Chapitre 26

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« Toute lettre d'amour est un calligramme de l'avenir »

De Camille Laurens / L'Avenir



Mon téléphone brûle mes doigts et je raccroche aussitôt. J'ai peur. Mon premier réflexe est d'appeler Maxens. L'index prêt à appuyer sur son nom, ma conscience me rappelle à l'ordre. Non, laisse le tranquille, tu souffles encore le chaud et le froid avec lui. Reviens, ne pars pas / laisse-moi du temps, je veux être seule... Tu es une adulte maintenant. Apprends à gérer !

Le numéro inconnu retentit à nouveau. Je glisse mon doigt fébrile pour prendre l'appel, déterminée à affronter Marc.

— Allo ? dis-je.

— Hey salut poulette ! Qui t'appelle en direct des coulisses ou ses créations ont été validées et vont défiler dans dix minutes ? s'écrie mon amie.

— Oh Laeti c'est toi !, je souffle soulagée.

— Bah oui patate qui veux-tu que ce soit ?, demande-t-elle intriguée. Ça va ? T'es bizarre.

— Non... enfin oui ça va, je bégaye.

— Éva..., dit-elle d'une voix réclamant la vérité.

— Ce n'est rien Laeti. Tu rentres quand ? demandé-je.

— Ce soir après la soirée ou demain matin si elle se termine tard, me dit-elle. Dis-moi, j'ai un service à te demander.

— Oui je t'écoute, je réponds.

— Pourrais-tu déposer ton double des clés de mon appartement à Nicolas ? Cette nouille a oublié les siennes à l'intérieur en claquant la porte ce matin. Je viens d'avoir son message et il est en panique le pauvre, rit-elle.

— Pas de problème, j'y vais maintenant si tu veux. Comme ça il payera mon dîner, je plaisante.

— Bah, tu n'es pas avec Maxens et Erwan ? demande-t-elle.

Laetitia est perspicace, rien ne lui échappe.

— Non c'est compliqué, je réponds. Je t'expliquerai demain.

— Hum, répond-elle. Bon je dois filer. J'appelle vite fait Nico pour lui dire que tu arrives. Bisous poulette, merci

— Pas de souci, à demain, dis-je avant de raccrocher.

Sky sur mes talons, nous continuons notre marche en direction de la maison. Je me retourne vivement quand un frisson glacé parcourt mon échine. Personne. Tu délires Éva, le chien aurait réagi si un voleur rodait derrière un buisson.


Aussitôt la porte d'entrée franchie, je me barricade à l'intérieur avant d'aller observer la rue discrètement par la fenêtre, lumière éteinte. Toujours rien. Je remercie Maxens d'avoir eu la bonté de laisser son chien avec moi. D'ailleurs, plus rassurée s'il pouvait venir avec moi au pub, j'envoie un message à Nico :

De moi :

« Le Chien de Max ne me quitte plus. Y'a moyen qu'il vienne avec moi au pub ? »

J'ai bien conscience qu'un chien, même parfaitement dressé, n'est pas toléré dans les lieux publics à cause de l'hygiène, etc. J'espère seulement que Nico aura une solution.

Dans l'attente de sa réponse, je grimpe les escaliers pour me préparer dans la chambre.

Ma valise étant encore au pied du lit, je décide avant tout de raccrocher mes vêtements dans la penderie. Maxens n'a pas pris grand-chose, son treillis étant la seule tenue obligatoire sur la base. Mes yeux explorent ses vêtements parfaitement alignés sur les étagères. Décidément, les automatismes de l'armée sont partout. Je récupère un sweat ample dans lequel je compte dormir avant de le laisser tomber sur le lit derrière moi. Je continue mon exploration et tombe sur une boîte en carton derrière sa pile de t-shirt blanc. Elle n'est pas dissimulée, donc pas secrète. Juste une boîte posée là. La curiosité m'emporte et je prends le carton dans mes mains.

Si seulement...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant