Une sorcière peu commune

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Je décide de remettre mes réflexions à plus tard et d'aller me coucher. Je vérifie avant que tout est bien fermé, ajoute une chaise sous la poignée de la porte d'entrée, juste au cas où, fait rentrer Satanas qui attend sagement comme un prince devant la porte et file sous la douche. Une fois délassée, je me glisse sous la couette et m'endors comme une masse. J'ai l'impression de n'avoir dormi que quelques heures lorsque des coups frappés à la porte me tirent du sommeil. Je grommelle en me demandant qui peut bien venir me déranger alors qu'il n'est même pas sept heures du matin. Je me dépêche de descendre les escaliers, uniquement vêtue d'un débardeur et d'un shorty en coton.

— Granny ? m'étonné-je en ouvrant la porte.

L'évocation de ce surnom d'enfance lui tire un sourire et toute guillerette elle pénètre chez moi. Déjà apprêtée, elle a le visage parfaitement réveillé de ceux qui sont debout depuis déjà longtemps.

— Je ne voulais pas prendre le risque que tu ailles t'égarer chez une certaine personne, dit-elle en se dirigeant vers la cuisine.

— On est un peu en froid, dis-je en me laissant tomber sur une chaise.

Elle ne répond rien et se met en tête de me préparer mon petit déjeuner. Je la laisse faire et me retrouve rapidement avec des pancakes, un verre de jus d'orange et un thé bien chaud. Je saisis ma tasse à deux mains, laissant la chaleur se diffuser dans mon corps, le regard perdu dans mes souvenirs. Lorsque j'étais petite, je me rappelle qu'elle me préparait toujours des pancakes arrosés de sirop d'érable chaque fois qu'elle voulait aborder un sujet difficile et cette fois-ci ne fait pas exception si j'en crois son regard ennuyé.

—Je sais que tu es très attachée à Adrian Ellis, Lucie, mais il n'est jamais rien ressorti de bon d'une relation entre une sorcière et un vampire.

— Granny, j'ai bien compris qu'il m'avait prise pour une idiote et je ne compte pas le revoir de sitôt, rassure-toi.

Elle lève les yeux au ciel, ne croyant pas un traitre mot de ce que je viens de dire. J'en ai la confirmation lorsqu'elle ajoute :

— Sorcières et vampires exercent l'un sur l'autre une attraction mutuelle, le pouvoir appelle le pouvoir.

Je marmonne dans mon coin, vérifiant tout de même si Adrian n'a pas cherché à me contacter, mais mon portable n'affiche aucun message. Je croise le regard acéré de ma grand-mère et rougis violemment. Je décide de détourner la conversation sur un sujet qui m'intéresse d'avantage et sur lequel j'ai besoin d'éclaircissement:

— J'ai eu une vision hier soir.

De surprise elle fait glisser le dernier pancake de la poêle et il atterrit sur le sol :

— Et c'est maintenant que tu me le dis ? Raconte-moi tout !

Je m'exécute et lui relate les éléments concernant le cambriolage décidant de garder pour moi la partie concernant Adrian. Elle me pose ensuite plusieurs questions concernant la vision et semble émerveillée à chacune de mes réponses.

—Tu es une vraie divinatrice !

La fierté transparaît dans ses paroles ainsi qu'une pointe d'inquiétude sans que j'en connaisse la raison.

— Une divinatrice ? Tu m'expliques Granny ?

Elle fait le tour de la table et s'assied près de moi.

— Les sorcières ont toutes des capacités communes, aptitude à créer des potions, à interpréter les cartes, à jeter des sorts mineurs.... il s'agit en fait de la capacité à se servir de la magie qu'il y a en nous et autour de nous. Lorsque je t'ai projeté contre le mur, je me suis servie de la magie environnante pour l'attirer vers moi et la propulser ensuite vers toi. La magie intérieure est plus ou moins puissante suivant les sorcières et leur patrimoine génétique. Il arrive cependant parfois que des dons uniques face leur apparition chez certaines d'entre nous. Cela peut être, lire dans les pensées, faire bouger les objets, etcetera et dans de très très rares cas il y a la divination.

Je fronce les sourcils :

— Il me semblait pourtant que lire les cartes et se servir des pendules était monnaie courante chez les sorcières.

Elle secoue la tête :

— Les sorcières peuvent effectivement interroger les cartes ou se servir d'instruments pour avoir certaines réponses mais en aucun cas elles ne seront aussi précises et distinctes que tes visions. Tu es unique Lucie.

Je frissonne, je n'ai jamais aimé être au centre de l'attention et je ne sais pas pourquoi mais je sens que ce don particulier va me rendre la vie encore plus compliquée. Ma grand-mère ne perçoit pas mon changement d'humeur et c'est avec enthousiasme qu'elle continue ses explications.

— Le destin de chaque personne est comme un cours d'eau, jamais lisse, fait de remous et toi, tu es directement connectée à ces cours d'eau, tu peux intercepter des bribes de leur vie de manière plus ou moins claires.

— Mais qui décide des informations auxquelles j'ai accès ? Parce que soyons honnête, au lieu de me montrer une vieille montre, j'aurai préféré voir distinctement le visage du type qui s'est introduit chez moi.

Elle hausse les épaules.

— Je n'ai pas plus d'information à te donner. Je ne sais pas pourquoi ou qui te transmet ces visions, mais le fait que toi seule y ait accès signifie que tu es destinée à accomplir de grandes choses.

— Cela n'a aucun sens Granny. Comment savoir si, quand j'ai une vision, je dois intervenir ou pas ? Imagine que j'apprenne qu'un enfant va se faire écraser par une voiture et que j'intervienne, certes j'aurai sauvé une vie mais peut être que cet enfant va se révéler être le prochain Hitler.

Elle me tapote gentiment la main, j'aimerai qu'elle me dise quelque chose de profond, de rassurant, mais à la place j'ai droit à :

— Tu te débrouilleras très bien ne t'inquiète pas.

J'enfourne un pancake dans ma bouche et ressasse ce que je viens d'apprendre. Une question me trotte dans la tête :

— Tu dis que je suis connectée à tous les êtres vivants ? Il n'y a aucun moyen pour eux d'échapper à mes visions ?

J'avoue que j'ai un peu l'impression d'être Big Brother espionnant tous ses concitoyens.

Elle se ressert une tasse de thé avant de me répondre :

— Les sorcières ont résolu ce problème, il y a bien longtemps. Certaines trouvaient qu'il était injuste qu'une des leurs puissent être au courant de leurs secrets les plus intimes, car comme tu l'auras remarqué, tu ne choisis pas ce que tu vois. Elles ont donc mis en commun leur savoir et ont réussi à créer des artéfacts pour bloquer les visions de leurs consœurs divinatrices. Avec le temps ce savoir-faire c'est perdu. Les divinatrices ce sont faites de plus en plus rares, il doit y en avoir une tous les cent ans je pense, donc il ne doit pas rester beaucoup de bloqueurs. A vrai dire je n'en ai jamais vu et je serai bien incapable d'en confectionner un.

— Maman, elle, savait pour moi ?

Elle garde le silence, se concentrant sur le contenu de sa tasse. Je pressens que la réponse à cette question est la clé de tout.

— Granny, est-ce que maman savait que j'étais une divinatrice, je répète en essayant de garder mon calme

Elle garde la tête baissée mais j'entends sa réponse murmurée du bout des lèvres :

— Oui elle savait, elle l'a découvert le jour où tu lui as annoncé avoir rêvé, qu'elle et ton père allaient mourir, en lui donnant tellement de détails qu'il était impossible que ce soit un simple cauchemar. 

Petit mot de moi: Et voilà, on en sait enfin un peu plus sur les pouvoirs des sorcières en général et sur ceux de Lucie en particulier. merci à vous tous qui me suivaient, c'est super de voir mon histoire grimper dans les classements, avoir dépassé les 10k de lectures, franchement Wahou et merci. C'est ma première Bit-lit, un univers que je n'ai pas l'impression de maîtriser et pourtant vous avez l'ai d'adorer et ça me fait au chaud au coeur!!! Milles mercis les loulous!!

La Potion OubliéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant