Mon premier réflexe est d'appeler Wallace et de ne toucher à rien afin de ne pas compromettre les preuves, merci les séries policières dont je suis fan. Quelques minutes plus tard, il arrive dans sa voiture de fonction avec à son bord le trio des mamies.
— Mais qu'est-ce qu'elles font là ? je demande à Wallace.
— Elles ont cherché à te joindre toute la journée et m'ont fait promettre de les prévenir si j'avais de tes nouvelles.
Je n'ai pas le temps de lui répondre que ma grand-mère se plante devant moi d'un air inquisiteur. J'ai l'impression que sur mon front clignote « je me suis envoyée en l'air avec un vampire et j'ai adoré ».
— On peut savoir où tu étais ? je pensais qu'après ce qu'il s'était passé ce matin, tu aurais été curieuse d'en apprendre plus. Au lieu de ça, tu es partie on ne sait où.
Son regard descend sur mon tee-shirt et je me hâte de croiser les bras sur ma poitrine.
— A qui est ce...
— Bon, on n'est pas là pour ça hein, je la coupe, puis me tournant vers Wallace je poursuis, quelqu'un est entré par effraction chez moi, la serrure a été forcée.
Ma grand-mère et ses amies se détournent enfin pour se précipiter à l'intérieur malgré les indications de Wallace. Pour la sauvegarde des preuves c'est raté. Je les suis, m'attendant à trouver la maison sens dessus dessous mais force est de constater que le cambrioleur a été très méticuleux.
— Vérifie s'il manque quelque chose, m'ordonne Wallace, il se peut qu'il ait tenté d'entrer mais n'ait pas eu le temps de te dévaliser. Je fais un tour rapide à l'étage, mes quelques bijoux sont toujours là, il ne semble rien manquer. Ce n'est qu'en redescendant au salon que j'avise la disparition de mon ordinateur et par la même occasion de la clé USB de Carla. Son sac à main en perle aussi manque à l'appel.
— Que t'a-t-il pris ? demande ma grand-mère à voix basse.
— Les preuves que les vampires sont parmi nous, je réponds en grinçant les dents.
— Tu connais donc le coupable, lâche-t-elle en s'éloignant.
Mon sang ne fait qu'un tour, il m'a bien eu cet enfoiré. Je revois maintenant notre entrevue d'un autre œil. Je me souviens lui avoir parlé de la clé, de son énervement et de son empressement à s'absenter un court instant. Je suis persuadé qu'il a dû appeler ses potes vampires pour venir faire un saut chez moi et récupérer mon ordinateur.
— Alors ? interroge Wallace.
Derrière lui Maggie me fait signe de me taire, je comprends que Wallace ignore tout du monde magique et qu'elle ne souhaite pas le mettre en danger. Je grince des dents :
— Non, rien ne manque. Il a dû être dérangé.
Wallace termine son analyse de la serrure mais d'après lui le cambrioleur portait des gants.
— SI tu veux dans la semaine je t'installerai un système d'alarme.
J'acquiesce distraitement en remarquant qu'il manque un membre du trio, où est Paulina. Je remonte à l'étage et la trouve dans ma chambre. Elle ne m'entend pas arriver et semble perdue dans la lecture d'une vieille feuille de papier. J'identifie cette dernière comme la lettre de ma mère et me racle la gorge. Paulina sursaute. Je m'apprête à lui demander si ça ne la dérange pas de lire quelque chose de strictement privé mais les larmes dans ses yeux m'en empêche.
— Ta mère était si jeune et si gentille.
Elle repose la lettre sur le lit et quitte la pièce profondément affectée. Je referme la porte derrière elle et retrouve les autres au rez-de-chaussée. Après les avoir tous rassuré sur mon état, ils finissent par me laisser seule. Une fois sûre qu'ils sont tous partis, je me jette sur mon portable et compose le numéro du Lost Paradise :
— Lost Paradis l'antre du pêché que puis-je pour vous ? répond une voix suave.
— Bonjour. Ici Lucie Stanfield, je voudrai parler à Adrian s'il vous plaît.
Un soupir d'exaspération résonne dans le combiné.
— Je suis désolée, Monsieur Ellis ne prend personne en communication interne.
J'essaie de garder mon sang-froid mais les émotions de cette journée prennent le dessus :
— Ecoutez-moi bien, j'ai passé la journée à m'envoyer en l'air avec votre patron donc la moindre des choses c'est qu'il prenne mon appel.
— Mademoiselle, si Monsieur Ellis devait répondre à toutes les filles avec lesquelles il couche, il passerait plus de temps au téléphone qu'un conseiller téléphonique. Bonne soirée.
Un bip sonore m'indique qu'elle a raccroché et je me retrouve, le téléphone à l'oreille sans personne de l'autre côté. Vexée, je jette le portable sur le canapé et envoie valser une tasse laissée sur la table. Je ne sais pas ce qui me dérange le plus, le fait de savoir qu'il m'a prise pour une conne, le fait d'avoir cru être spéciale ou alors la jalousie qu'a fait naître l'allusion de la standardiste aux multiples conquêtes d'Adrian. Ce tourbillon d'émotions contradictoires tourbillonne dans ma tête et je ressens des picotements familiers à l'intérieur de mon crâne. Je chancelle jusqu'au canapé et me laisse tomber sur les coussins moelleux. Je prends de grandes inspirations, essayant de me rappeler les conseils de Paulina lorsque j'ai encaissé dix ans de vision. Laisse venir, ne les retiens pas. Ok. Je ferme les yeux, me détends comme je peux à mesure que les picotements s'intensifient. Je les sens se concentrer au milieu de mon front et d'un coup, les images m'assaillent. La porte de ma maison s'ouvre, un homme entre. Je ne distingue pas vraiment ses traits, juste quelques détails, une montre usée au poignet, un pantalon beige. Je change ensuite de scène. Adrian se tient devant moi l'air désolé et je lui fais face, couverte de sang, tenant dans ma main une fiole rempli d'un liquide violet. Si beaucoup d'élément restent flous, je lis dans mon regard une haine et une détermination sans nom. Ses lèvres bougent, il essaie de dire quelque chose mais je ne l'entends pas. Je redeviens moi-même à cet instant. Je porte la main à mon front, aucune migraine, aucune douleur. Je ne peux pas dire que l'expérience fut agréable mais au moins je ne souffre pas. Afin de ne rien oublier, je fouille la commode de l'entrée en quête d'un bloc note et y inscrit tout ce dont je me souviens. Le seul élément me permettant d'identifier le cambrioleur et sa montre. Il me semble l'avoir déjà vue quelque part mais pour l'instant je suis incapable de me rappeler où. Les paroles d'Adrian me reviennent en mémoire, un vampire ne peut pas entrer chez quelqu'un sans y avoir été invité, j'ai donc affaire à un humain qui travaille à sa solde car qui, à part lui, était au courant pour la clé USB ?
Petit mot de moi: Et voilà, le confinement est terminée, j'espère pouvoir reprendre un rythme de publication régulier. En attendant merci d'avoir patienté et d'être toujours là!! Bisouxxx
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La Potion Oubliée
VampirosBienvenue à Fallen Coast, le soleil, la mer, le tourisme, une boîte nuit où les disparitions s'enchaînent et bien sûr ses sublimes falaises aux pieds desquelles de nombreux jeunes "chutent" accidentellement. Après avoir été contrainte de partir il y...