiatement quand je plonge dans son regard de braise. Il ôte ses écouteurs avant de s'adresser à moi.
—Mademoiselle Stanfield, vous êtes toujours là ?
Je parviens à détourner les yeux de son visage mais c'est encore pire. Son tee shirt noir lui colle à la peau, mettant en valeur son torse large et ses abdominaux, son short dévoile des cuisses musclées, dues à de nombreuses courses matinales et le léger voile de transpiration rend sa peau luisante et encore plus désirable.
— Et oui Monsieur Ellis, je suis toujours là, parvins-je à répondre.
— Permettez ?
Sans attendre ma réponse il tire la chaise en face de moi et s'installe. Je croise le regard envieux de certaines femmes lorsqu'il s'assied et je ne peux que les comprendre. Il avise mes pieds nus et un délicieux sourire étire ses lèvres, me faisant rougir jusqu'à la racine de mes cheveux.
Petit mot de moi: On avance doucement mais surement et j'espère que ce que vous lisez vous plaît. QUe pensez-vous de Ellis, ami ou ennemi?
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La Potion Oubliée
VampirosBienvenue à Fallen Coast, le soleil, la mer, le tourisme, une boîte nuit où les disparitions s'enchaînent et bien sûr ses sublimes falaises aux pieds desquelles de nombreux jeunes "chutent" accidentellement. Après avoir été contrainte de partir il y...