*Chapitre 3

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Quelques semaines plus tard...


Aucune nouvelle. Pas un message. Pas un appel. Pas une lettre. Le répondeur de Max n'accepte plus aucun message. Je n'ai rien compris. J'ai l'impression d'être sous un sédatif puissant, un analgésique dont la date de péremption est dépassée. Mon cœur est pris dans un étau sans aucune possibilité de m'y soustraire. Je passe mon temps à attendre, assise sur le canapé, un plaid sur les genoux, le regard rivé sur la porte d'entrée.

Les cernes sous mes yeux prouvent que le peu de sommeil n'est pas réparateur. Loin de là. Chaque nuit est synonyme de cauchemars, de crises d'angoisse. Mon teint est livide, je ne sors plus de chez moi et le soleil d'été ne pigmente plus ma peau. Je n'ai plus goût à rien. Je végète. Je ne réponds plus au téléphone de peur d'occuper la ligne s'il m'appelle. L'appétit n'y est plus non plus et je perds du poids. Le peu de nourriture avalé est renvoyé aussitôt. Ce n'est pas bon pour mon bébé. Il faut que ça cesse, j'en suis consciente. Ma main se pose sur mon ventre. Je n'ai plus que lui. Ma voix éraillée résonne dans le salon en parlant à mon enfant :

— T'en fais pas, moi je reste et je vais prendre soin de toi. Laisse-moi juste un peu de temps. Juste du temps.

Maxens et moi avions loué cet appartement récemment. Le peu de vie commune que nous avons partagée ne présageait pas un départ précipité de sa part. Que s'est-il passé bon sang ! La sonnette de l'interphone retentit m'obligeant à me lever péniblement du canapé.

— Oui ? je demande.

— T'es prête ?, demande Chloé. Nous avons rendez-vous dans quinze minutes, tu descends ?

Non je ne suis pas prête. Je veux que Maxens soit là. Qu'il puisse rencontrer notre enfant pour la première fois. Mes larmes brouillent ma vue. Depuis son départ, je ne fais que pleurer. Certains diront que c'est les hormones, mais moi je sais que c'est bien plus que ça. Maxens est parti en emportant ma joie de vivre, mes espoirs, mes rêves, mon cœur. Je le déteste de me faire ressentir ces émotions mais je l'attends malgré tout. Je veux qu'il revienne, je l'aime.

— Éva ? s'inquiète Chloé.

— J'arrive, je réponds peu convaincante.

Mes yeux fixent l'écran en noir et blanc tandis que mes larmes dévalent une fois de plus sur mes joues. Chloé pose sa main sur mon épaule qu'elle presse tendrement.

— Voici la tête, le ventre..., explique l'obstétricienne.

Je n'écoute qu'à moitié les indications de mon médecin tellement je peine à respirer en entendant les battements de cœur ultra rapide de mon bébé.

— Madame. Il faut vous nourrir convenablement, me sermonne-t-elle. Vous devez nourrir votre bébé pour son développement, pour sa santé et pour la votre également. Pour le moment tout va bien, rassurez-vous.

Je hoche la tête sans pouvoir parler. Oui j'aime déjà ce petit bout de nous, prouvant que nous nous sommes aimés. Maxens revient... Tu serais aux anges en connaissant l'existence de ton enfant. Notre enfant. MON enfant. Un reste de lui, de nous. Je dois le protéger et consacrer ma vie à son bien-être.


Quelques mois plus tard...

Cette première échographie a été un électrochoc. Depuis deux mois, j'ai repris du poids. Je force mes sourires et je sors un peu plus. J'ai accepté les appels de mes amis, et notamment ceux, nombreux, de mon ami du club, Marc. Inconsciemment, je lui en voulais d'avoir interrompu mon moment avec Maxens pendant le mariage. Et s'il n'avait pas appelé, Maxens serait-il parti ? C'était injuste de ma part. Mes amis ne le connaissent pas encore puisque nous n'avons pas eu l'occasion de sortir tous ensemble. J'aurai l'impression de remplacer Maxens. Personne ne le peut. Marc est gentil avec moi, mais jamais il ne sera lui. Je ne peux pas le voir autrement qu'en ami même s'il aimerait plus. Il prend de mes nouvelles tous les jours, m'apporte le petit déjeuner dès qu'il le peut en sonnant à ma porte avec mon courrier en main. Une fois par semaine, il m'invite au cinéma pour que je puisse « voir autre chose que ces quatre murs ». Il est adorable avec moi.

Si seulement...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant