Si seulement...

Chapitre 22

«Ce qui compte c'est pas le nombre de coups que tu peux donner, mais c'est le nombre que tu peux encaisser et continuer à avancer. »

Inconnu, dans le film Rocky.

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J'ai du mal entendre. Les lèvres d'Éva bougent mais je ne comprends pas ce qu'elle me dit. Un brouillard m'enveloppe. Mon fils ? Mais voyons je suis parti depuis plus de cinq ans ! Je me lève et commence les cent pas, sans me préoccuper des bras d'Éva qui retombent le long de son corps. Nous avons fait l'amour pour la dernière fois un mois avant le mariage de nos amis. Éva savait donc qu'elle était enceinte ce jour-là. Elle a eu l'occasion de m'en parler ! Pourquoi ne l'a-t-elle pas fait ? Cela signifie qu'il aurait quoi... cinq ans ? Tout le monde m'a menti ! Forcément, tous le savaient ! Mes mains jointes sur ma tête, je peine à retrouver mon calme.

— Maxens, parle-moi, dit-elle.

Impossible. Ce qui pourrait sortir de ma bouche dépasserait mes pensées. Je ne peux pas la regarder. Je dois retrouver mes esprits avant. Inspire, expire. Inspire, expire. Mes mains serrent mes cheveux et face à l'océan, j'essaye de n'écouter que les vagues qui roulent sur le sable. L'eau a revêtu ses couleurs sombres, à l'image de mes pensées.

— Maxens, renifle-t-elle.

Sa supplique fait mal. S'il te plait Éva laisse-moi deux minutes pour encaisser cette nouvelle. Je frotte mon visage, effaçant les perles salées du coin de mes yeux au passage.

J'ai tout raté par mon impulsivité : ma demande en mariage, la célébration de cet événement, la grossesse de la femme que j'aime, toucher son ventre arrondi, la naissance de notre premier enfant, notre fils. Mon fils. J'ai gâché la vie d'Éva, et j'ai déjà du mal à vivre avec. Mais gâcher aussi la vie d'un enfant, le poids est trop lourd à porter.

— Pardonne-moi. J'avais peur de te le dire, pleure-t-elle.

Je me tourne vers elle en fronçant les sourcils et lui demande :

— Pourquoi ?

Surprise que j'arrive enfin à prononcer un mot, elle hoquette.

— Erwan est jeune. Je voulais être certaine que tu ne repartes pas avant de t'en parler, confie-t-elle. Je ne voulais pas qu'il souffre.

Éva esquisse un sourire tendre en parlant de lui. Triturant ses doigts, elle poursuit :

— Il te connait, il sait tout de toi. Il t'idolâtre même, rit-elle. Erwan connait le nom de ton chien et a voulu une peluche aussi grosse pour faire comme toi.

Savourant ses paroles qu'elle débite à une vitesse incroyable, mon cœur se fait moins lourd. Éva espérait mon retour c'est certain. Au fond d'elle, elle savait que je reviendrai. Et en parlant de moi à notre fils, inconsciemment, elle a gardé ma place dans leur vie.

— Je voulais aussi connaitre les raisons de ton départ avant, dit-elle honteuse.

— Tu les connais depuis presque deux semaines. Ma question était : Pourquoi n'as-tu rien dit au mariage de Bastien ? Tu le savais déjà n'est-ce-pas ?

— Mais je voulais te le dire !, hurle-t-elle en se relevant. Mais tu es parti en me laissant ! En m'abandonnant !, pleure-t-elle à nouveau.

Ses bras serrent son corps en guise de protection avant de murmurer :

— En nous abandonnant....

— Alors tu ne voulais pas me quitter ? Je t'ai entendu parler avec Chloé. Elle te conseillait de me dire quelque chose et tu ne voulais pas... repris-je à voix basse.