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Partie 8 : « À aimer la vie ! »

« Je m'étonne quand je me rend compte a quel point on peut aimer la vie
Je m'étonne quand je constate a quel point on est attaché a la vie
On s'y accroche, on s'y agrippe fermement, pourtant
La vie n'est pas faite que de bons moments, malgré tout on l'aime
Et pour ne pas la perdre... on perdrait beaucoup

Car la vie est... la vie est ...

La vie est comme ces fruits dont le goût est sucrée, puis soudainement amer
Elle n'est ni noir, ni blanche, non elle est beaucoup plus complexe que cela
C'est un remarquable mélange de douces saveurs
A d'autres, fortement épicés.
Un métissage entre le bien et le mal, entre l'agréable et le détestable
Entre l'acceptable et l'inacceptable, entre le vrai et le faux
Entre l'illusion et la réalité, 
Entre l'espoir et la crainte » - K-J.

Ce samedi matin là, la neige ne recouvrait pas non seulement le sol de nos quartiers, mais recouvrais mon cœur aussi. Mes mains n'étaient pas les seuls a gelée, c'était une sensation nouvelle. Un sentiment que je ne pourrais décrire, ni expliquer. Le geste qu'avait fait ce « Néant » dans le bus, ne m'avait pas laissée de marbre au contraire, j'aurais jamais pensé qu'il se comporterai ainsi avec une simple inconnu -dont il en sait beaucoup- C'est un geste de protection que seul un frère aurait pu faire je suppose. C'est un geste que ne ferait personne pour une simple inconnu. Dehors, tout le monde s'étaient vêtu chaudement, à l'exception de ce « Néant » il portait un jogging, un simple pull et sa casquette. 

Plusieurs images défilent dans ma tête : le fait qu'il soit différent des autres, le fait qu'il ait cet expression neutre sur son visage.. sa manière d'être est surprenant, il est tellement mystérieux. J'aurai tant aimée savoir le pourquoi du comment, de cette histoire : le fait qu'il me suive ! 

On se cantonne beaucoup à ce que l'on voit au quotidien, dans nos quartiers : j'ai eu l'habitude de voir les même tête cramé dans mon quartier. Ils semblent si différent, mais font les même chose chaque jours. La vie de ses banlieusard, se résume à squatter les hall de chaque immeuble, si ce n'est pas le tien aujourd'hui, ça le sera demain. On peut les voir tôt le matin, et les revoir à la même emplacement le soir. La seule différences qu'on ces hommes issu de mon quartier, est qu'ils sont pas tous de la même origine. Ce qui fait souvent l'union dans nôtre cité, est le fait qu'on a différence d'origine, c'est ce qui fait parfois notre solidarité.

Ici, on voit toujours ses jeunes filles se prenant pour des « bonhommes » ; le même style vestimentaire, des paroles similaire, des insultes à chaque phrases. Des femmes au caractère d'homme mais au cœur fragile. C'est une sorte de carapace qu'elles se sont forgés pour certaine d'entre-elles, pour ne pas paraître pour des femmes facile. On voit souvent aussi ces belles femmes qui oublient de s'habiller, elles ont des atouts et ne se gêne pas pour les mette en avant, c'est regrettable, de voir ses femmes se dénudés pour exister. Ce qui est affreux est que les hommes ne se préoccupent pas de s'amuser avec ses demoiselles, mais après il rêve tous de se marier avec une femme n'ayant jamais fréquenter un homme, une femme portant le voile parfois ! Pourquoi vouloir d'une femme couverte ? Alors qu'eux ne le sont pas ? 

On descends à l'arrêt de bus près du quartier, suivit de « Néant ». Mon père me parlait mais j'étais pas très attentive à ses paroles, le fait qu'il soit derrière nous, me rendais anxieuse. Il était vraiment à l'écart. Pour la première fois, il me suivait, sans pour autant être discret.

- Baba : Tu m' écoutes Hâyati ?

- Oui baba..

Baba : T'est sûre que ça va ?

- Oui, oui, j'ai juste eu peur tout a l'heure.

- Baba : T'es comme ta mère, toujours aussi inquiète.

- Mais non..

- Baba : Le garçon qui m'a aidé, il m'a l'air d'être un garçon pas comme les autres.

- Comment ça baba ?

- Baba : Je sais pas comment t'expliquer. Après qu'il m'est parlé mon cœur n'est pas tranquille.

- Tu penses que c'est pas quelqu'un de bien ?

- Baba : Je sais pas, seul Dieu connaît ce qu'il y a dans nos cœurs. Mais, il m'a l'air de ne pas vraiment aimer la vie.

- Explique-toi.

- Baba : Je suis aveugle, mais je comprends des choses sans forcément le voir.

- Explique-toi baba.

- Baba : Ça l'air d'être quelqu'un qui n'aime pas la vie, qui respire mais qui est mort. Il ne dégage pas une joie de vivre comme beaucoup d'entre nous. Il doit être à la recherche de quelque chose. Dis moi, toi qui l'a vu, il est comment ?

- Euh..il laisse rien percevoir de lui, aucune expression.

On a finalement changer de sujet. Je me suis retournée, et il était toujours derrière nous. J'ai même faillit trébucher. Mon père s'est mit à rire, je me sentais bête sur le coup et on a rit aux éclats. En arrivant devant notre immeuble, les jeunes ont salués mon père et on est monté ensemble. Pour certains de ces jeunes -pour ne pas dire la majorité-, mon père est comme un second père pour eux. Il les conseille, les demande d'arrêter leur bêtise, parfois ils viennent frapper à notre porte et mon père les reçoit volontiers. 

En arrivant à la maison, on a expliqué ce qui est arrivé à mon père, et Yemma l'a « grondé ». Mon frère était choqué. Mais grâce à Dieu rien n'est arrivé à Baba. 

Je suis ensuite partie me cloîtrais dans ma chambre. J'étais chamboulée par ce qui venait de nous arriver. Je me suis mise dos à la porte de ma chambre. Plusieurs images passés comme un diaporama à chaque fois que je clignais des yeux. Le fait qu'il m'est aidée prouve qu'il ne me veut pas de mal.. le fait que mon père ait dis tout ça sur lui sans l'avoir vu, c'est pas anodin. J'ai réfléchie longuement, et suis sortie de ma chambre.

J'ai expliquée à mes parents que je devais aller remercier une personne. Mes parents, ont une grande confiance en moi, que je ne trahirais pas ; pour rien au monde je ne voudrais décevoir mes proches. Je suis en quelque sorte responsable de ma famille, et les détruire de n'importe qu'elle manière serait détruire le royaume solide qu'ils ont construit il y a de ça des années. Je suis descendue en bas. J'ai ressentie le besoin d'aller remercier « Néant ». Certes, je ne le connais pas, mais une chose me dis qu'il ne me veut pas de mal. Quelque chose me dis, qu'il n'est pas le banlieusard typique que beaucoup d'entre nous connaisse.

Il neigeait toujours ; je marchais sous la neige, à la recherche d'un inconnu : en plus un homme. Je me posais mille et une questions, sur le moment, je me mettais à regretter le fait de chercher un homme qui n'est pas de ma famille. Je voulais faire demi-tour, j'avais le choix entre écouter ma raison, ou mon cœur : le cœur avait pris le dessus. C'est sûr qu'il est là quelque part. J'avais pas de doute sur ça ! Soudain, j'ai entendu quelqu'un se raclait la gorge. 

Paraplégique je suis devenue. Sa simple carrure imposante me faisait froid dans le dos. J'ai automatiquement baissée la tête, et me suis mise à regarder mes mains tremblante -à cause du froid- en même temps je cherchais mes mots sans vraiment les trouver. J'ai soufflé un bon coup, l'air frais rentrée dans mes poumons : 

- Je..je me lance. Je te connais pas, mais le fait de m'avoir suivit aujourd'hui t'as servit : tu m'a sauvé la vie, enfin celui de baba. Et wallahi (*Par Allah) je t'en suis reconnaissante. Et, aussi merci pour tout à l'heure dans le bus, c'était gentil de ta part. Je sais pas ce que tu me veux, mais arrêtes de me suivre comme ça, parfois j'ai l'impression que tu veux me..enfin.. me tuer je sais pas.. déjà que... enfin... je juges pas les gens à cause d'un pressentiment, mais le fait que tu sois un...enfin tu vois.. tu me fais peur, mais le fais que tu m'es aidé me prouves que tu n'es pas un voyou comme les autres.

Ma dernière phrase était assez maladroite et bête je dirais parce qu'il a lâché un rire. Je ne savais pas ce qui était drôle dans mes paroles, mais lui les trouvait à en mourir de rire. J'ai même pas osée relever ma tête, mais je souriais sans vraiment le vouloir. J'ai grattée ma tête par dessus mon voile, j'étais gênée et lui n'arrêtais pas de rigoler. 

- « Néant » : « Je suis un voyou pas comme les autres ? » en faîtes tu me prends pour un voyou ?-il reprends un air assez sérieux-

- Euh..

- « Néant » : Un voyou elle a dit.. t'as pas tort. Mais un voyou pas comme les autres..-il s'est remit à rigoler-

Son rire était communicatif. Un rire à le pouvoir de changer une simple pensée, un rire à le pouvoir de rendre une personne de bonne humeur, un simple rire à des pouvoirs que beaucoup sous-estime. Un rire exprime tant de chose.. Quand je vois des gens qui oublie de sourire pendant une journée, je me demande comment ils font.. et « Néant » j'ai la sensation que ça fait un bon bout de temps qu'il n'a pas rigoler. 

- Je peux savoir ce qui est drôle Néant ?

- « Néant » -il s'est arrêté de rire soudainement- : Tu connais mon prénom, donc m'appelle pas comme ça.

- Je te connais pas, et je me permet pas de t'appeler par ton prénom.

- « Néant » : Je t'ai dis mon prénom, donc appelle moi Halîm.

- Pourquoi tu me l'as dis à moi ?

- « Néant » : Parce que je veux être ton pote.

- Je t'ai déjà dis que je...

- « Néant » : Je t'obliges pas, mais j'ai besoin de toi.

- Pourquoi ?

- « Néant » : À aimer la vie.

- Pourquoi moi ?

- « Néant » : Tu t'appelles bien Hâyat non ?

- Oui.

- « Néant » : Ça veut bien dire « la vie » ?

- Oui.

- « Néant » : J'ai besoin de la vie, pour aimer la vie.

- Comment tu connais mon prénom ?

- « Néant » : Au restaurant, je les entendais t'appeler.

- Depuis combien de temps tu me suit ?

- « Néant » : Depuis que j'ai entendu que ton prénom c'était « la vie ». Shab ? (*Ami)

Ses explications étaient incompréhensible, et incohérente. J'avais un doute sur le fait qu'il connaisse mon prénom en l'entendant simplement au restaurant. Une chose me disait qu'il me mentait, mais pour quelle raison ? Je ne savais pas. Je n'ai jamais eu vraiment d'amis tout court, mais encore moins un ami au masculin. Je me sentais pas bien sur ce fait là, que ce soit un homme. Je luttais pour lui dire une réponse négative, mais j'avais toujours un truc qui me disait de dire le contraire. Quand il parle, il ne met pas en avant des émotions particulière, c'est ce qui me pousse à vouloir en savoir plus la personne qu'il est, pour ne pas me cantonner à une simple couverture. 

- Euh..shab. À une condition.

J'ai acceptée.. J'ai acceptée en pensant aux paroles de mon père, qui n'était pas fausse. Mon père a un sixième sens je dirais. Il dit des choses sur les gens sans les voir : il a perdu la vue, mais à gagner quelque chose de mieux. Dieu t'enlève une chose, pour te donner quelque chose de meilleur et c'est ce que je pense qu'Allah a donné à mon père.

- « Néant » : Laquelle ?

- Je t'appelle « Néant ». Et, je te préviens, je suis pas très bavarde, tu risques d'apprendre à aimer la vie avec beaucoup de difficulté.

Hâyat - « Destin enflammés, cœurs carbonisés.»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant