*Chapitre 16

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Etre enfin dans ses bras, contre lui, l'entendre me dire « tout va bien, je suis là », c'en est trop pour moi. Je craque, déversant toutes les larmes retenues depuis toutes ses années. Un torrent de larmes ininterrompues noyant son t-shirt, prenant conscience que mon monde avait cessé d'exister depuis son départ. Mes bras, ballants au début, remontent progressivement sur son torse, pour venir agripper fermement et de toutes mes forces son t-shirt, me collant à lui dans l'espoir qu'il ne reparte jamais. Sans lui, sans sa présence à mes côtés, je n'étais rien, je survivais simplement. Une simple coquille vide, une princesse sans son prince charmant, un Ying sans son Yang, une mer sans eau, un arbre sans sa sève. Je ne veux plus ressentir ce vide, ce poids, cette détresse. Nous ne parlons pas, nous n'en avons pas besoin. Mon cœur bat vite et le sien tout autant ne faisant qu'un. Nous avons retrouvé notre bulle de protection. Plus rien ne peut nous atteindre. Mon cœur déchiré depuis son départ peut enfin être sauvé, et le poids a laissé place à une plume. Il est revenu.

Reprends-toi Éva ! Non conscience, je suis bien là, à ma place. Mais il t'a abandonnée ! La douleur de l'avoir perdu me revient comme un boomerang. Ça fait mal. Comme un électrochoc, je fronce les sourcils et le repousse violemment sous son regard visiblement blessé, éclatant notre bulle au passage.

A cet instant, tout s'imbrique dans ma tête. Le pub, les frissons, le cocktail, le casque c'était lui ! Le sexy motard encore lui ! Pourquoi ?

— Pourquoi t'es revenu ? je crache.

Bastien et Chloé partis je ne sais où pendant notre étreinte reviennent dans la cuisine au même moment, coupant court à l'éventuelle explication de mon Max. Chloé capte immédiatement mon état tourmenté tandis que Bastien tête baissée dans le frigo, lance :

— Bon on va les faire ces grillades ? Mec tu veux une bière ?

Maxens détache à regret son regard de moi pour le porter sur Bastien, et lui répond :

— Oué s'te plait.

Chloé, quant à elle, me prend le coude et m'entraîne rapidement jusque dans la salle de bain où elle nous enferme à clé. Ses prunelles bleues m'examinent cherchant une explication à ma morosité. Mon amie soupire et me prend par les épaules avant de me blottir contre elle, relançant le torrent de larmes. Je crois que je l'aime encore et ça fait mal, horriblement mal. Mon cœur semble être compressé dans un étau.

Quelques minutes plus tard, elle s'écarte de moi, cherche dans les tiroirs avant de me tendre le nécessaire pour refaire mon maquillage

— Essuie-moi ces yeux de panda ! dit-elle.

— Merci, dis-je en reniflant.

J'efface les traces sur mes joues et remets un peu de couleurs sur mes paupières sous le regard affectueux de Chloé. Bastien toque doucement à la porte et demande :

— Ça va les filles ?

Je hoche la tête autorisant Chloé à ouvrir sur un Bastien anxieux.

— Ça va, je réponds pour le rassurer.

Nous le suivons jusqu'au salon où Maxens est assis, penché en avant, les coudes sur ses cuisses tenant sa bière entre les mains, le regard abattu dans le vide. Comment je fais pour lui en vouloir en le voyant triste comme ça ?

Maxens relève la tête en entendant nos pas et ne souhaitant pas souffrir davantage, je décide de l'ignorer en m'asseyant à son opposé, sans omettre de prendre un cocktail sans alcool au passage. Ressaisis toi Éva, tu es adulte maintenant ! Ton fils, pense à ton fils qui adorerait rencontrer son père ! Oui c'est bien, mais si le père n'est pas au courant je fais comment ?

Si seulement...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant