CHAPITRE XXI

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- Lauren ! Attends moi ! Tu marches trop vite ! Je me plains en étant essoufflée.

Elle se retourne en rigolant.

- C'est vrai que tu n'es pas comme moi ! Dit-elle en se foutant de moi.

Je fais la moue et je m'arrête en croisant les bras. Elle voit que je n'avance plus alors elle se dirige vers moi avec un sourire taquin. Je la regarde faussement énervée.

- Tu peux aller sur mon dos, ça ira plus vite, me propose-t-elle.

Je ne bouge pas et la regarde toujours de la même manière. Elle lève un sourcil en l'attente d'une réponse.

- J'ai l'impression de me faire trimballer sur le dos de tout le monde, je lui dis dépitée.

- Là, tu n'as pas vraiment le choix.

Elle se met dos à moi et je comprends très vite que je dois aller sur elle. Je grimpe à son dos en soufflant.

- Ne fais pas la tête. C'est ça ou on marche pendant quatre heures et cela risque de mal finir.

Je ne dis plus rien. Elle m'a convaincu. J'entoure mes bras autour de son cou et sers fort mes jambes au niveau de sa taille. Elle me maintient en positionnant ses mains en dessous de mes cuisses. Je dois vous avouer que ça me laisse pas indifférente.

- Tu es prête ?

- Oui mais fais attention quand même à toi, je lui susurre à l'oreille.

Elle tourne la tête vers moi et me fait un sourire espiègle.

- T'inquièterais tu pour moi ? Demande-t-elle d'une manière joueuse.

Je lui donne une tape sur l'épaule en rigolant. Secrètement, oui je m'inquiète pour elle. Et sans m'y attendre, elle court de sa vitesse surnaturelle vers le Canada. Je n'ai même pas le temps de faire quoique ce soit ou bien même de réfléchir que nous étions déjà à quatre kilomètres de là où on était. Mais au bout de dix kilomètres de sa course hallucinante, elle s'arrête nette. Je me demande pourquoi cet arrêt soudain.

- Lauren ?

Elle ne me répond pas. Elle lâche mes cuisses et je descends de son dos pour voir son état. Je la contourne et je regarde son visage. Il est figé, elle a les yeux écarquillés et rouges. Pourquoi est-elle comme ça ? Ally avait dit que si elle est comme ça, c'est qu'elle ressent une émotion très forte.

Je pose mes mains sur ses joues et l'appelle mais elle ne bouge pas. C'est comme si, c'était devenue une statue de glace. Cette situation commence à me faire peur. Je panique, je ne sais pas quoi faire et je ne sais comment la réveiller de ce choc. Je commence à crier pour qu'elle m'entende.

- Lauren ! Réveille toi ! Lauren !

Une idée me vient bizarrement. Je décide de l'embrasser. Je ferme les yeux et avance ma tête vers elle. Je pose mes lèvres délicatement et ne fais rien d'autre que de les poser. Je sens qu'elle bouge et qu'elle se retire du baiser. J'ouvre mes yeux et remarque qu'elle a toujours ces yeux flippants. Elle contracte sa mâchoire et respire comme un animal. Je crois que je n'ai jamais eu autant peur d'elle. Je recule de quelques pas mais elle ne fait rien. Nous sommes maintenant l'une en face de l'autre à deux mètres de distance.

- Lauren ? S'il te plaît, parle moi. Tu....tu me fais peur... j'hésite à lui dire.

Son regard devient triste et anéanti. Je ne sais pas ce qui lui arrive. Son corps devient très faible, cela se voit directement, et elle s'écroule à terre sur ses genoux. Je cours vers elle et lui maintient la tête pour qu'elle me regarde.

- Lauren, Lauren.... Que se passe-t-il ? Je lui dis avec désespoir.

Je commence à avoir les larmes aux yeux tellement la situation m'inquiète. Je pose sa tête sur mon épaule et je la sers dans mes bras mais elle n'a aucune réaction. La seule réponse qu'elle m'a donné est quand elle s'est détachée pendant mon baiser.

- Il est mort... Me chuchote-t-elle ces quelques mots.

Je lui relève sa tête et attends une autre réponse. Je suis choquée de ce que je viens d'entendre. Qui est mort ?

- J'ai envie de les tuer. De les vider de leur sang. De les anéantir. De les brûler. De les envoyer dans le néant, dit-elle menaçante et en colère.

- Qui ? J'arrive à lui demander.

Elle ne dit rien. Sa seule réponse est d'abaisser le col de son pull vers son épaule, on peut y voir sa clavicule. A cet endroit de son corps, on peut y voir neuf traits et seul deux forment une croix. Je ne sais pas ce que représente ceci mais c'est un peu satanique de faire ce genre de chose.

- Ce que tu vois là, représente le nombre de personnes que j'aime ou que j'ai aimé plus que sincèrement. Il y en a neuf et les croix que tu peux apercevoir sont ceux qui sont mort.

J'approche ma main de sa clavicule et touche ses traits. C'est creusé dans sa peau.

- Et qui sont toutes ces personnes ? Je lui demande curieusement.

Elle relève la tête vers moi et son regard est toujours rouge.

- Le premier creux en partant de ma tête est l'amour que je porte pour ma mère, ensuite, mon père et après, Chris, dit-elle abattue.

Je vois que c'est une croix et je comprends immédiatement. Chris est mort. Sûrement à cause des loups. Je hais plus que tout les loups encore plus que les gens qui m'ont harcelé en Géorgie. Je ne connaissais pas vraiment Chris mais ça ne m'empêche pas de verser une larme.

Lauren essaye de se reprendre en continuant la liste sur son épaule.

- Ensuite, Sophia, Normani, Carmen.

Il y a encore une croix.

- Matthew, Ally et la dernière personne est... une personne très chère pour moi.

Elle me regarde intensément.

Je sens ma jalousie montée. Qui est cette personne chère pour elle ? Elle n'a pas dit Mayve.

- Cesse de faire ta jalouse parce que c'est toi cette personne.

Je lui sourit grandement, satisfaite de ce qu'elle dit.

- Je t'aime, Camila, me avoue-t-elle sincèrement.

Je ne sais pas comment réagir. Elle ne me l'avait jamais dit directement. Je suis émue. Je crois qu'il n'y a que ma sœur qu'il me l'a dit et savoir qu'une autre personne le pense aussi me touche au plus profond de mon cœur.

Elle remarque mon absence de réaction et elle commence à regretter ses paroles.

- Je suis désolée. Je n'aurais dû...

Je saute dans ses bras l'empêchant de dire autre chose. Je l'embrasse avec amour et avec un mélange de tristesse. Elle se détache du baiser. Elle garde toujours ses yeux fermés. Je pose un petit bisou sur son front, signe d'encouragement. Je sais qu'elle est désemparée et qu'elle n'a plus de force à cause de cette tragédie. Je n'avais pas remarqué mais je suis sur ses genoux. Je lui caresse les cheveux et elle vient poser sa tête contre ma poitrine.

- Lauren, je sais que c'est dur mais il faut que l'on y aille pour les aider. Car s'il s'est passé ça, c'est qu'il y a un problème, je lui dis doucement pour ne pas la brusquer.

Elle se relève rapidement. J'ai l'impression que sa force est redevenue d'un seul coup. Elle me pose par terre puisque j'étais sur elle.

- Tu n'imagines même pas la colère que j'ai en moi. Je me retiens parce que tu es là et que je ne veux pas te laisser seule.

Je me remets sur son dos et nous partons pour mettre fin à ce désastre.

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