Chapitre 27

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« Je t'aime éperdument, et je te le dis, et je te le répète, et mes paroles te l'expriment, et mes baisers te le prouvent, et quand j'ai fini... je recommence. Je voudrais recommencer ainsi pendant l'éternité, et chaque soir, je regrette la nuit qui va s'écouler sans toi, et chaque matin, j'en veux au soleil de briller, comme aujourd'hui, quand tu n'es pas dans mes bras. »

Victor Hugo, (1802 - 1885)



— Debout Éva ! La journée va être chargée ! s'exclame une voix stridente.

Grognant pour que Laeti me laisse tranquille, j'enfouie ma tête sous l'oreiller et rabat la couette par-dessus. Je veux dormir.

Hier soir, ou devrais-je dire la nuit entière, j'ai lu toutes les lettres de Maxens, bouleversant mes certitudes. J'étais loin d'imaginer qu'il agonisait tout autant que moi à des centaines de milliers de kilomètres.

Toutes ces années, la souffrance, les regrets, la solitude, la peur, les morts, la guerre, la dépression, l'envie d'en finir ou de vivre ont rythmés son quotidien. Comment a-t-il fait pour survivre dans ce milieu et cette atmosphère hostile ? Car c'est effectivement ça : survivre dans l'enfer.

Ses lettres, de plus en plus longues, m'ont fait pleurer, encore, et rire, parfois. Toutes les émotions sont passées sur mon visage sous le regard bienveillant de Laeti.

Mon amie est restée présente tout le long, nous apportant tantôt une tasse de thé, de café ou de chocolat, m'encourageant à poursuivre ma lecture quand j'en avais besoin. Quand je vivais chacun des mots de Maxens couchés sur papier. Pourquoi aucune de ses lettres ne m'a été délivrée ? Sur la plupart, l'adresse était pourtant la bonne. Les premières lettres ont été expédiées à notre premier appartement, et retournées à son expéditeur, Maxens, avec l'adresse barrée. Un de mes anciens voisins a dû en réceptionner une puisque ma nouvelle adresse, celle de notre maison avec Marc, y est annotée. Retournée elle aussi à son expéditeur. Sur les enveloppes suivantes, ma nouvelle adresse est rayée avec force suivie de la mention « RETOUR A L'ENVOYEUR !!! ». Ma mâchoire s'est serrée quand j'ai reconnu l'écriture.

Aucun mot n'a franchi les lèvres de Laeti lorsque j'ai replacé toutes les enveloppes dans la boîte noire après les avoir analysées. Ses bras m'ont simplement enveloppée jusqu'à ce que je m'endorme.


— Éva lève-toi on va être en retard !, me réprimande Laeti. J'ai donné rendez-vous à Mathilde, la styliste qui travaille pour moi. Oublie la robe que je t'ai ramenée hier, on passe à l'étape supérieure.

— ...e...a...e...é

Laetitia n'entend pas ma réponse étouffée dans mon cocon, et s'impatiente vu le geste vif qu'elle exécute en arrachant la couette.

— Debout !, dit-elle en même temps. Il est temps pour toi d'aller de l'avant ! Stop aux réflexions maintenant tu vas agir !

Un courant d'air glacé me réveille prestement.

— Hey !, je grogne. Je ne veux pas me lever ! J'ai quasiment pas dormi de la nuit je te signale !

Laeti s'assoit sur le lit, soufflant de résignation.

— Et qu'en as-tu retenu ? Je veux dire... Les lettres de Maxens, ont-elles annihilé tes doutes ?

Ai-je encore des inquiétudes sur le fait qu'il m'abandonne encore ? A bien y réfléchir, je ne pense pas. J'ai compris plusieurs choses : 1- Maxens m'aime. Son retour, ses attentions, sa patience et toutes ses lettres le prouvent encore. 2- il s'est senti acculé par sa propre crainte de me perdre. Ses parents n'ont pas supporté la distance due aux missions de son père et se sont séparés. Maxens a très mal vécu le divorce. 3- Il a souffert autant que moi. Dans ses lettres, il expliquait qu'il ne voulait plus vivre si je ne faisais plus partie de sa vie. En lisant la citation de Victor Hugo « ...Je voudrais recommencer ainsi pendant l'éternité, et chaque soir, je regrette la nuit qui va s'écouler sans toi, et chaque matin, j'en veux au soleil de briller, comme aujourd'hui, quand tu n'es pas dans mes bras... », j'ai compris que j'étais son monde. 4- Il n'a jamais abandonné l'espoir de revenir. Pour ça, je dois remercier Christophe qui a épaulé mon homme dans ses moments de déprime. Grace à sa combativité, Maxens est revenu sain et sauf. 5- Je l'aime de tout mon être et il a toujours été mon monde.

Si seulement...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant