Chapitre 30

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« Un amour véritable est celui qui triomphe durablement, parfois durement, des obstacles que l'espace, le monde et le temps lui proposent»

Alain BADIOU, Eloge de l'Amour (2009)



*** Éva ***

C'est le grand jour aujourd'hui et j'ai du mal à réaliser tout le chemin parcouru.

Depuis l'annonce de ma grossesse, Maxens est aux petits soins : croissants frais avec chocolat chaud le matin, s'occupe des courses, fait le ménage, etc. J'avoue en profiter un peu parfois. Bref, il prend soin de moi, de nous, et apprécie de voir mon ventre s'arrondir.

Lors de la première échographie Maxens a pleuré, oui pleuré, tellement ému d'entendre les battements du cœur de notre enfant. L'obstétricienne, la même que pour Erwan, a répondu avec plaisir à toutes les interrogations de Maxens, ravie que le papa soit aussi excité par ma grossesse. Je le soupçonne même d'avoir volontairement prolongé notre moment dans la salle d'examen pour observer notre crevette sur l'écran en noir et blanc. Il nous tarde d'être à la prochaine visite pour connaitre le sexe du bébé. C'est d'ailleurs sur le pas de la porte du docteur et sous les regards assassins de femmes enceintes impatientes que ce soit leur tour, que Maxens a parié sur une petite fille. Le choix du roi comme on dit.

La maison que je partageais avec Marc a été vendue. La nouvelle m'est parvenue via un courrier du notaire début janvier. C'était l'occasion pour dévoiler à Maxens la discussion que j'avais eue avec Marc sur le parking de la salle des fêtes, le soir de l'anniversaire d'Erwan. Maxens gardera, même en connaissant la vérité, une rancœur vis-à-vis de Marc et de son cousin. Je ne peux l'en blâmer puisque j'ai le même sentiment. Pour la signature chez le notaire, Marc a donné procuration et n'était pas présent à mon grand soulagement. L'argent de la vente est placé sur un compte pour l'avenir d'Erwan. La page n'est pas tournée, c'est le livre entier qui est fermé.

Étrangement, la santé de mon père est stabilisée depuis le retour de Maxens. Les médecins ne comprennent pas eux-mêmes. Il n'est malheureusement pas guéri de cette horrible maladie mais comme les médecins disent « parfois la médecine n'explique pas tout ». Et je suis très heureuse de pouvoir marcher jusqu'à Maxens au bras de mon petit Papa aujourd'hui.

Nous avons choisi de célébrer notre union à la mairie du Pouliguen et avons réservé plusieurs chambres à l'hôtel l'Hermitage de la Baule pour nous préparer. Après la mairie et l'église, nous irons faire la fête dans notre pub, le Carnic, que Carlos a bien voulu nous prêter pour l'occasion.


Vêtue du peignoir de l'hôtel, j'attends mes amies, témoins de notre union, pour me préparer. Surprises par des éclats de voix dans le couloir, je me dirige vers la porte que j'ouvre discrètement avant de repérer Maxens, cerné par mes amies.

— Non Maxens ! Tu ne verras pas Éva avant ! crie Chloé lui barrant le passage.

— Juste une minute les filles ! Juste une minute !, réclame-t-il plaintif.

— Tu n'as pas le droit de voir la robe avant la cérémonie Max ! argumente Laeti.

Un rapide coup d'œil par-dessus mon épaule sur la housse suspendue à ma porte de salle de bain, me confirme que ma robe n'est pas visible. Moi aussi je veux voir Maxens ! J'ouvre un peu plus grand ma porte et sort dans le couloir.

— Hey ! Deux minutes les filles ! je réclame à mon tour.

Un air victorieux sur le visage, Maxens profite de l'inattention de nos amies pour tendre ses bras entre elles et les écarter de chaque côté pour pouvoir passer. Les protestations de ces dernières ne l'arrêtent pas et il m'embarque dans ma chambre avant de leur claquer la porte au nez par le talon.

Si seulement...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant