Si seulement...

*Chapitre 9

Nous restons silencieux, à une certaine distance l'un de l'autre, sans vraiment écouter les dialogues.

Lorsqu'il est l'heure de manger, Marc nous rapporte simplement de quoi faire un plateau repas avec une pizza réchauffée, sans dire un seul mot. Je l'observe à la dérobée, une ride entre ses yeux m'indique qu'il cogite. Je ne comprends pas. Nous ressemblons à cet instant précis à des amis, des connaissances, des étrangers. Le pire dans tout ça ? C'est que cela ne me blesse pas plus que ça.

Cette froideur me met mal à l'aise. Je ne ressens pas le besoin de parler et visiblement lui non plus. Décidant d'échapper à ce silence oppressant, je me lève et lui dis :

— Faut que j'avance sur mes traductions.

Marc tourne sa tête vers moi, surpris que je prenne la parole et hoche la tête.

— Ok. J'irai chercher Erwan à l'école, t'en fais pas.

Mon métier de traductrice littéraire me permet de travailler depuis la maison et j'avais pris de l'avance sur mes dossiers en cours pour bénéficier d'une journée de repos mais me réfugier dans mon bureau pour travailler est la seule solution nous permettant d'éviter une querelle supplémentaire. Je connais mon caractère, j'explose facilement et cela n'aidera en rien à notre réconciliation.

L'idée était de m'isoler et de me focaliser sur autre chose que Marc ou Maxens, sauf que je ne suis pas plus concentrer sur les textes que je lis. Mon esprit a mis pause sur Maxens. Il est revenu ! Oui mais il va repartir. Foutue conscience. Mes dossiers repoussés sur le bureau, je décide d'appeler ma mère pour entendre sa voix douce et réconfortante.

— Allo ?

— Maman, c'est moi

— Oh ma chérie, tu tombes bien j'allais te téléphoner. Comment vas-tu ?

— ça va.

Mes larmes reviennent. Je serre mon téléphone et évite de respirer pour contenir mes sanglots et pour ne pas qu'elle saisisse le gros bazar dans mon cerveau. J'ai simplement omis le fait que je téléphonais à ma mère qui reconnait le moindre trait sur mon visage, la moindre intonation de ma voix.

— Éva ? Que se passe-t-il ma puce, tout va bien ? s'inquiète-t-elle.

— Il est revenu Maman...., dis-je en reniflant.

— ...

— Maman ? je regarde mon téléphone pour être certaine d'être toujours en ligne.

— Oui ma puce je comprends. Vous vous êtes revus ?

— Non. Je l'ai appris hier par Chloé.

— Tu sais pourquoi il est revenu ?

— Non. Je sais juste qu'il reste ici.

— Ah. Et Marc le sait ?

— Non

— Éva... Il faut lui dire. S'il l'apprend par inadvertance il sera furieux. Elle marque une pause. Et Erwan le sait ?

— Maman je ne l'ai su qu'hier seulement.

— Je comprends.

— Mais tu comprends quoi au juste ? dis-je énervée.

— Je comprends que les trois hommes de ta vie vont se rencontrer, et que tu ne sais plus où tu en es, sinon tu ne serais pas en pleurs. Voilà ce que je comprends. Marc, est un gentil garçon, il est présent pour Erwan et toi, mais il t'étouffe, tu n'es plus toi-même ma chérie. Maxens était un garçon adorable, toujours à te donner le sourire, à satisfaire tes moindres désirs, dans le seul objectif de te rendre heureuse. Tu n'as jamais eu ce regard pétillant de joie depuis. Sauf pour Erwan bien entendu mais... Je ne comprends pas pourquoi il est parti en te laissant au mariage de Chloé. Juste avant, il... elle s'interrompt