*Chapitre 4

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"Il y a des amours qui ne te décevront jamais, parce qu'ils n'ont rien promis mais te donneront tout."

Augustin Degas


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Cinq ans après son départ, de nos jours


Depuis trois ans maintenant nous vivons dans cette superbe villa de charme, située au Pouliguen près de La Baule, avec une vue imprenable sur l'océan.

Ne désirant pas quitter la Loire Atlantique ma région natale comme l'aurait souhaité Marc, nous avons épluché toutes les petites annonces immobilières des environs, effectué de multiples visites, décevantes pour certaines et hors de prix pour d'autres, avant de dénicher notre foyer idéal.

Étant architecte, un des cousins de Marc nous a conseillé quelques agencements pour notre cocon après nous avoir longuement écoutés sur nos goûts et notre façon de vivre au quotidien.

Nous étions peu habitués aux travaux manuels, et avons eu quelques fous rires en abattant un des murs du salon. Je voulais absolument une cuisine ouverte sur la salle à manger, pour profiter de nos convives et lorsque Marc a donné le premier coup de masse en poussant un râle exprimant toute sa puissance de frappe, le mur n'a même pas été ébranlé. En voyant son regard ahuri, le son émis par ma bouche cachée par ma main a vite été remplacé par un gigantesque éclat de rire : il avait frappé sur une poutre en bois camouflée dans le mur.

Les baies vitrées du salon ont été remplacées par des plus grandes pour profiter des magnifiques couchers de soleil sur la mer, enlacés sur notre canapé.

Pour la chambre d'Erwan, nous étions couverts de peinture bleue, dans les cheveux et sur les joues après une bataille de pinceaux. La touche finale étant de placer, non sans mal, des étoiles fluorescentes au plafond : Marc, taquin, me portait dans ses bras et déposait des bisous sur mon ventre, me provocant une énième crise de rires.

Avant même de poser définitivement nos valises, nous avions déjà d'excellents moments de bonheur.


En cette fin d'après-midi d'octobre, j'admire les arbres aux feuillages de mille couleurs. L'automne est une période de l'année que j'affectionne particulièrement, notamment pour les longues balades sur la côte d'amour lorsque le soleil est encore présent.

Le vent souffle fort aujourd'hui, la mer est déchaînée et les températures ont chutées. Je m'approche du panier de buches que Marc a pris soin de couper la semaine dernière, décide d'allumer un bon feu de cheminée pour réchauffer le salon, et reprends ensuite ma lecture.

Assise confortablement dans le canapé, un plaid sur les genoux, le bois crépitant dans l'insert, je ne peux retenir quelques larmes en tournant les pages de mon roman. La rencontre de deux peintres amoureux, Gabriel et Noush. Tout les oppose mais leur rapprochement est tellement sensuel que je les envie.

Marc me taquine souvent et me dit que j'ai toujours le nez plongé dans mes livres. C'est vrai, il n'a pas tout à fait tort : lire me permet de devenir, le temps de quelques heures le personnage principal, de ressentir ses peines, ses angoisses, ses joies, mais surtout, cela me permet de ressentir les vibrations que peut faire un cœur face à l'amour...

J'en ai besoin.

— Maman, il arrive quand Marc ?

Terminé ce moment d'évasion. Tellement captivée par l'histoire, je n'ai même pas entendu les petits pas que mon fils fait habituellement sur le carrelage en sortant de sa chambre. Marc prévoyait d'arriver vers 19h et l'horloge que nous avons dénichée dans une brocante le week-end dernier, m'indique qu'il franchira notre porte dans quelques instants.

Si seulement...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant