Si seulement...

*Chapitre 6

« Les gens que nous avons aimés ne seront plus jamais où ils étaient, mais ils seront partout où nous sommes. »

Alexandre Dumas

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Même si la saison touristique est passée, les places de parking sont rares. Ce quartier, situé près de la plage de Pornichet et proche du casino, attire du monde. Par chance, Chloé réussit à garer son véhicule juste devant le pub. Refermant les portières, Chloé m'adresse un sourire bienveillant. Une boule se forme déjà dans ma gorge.

Dès les portes en bois franchies, les battements de mon cœur s'intensifient.

Carlos, le gérant, toujours là derrière son comptoir à servir les clients ou à astiquer les verres, nous aperçoit. Il nous salue depuis son bar et nous fait signe du menton que nous pouvons nous installer directement à notre place.

Il fait partie de ces personnes qui parlent peu mais qui savent tendre l'oreille. Les clients qui le connaissent, et ils sont nombreux, l'apprécient malgré son côté ours. Nous avons été parmi ses premiers clients fidèles. Il connait toute la bande et sait que depuis son départ, je ne suis que l'ombre de moi-même.

Après avoir confié nos sacs et nos manteaux au vestiaire, nous retrouvons notre table pour six personnes, au pied d'une estrade permettant à quelques groupes de musique de se produire le week-end.

Chloé et Laeti discutent entre elles tandis que mon regard scrute les alentours.

Ce pub n'a presque pas changé depuis nos années lycée. Les tables et les chaises sont toujours en bois sombre, les murs en vieilles pierres sont mis en valeur par de nouveaux éclairages tamisés. Seul l'immense billard au fond de la salle ne semble pas avoir été remplacé.

En dix ans, Carlos a effectué quelques rénovations mais a su conserver la même âme pour son pub. Cette âme qui m'apaise, qui allège le poids dans ma poitrine. Je me sens chez moi. Que de bons souvenirs ici. Super Éva tu es sensée oublier. Passant mon doigt sur le bois verni du plateau, mon esprit voyage plusieurs années en arrière, lorsque nous occupions nos soirées à cette même table, nos rires se répercutant sur les murs de l'établissement.

— Ça vous dit un billard ? demande Max.

— Les filles contre les garçons ! Je le défie joyeusement.

— Faut bien que vous soyez à trois pour nous battre ! ricane Bastien.

Chloé réprimande Bastien en le bâillonnant tandis que Laetitia se bidonne sur sa chaise.

La main puissante de Max passe sur ma nuque, effectuant une douce pression dans le but de me rapprocher de lui. Mon regard rivé au sien, je me perds dans le vert de ses yeux et ne résiste à l'embrasser.

— Si vous perdez, tu dors chez moi cette nuit, murmure-t-il contre mes lèvres.

Mes lèvres s'incurvent vers le haut à ce souvenir. Nous avions perdu évidemment, les garçons ayant tout fait pour nous déconcentrer. Grâce à Maxens, je suis devenue une femme ce soir-là. J'avais dix-sept ans. Un moment doux, sensuel, exceptionnel, inoubliable. Ses parents étaient partis en week-end et nous avions eu la maison pour nous. J'ai encore des flashs de ce moment unique.

A peine la porte d'entrée refermée, Maxens n'attend pas d'atteindre sa chambre pour prendre possession de mes lèvres. Ses deux mains encadrant mon visage, il colle son corps contre le mien tandis que je tire sur la ceinture de son cargo pour le rapprocher davantage.