*Chapitre 2

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De retour dans la salle, Maxens n'est plus assis à notre table. Mes yeux parcourent la piste de danse à sa recherche.

Mais où est-il ? 

Relevant un peu le devant de ma robe, je me dirige vers les toilettes hommes.

— Max ? j'interroge à travers la porte.

Je recule d'un pas lorsqu'un oncle de Chloé en sort, le sourire aux lèvres et le regard un peu vitreux.

— Non ma jolie, ce n'est pas Max. Il est sorti, me répond-il en désignant l'extérieur.

— Oh merci beaucoup, dis-je en tournant les talons.


Le mois d'avril étant encore frais, je porte mes mains à mes bras pour me réchauffer en passant les portes vitrées. Maxens où es-tu ? La fête ne m'amuse plus tout à coup. J'ai froid, j'ai mal aux pieds avec ces hauts talons, et Maxens est introuvable. J'essaye de l'appeler et tombe aussitôt sur son répondeur.

« Bonjour c'est Maxens, je suis certainement trop occupé sur mon temps libre pour pouvoir vous répondre (mes rires en fond), alors laissez un message et je vous rappellerai, (nouveaux rires) ou pas ».

Je scrute le parking à la recherche de notre voiture de location. Il me semblait pourtant que Maxens l'avait garée à la troisième place juste devant, mais elle est vide. Non il n'a pas pu partir sans moi, si ? Il m'aurait prévenue ? Mon cœur s'emballe à cette perspective et je décide de retourner à l'intérieur.

Plusieurs invités me dévisagent. Je dois ressembler à une folle tellement je panique. Quelque chose ne tourne pas rond, j'ai un mauvais pressentiment.

Quand Bastien arrive à ma hauteur en posant ses mains sur mes épaules, je comprends à son regard navré, qu'il sait où est Maxens.

— Éva, dit-il. J'ai essayé de le retenir mais il est parti. Que s'est-il passé ? Max était complètement perdu. Il n'entendait rien de ce que je pouvais lui dire.

Mon monde s'arrête de tourner, mon cœur a cessé de battre. Je comprends, par ces quelques mots, que Maxens est vraiment parti. Qu'il m'a laissée seule.

— Quoi ? Non... je geins en secouant la tête de gauche à droite.

Bastien, le meilleur ami de l'homme de ma vie, m'enveloppe de ses bras pour me réconforter avant de me murmurer à l'oreille :

— Il reviendra, laisse lui du temps... Je vais essayer d'en savoir plus.

Stoïque dans les bras de Bastien, l'information parcourt mon être, déversant sur ma chair un poison acide. Mon pire cauchemar est bien réel. Maxens est parti. Certains invités nous observent, chuchotant dans l'oreille de celui ou celle qui veut bien l'entendre que je suis la pauvre fille lâchement abandonnée au mariage de ses amis. C'en est trop. Je ne trouve plus ma respiration, un étau serre ma poitrine. Je bouscule Bastien en m'échappant de sa prise et cours me réfugier aux toilettes.

— Éva ? Ça ne va pas ? Que s'est-il passé ? me demande Chloé. Pourquoi tu pleures ?

Le blanc immaculé de sa robe détonne avec les murs en briques rouges et le carrelage noir des toilettes de la salle des fêtes. Son visage est inquiet face à l'image que je dois renvoyer.

La musique douce que nous entendons contraste avec les hurlements de douleur dans ma tête. Un couteau est planté dans mon cœur le déchirant en lambeaux, morceaux par morceaux, lentement, sans anesthésie, le laissant à vif. Il est parti.

Le jour le plus important et le plus heureux pour mon amie devient le plus insupportable et cauchemardesque pour moi. Chloé et Bastien ont prononcé leur vœux devant Monsieur le Maire et à l'église. Nous étions tous euphoriques, leur joie était contagieuse. Je ne comprends pas ce revirement de situation. Je suffoque, mes larmes coulent sans discontinuer.

— Éva tu m'entends ? Qu'est-ce que tu as ? s'inquiète-t-elle.

— Parti..., dis-je.

Ma voix s'étouffe dans mes sanglots. Les soubresauts de mes épaules s'intensifient et un gémissement plaintif s'échappe de mes lèvres. Peut-on mourir pour un chagrin d'amour ? Je pense pouvoir en devenir l'exemple. Je vais me réveiller, tout cela n'est qu'un cauchemar. Je vais me réveiller, il ne peut en être autrement.

— Éva je ne comprends rien. Qui est parti ? répète-t-elle me ramenant à la dure réalité.

Sa main caresse ma joue, essuyant sans trop y parvenir les larmes devenues incontrôlables.

— Tu me fais peur Éva, je vais chercher Maxens, conclut-elle en se redressant, prête à ouvrir la porte.

Le chercher ne servira à rien. J'ai déjà fait le tour de la salle, du parking, j'ai même appelé son portable. Rien. Plus aucune trace de lui. Et quand Bastien a croisé mon regard, j'ai compris. Mon monde s'est effondré. Il m'a abandonnée.

— C'est lui qui est parti, dis-je entre deux sanglots.

Chloé reste immobile, réfléchissant surement aux mots de réconfort qu'elle pourrait prononcer pour apaiser mon cœur. Un cœur lourd de douleur. Trop lourd pour moi.

— Éva..., dit-elle simplement. Que s'est-il passé ?

Comment lui expliquer quelque chose que je ne comprends pas moi-même.

— Nous étions bien. Enfin je crois. Maxens était différent aujourd'hui, plus heureux, plus souriant, dis-je.

— Et il t'a dit pourquoi il partait ? m'interroge-t-elle. Arrête de pleurer. Il va surement revenir. Tu as dû mal comprendre bichette.

— Non. Nous avons dansé un bon moment. Il était doux, amoureux. J'allais lui dire Chloé quand j'ai reçu un appel d'un gars du club de sport. J'ai dû m'absenter quoi... cinq minutes ? Quand je suis revenue, sa chaise était vide. Sa veste n'était plus là. Et... quand je suis allée sur le parking, la Porsche louée n'était plus là... Et.... Bastien a confirmé. Même lui n'a pas réussi à le retenir. Finalement, c'est lui qui m'a abandonnée et je ne comprends pas.

Chloé passe sa main dans mes cheveux et je m'effondre à nouveau. Assise au sol, mes genoux ramenés sous mon menton, j'ai besoin de m'exprimer. J'ai besoin de dire les choses à voix haute.

— Je suis enceinte Clo. Je n'ai même pas eu le temps de le lui annoncer, dis-je d'une voix lourde de regret. Je suis enceinte d'un mois. Comment je vais faire Clo s'il ne revient pas ?

— Il va revenir, dit-elle confiante. Tout va bien se passer. Maxens t'aime, il reviendra.

Ses mots réconfortants n'ont malheureusement aucun effet. Ce poids énorme grossit sur mon cœur, après avoir terrassé tout mon monde. Strike au premier coup... Sans lui, je n'arriverai pas à vivre.

Si seulement...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant