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Partie 54 : « La foudre. »

Deux jours sont passés après ma visite au parloir, et les déclarations du cœur tourmenté qu'est en ce moment Rachid. Voir mon mari coupé du monde, m'as déstabilisée ; je suis dans les vapes, je suis dans un nuages sombre, inconfortable, je n'ai qu'une envie c'est de descendre de ce nuage. Je n'arrête pas de penser au manteau de lamentation dont il est habillé. Je trouveréconfort dans les bras de mon père sans vraiment lui dire tout ce qui me ronge, grâce à ma famille et à l'enfant qui grandis en moi, je tiens le coup. 

Seul, je pense à Rachid, qui enveloppe dans un linceul tout ses tourments, son silence le tue à petit feu. Je me met donc à écrire mes inquiétudes à un destinataire qui ne recevra jamais cette lettre. 

« Hâlim, 

Reviens nous vite. Tu manques à beaucoup de gens, ton absence ronge nos cœurs. Ton frère est mal, j'ai peur qu'il suive un mauvais chemin, j'ai peur qu'il déambule dans la pénombre de ses substances nocif. Je l'ai vu de mes propres yeux fumés quand je suis sortie du parloir. Il essaye de cacher son chagrin, mais ses yeux sont tellement expressif qu'on voit le flot de tristesse qui s'y trouve ; comme d'habitude, il masque tout, en faisant l'imbécile. Il m'a avoué être mal à cause de ton incarcération, je le comprends car je suis dans le même état. La fille dont il est amoureux... amoureux est un grand mot pour lui, dans son dictionnaire ce mot n'existe pas, sa bouche le nie, mais ses yeux crie la vérité. Cette jeune femme qui fait chaviré son cœur se nomme Yasmina, une très belle femme, beauté déformé par son caractère. Ses deux là devrait se remettre en question pour arriver à se supporter... la mèche de l'amour illicite qu'ils ont allumés ensemble a finit par exploser à leur figure. 

En un lapsus de temps, je me suis rendu compte qu'on est les victimes de tes erreurs, j'essaye parfois de trouver des coupables, pour ne pas te blâmer, ni me blâmer mais le responsable de tout c'est toi. Tu es coupable et la victime des erreurs du passé, et ensemble on paie chère. Tu le comprends, ta Vie est au plus bas, ton sourire me hante, tes bêtises me manque... mon moral est à zéro ! Une chose me tient encore debout, c'est la chair qui grandit en moi, le fruit de notre amour. Je sais que tu va m'en vouloir, mais te le cacher est la meilleur des choses pour toi ainsi que pour moi. Le lendemain, de nos retrouvailles... j'ai appris que tu avais crier ta rage au point de basculer et de frapper une personne, me voir t'as mis dans ses états, imagine si je te dis que tu as laissé un bébé derrière toi en plus de ta femme. Pardonne-moi mais j'y arrive pas. Pardonne-moi. » 

J'écris librement pour finir par enfermer ses mots. Entre ses lignes, il y a beaucoup de douleur à décrypter : le fait de ne pas lui dire, me pèse, c'est un poids lourd à porter. J'ai peur de sa réaction, donc le silence me semble la meilleur solution. Parfois je me dis qu'il se battrais s'il apprenait que sa chair grandit dans mon ventre, mais en pensant à ses multiples réactions j'abandonne vite cette idée. Lui dire serait l'envoyer vers la pendaison. Mon cœur est plus lourd que mon corps, j'arrive plus à le porter ; la douleur me tue. Chaque heures, chaque secondes est un duel : je soupire et m'habitue aux différents sentiments qui rouent sur mes joues. 

La mélancolie semble tatouée sur ma peau, je veux l'effacer mais elle s'obstine à me coller. Je veux retrouvé le goût que j'avais à aimer la vie, j'ai toujours vécu en pensant que la tristesse était juste de passage et n'était pas autant collante, pesante ! La tristesse il lui faut des menottes, il entre dans mon sang par effraction mais aucune loi n'arrive à l'arrêter. C'est hardcore de se sentir autant oppressée par un seul sentiment. Je veux m'en détacher mais elle fait partie de moi-même. 



- J'ai besoin de toi.

- Hafid : Pourquoi ?

- Accompagne moi dans le quartier de Hâlim.

- Hafid : Tu veux aller faire quoi là bas ?

- Je dois voir une ancienne amie.

- Hafid : T'as une pote là bas ?

- C'est pas vraiment une amie mais voilà. Tu m'accompagnes ?

- Hafid : Bah ouais.

- Yemma, Baba vous êtes où ?

- Hafid : On y va tout de suite ?

- Oui. 

Je pars au salon pour les prévenir de ma sortie. 

- Yemma : Fais attention à toi !

- J'y vais avec Hafid, donc t'inquiète pas.

- Yemma : Hafid, tu fais attention à ta sœur !

- Hafid : Oui ma'.

Les regards sont braqués sur nous ; la femme de Néant dans le quartier. Je suis qualifiée ici, comme la femme d'un pseudo-meurtrier. Les pas frôlant le bitume, j'avance mon frère à mes côtés sans vraiment savoir où je vais. 

- Hafid : Tu sais qui tu cherche au moins ?

- Oui, mais je sais pas où elle habite.

- Hafid : C'est une blague ?

- Non.

- Hafid : Tu veux la trouver comment ta pote alors ?

- On va demandé.

- Hafid : Elle s'appelle comment ? Je vais demandé au petit là-bas.

- Yasmina.

- Hafid : Yasmina comment ?

- Je sais pas.

- Hafid : En faîte tu cherches une inconnu ?

- Non, enfin si. C'est compliqué. On va voir les petits.

On se dirige vers des petits qui jouaient au foot. Une petite qui était assise dos à nous, tourne sa tête et me regarde. Je la reconnais, c'est Nawel la petite qui avait accourue vers Hâlim la première fois que je suis venue rendre visite à mes beaux-parents. Elle s'est levée et est venue vers moi. 

- Nawel : Les garçons il y a la copine de tonton Néant.

Cria-t-elle. 

- Ça va Nawel ?

- Nawel : Oui et toi Hâ... Hâya ?

- C'est Hâyat.

- Nawel : J'avais oubliée pardon.

Répondis-t-elle en se grattant les cheveux. 

- C'est pas grave.

Je me suis accroupie à son niveau. Elle grattait son œil droit, en me souriant. 

- Nawel : Tonton il revient bientôt ?

- Oui, bientôt..

- Nawel : Tout le monde dis qu'il est dans une cage comme les oiseaux c'est vrai ?

- Oui c'est vrai mais il va bientôt sortir..

- Nawel : Les oiseaux dans les cages, ils crient. Tonton il crie ?

- Non, il crie pas parce qu'il va bientôt sortir.

- Nawel : C'était le seul qui nous donnait toujours des bonbons quand il était ici, il me portait dans son dos et me faisait tourné, Brahim essaye de faire pareille mais il est trop petit c'est pas amusant.

- Il revient bientôt t'inquiète pas.

- Nawel : Pourquoi tu pleures ?

- C'est rien..

J'essuie mes larmes. 

- Dis-moi Nawel, tu connais une fille qui s'appelle Yasmina ?

- Nawel : Non.

- Je te la décris peut-être que tu la connais d'accord ?

- Nawel : Oui.

- Elle est matte de peau...

- Nawel : C'est quoi matte de peau ?

- Un peu comme moi, mais pas beaucoup, elle est petite, elle a des grands yeux tout vert, elle s'habille en garçon.

Elle fait mine de réfléchir en se grattant la tête. 

- Nawel : Même que tout le temps elle dit des gros, gros, gros mots ?

- Je crois oui.

- Nawel : Elle habite le bâtiment loin là bas -en pointant du doigts une tour-, avec son papa qui est un méchant, comme dans les dessins animés.

- Comment ça méchant ?

- Nawel : Il est jamais content, il cris tout le temps donc moi j'évite d'aller attendre sur les toits là bas.

- Tu attends sur les toits ?

- Nawel : Oui, mais j'y vais tout le temps avec Brahim ou avec tout mes frères.

- C'est dangereux... vous attendez quoi sur les toits ?

- Nawel : Les garçons jouent, mais c'est moi qui attends. j'attends Krimo qu'il descende du ciel, comme ça on joue comme avant.

- Qui t'as dis qu'il était au ciel ?

- Nawel : Ma maman, et tonton Néant.

Du haut de ses six années, son innocence était intacte. Elle croyait que les étoiles c'était les personnes parties trop tôt. Elle commençait à me raconter combien elle aime Abdelkrim, elle emploie le présent comme s'il était là et qu'il allait apparaître. Mon cœur enfle à chaque fois qu'elle en parle, pour couper court à la conversation, je lui ai dis que je devais aller voir Yasmina. 

- Nawel : Fais attention à son papa, c'est un méchant.

- Faut pas traiter les gens de méchant c'est pas bien Nawel.

- Nawel : Mais c'est vrai, la dernière fois il a faillit me frapper, mais la fille qui dit tout le temps des gros mots m'as défendu.

- Hafid : Tu penses que c'est la fille que tu cherches ?

- On verra. Merci Nawel.

J'ai passée ma main dans sa chevelure et me suis levée. On est partie en direction de la tour qu'elle m'avait indiqué. Le bâtiment est vraiment à l'écart du quartier, les gens regardent comme si on venait d'entrer dans un coin interdit : des intrus chez eux. J'ai même pas eu besoin de chercher loin, puisque j'ai entendu une voix que je reconnaissais en train de gronder un petit. Elle était dos à moi, une casquette, les cheveux tombant le long de son dos, habillée tout en noir comme pour se camoufler. Après qu'elle ai finit sa séance de crie, le petit est partie sans rien dire. J'ai croisée le regard de mon frère qui souriait de toute ses dents, l'air de me dire « c'est un phénomène ! ». Elle enlève sa casquette et se retourne quand elle me voit c'est tout son visage qui se décompose. Elle remet sa casquette et part. 

- Reste là Hafid, j'arrive.

- Hafid : T'es sûr ?

- Oui...Yasmina attends.

Je marche rapidement pour la rattraper. 

- Je peux te parler ?

- Yasmina : Qu'est-ce que tu me veux ?

- Attends un instant.

- Yasmina : Je te connais pas, tu me connais pas donc décale !

- C'est à propos de Rachid.

- Yasmina : Je m'en doute, prends-le, j'en veux pas si c'est ce que tu crois.

- C'est pas ce que tu crois.

Elle s'arrête, se tourne vers moi, lève bien sa casquette pour bien me regarder dans les yeux. Je remarque un œil au beurre noir. 

- Yasmina : Je sais pas ce que tu comprends pas dans « décale », c'est pas compliqué non ? Ou je parle pas bien français ?

- Il t'est arrivée quoi à l'œil ?

- Yasmina : En quoi ça te regarde ?

- Je suis pas là pour ça... Rachid on est pas ensemble, y a rien entre nous, c'est juste mon...

- Yasmina : Ton plan cul ? Je m'en bas les couilles tu vois ?

- Lave ta bouche à l'eau de javel avant de parler, tout ce que tu sort est sale !

- Yasmina : Qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Casse toi et mes les casse pas, j'ai pas ton temps !

- Il a besoin de toi.

- Yasmina : C'est son dos, salam !

- Je suis la femme à Néant.

Elle s'est arrêtée. 

- Yasmina : T'as dis quoi ?

- T'as mal interprété, je suis pas sa meuf, je suis la femme à son frère.

- Yasmina : C'est toi la femme à Néant ?

- Oui. Rachid il a besoin de toi, il m'as parlé plusieurs fois de toi -en souriant-. C'est pas le genre à dire ses sentiments, en ce moment comme tu le sais son frère est en prison, et il a besoin de quelqu'un qui l'épaulerait. Il a en travers de la gorge ce que tu lui as dis la dernière fois donc je te conseille d'aller en parler avec lui. Je l'avais prévenu pourtant , aimer une femme dans l'illicite c'est pas une bonne chose, et maintenant tout les deux vous êtes dans un impasse.

- Yasmina : M'invente pas de vie, j'aime pas Rachid.

- Ton comportement montre tout le contraire. Je voulais juste te dire que tu t'es trompée, et que tu devrais le soutenir au lieu de l'offensé. Évites de parler de cette manière, tu gâches ton visage d'ange en ouvrant simplement la bouche. Salam.

- Yasmina : Attends... je dis des trucs sans réfléchir faut pas calculer. Il est où ?

- Je prends ça comme des excuses ? Je sais pas. Tu sais depuis que son frère est en prison il a décidé de s'éloigner de toi parce que sa famille a besoin de lui, il a trop de charge sur ses épaules, et sans vouloir te faire mal t'en rajoutes.

- Yasmina : T'es pas la seul à m'le dire, je suis un problème pour tout le monde. Je pense savoir où il est, je vais aller le voir, s'il m'éjecte pas.

-...: Yasmina ! Yasmina ! Hé Yasmina ! 

- Yasmina : Là je pourrais pas y aller y a mon père qui arrive, si tu le vois dis lui que je dis des trucs sans réfléchir et que v'la.

- D'accord, soigne ton œil c'est pas beau à voir.

- Yasmina : Tout comme ma vie. Salam.

Son père crie son prénom, je peux voir ses mains tremblaient avant qu'elle ne se dirige vers lui. Mon frère arrive vers moi : 

- Hafid : On dirait une femme battu ta pote là, regarde comment elle tremble. 

- On dirait...

Je la regarde partir sans rien dire. Sa vie n'as pas l'air si facile que ça. Elle commet beaucoup de maladresse, mais n'est pas aussi méchante qu'elle veut le montrer. On prends le chemin du retour. Yasmina doit en avoir gros sur le cœur pour être aussi violente et maladroite. Plusieurs suppositions défilent dans ma tête, différente les une que les autres. Elle a du mal à s'exprimer, ce qui est dommage. 

Sur la route on croise Samir et Lyna.

- Samir : Ta grossesse ça se passe ?

- Oui très bien merci. Lyna ça va ?

- Lyna : Oui.

Elle tremblait, et n'osait pas me regarder dans les yeux. 

- Je suis désolée si le fait que je ne veux pas le dire à ton frère te blesse mais c'est mon choix, accepte-le s'il te plaît.

- Lyna : J'aurais dû le respecter, mais j'en ai fais qu'à ma tête, excuse-moi Hâyat.

- De quoi tu parles ?

- Lyna : Je suis partie le voir au parloir, j'ai eu mal au cœur en le voyant et j'ai commis une bêtise... je pensais qu'il allait être heureux, qu'il allait sauté de joie qu'il... je suis désolée, j'ai pas respectée ton choix. 

Elle est partie en pleurant. J'arrivais pas à croire ce que je venais d'entendre. La foudre venait de s'abattre sur moi. 

- Samir : Quand elle lui as dit, il s'est pas contrôlé, et les matons sont venus le cherché. Elle pensait pas qu'il allait réagir comme il l'a fait. Lyna croyait bien faire maintenant elle regrette. 

J'étais soudainement devenue muette. Le choc était tellement puissante que j'en ai perdu la parole. C'est une blague, c'est pas vrai, elle a rien dis : j'attendais que Samir rigole et me dise « C'est une blague ». Mon espoir était vain, il est partie. Je pensais malgré son envie que son frère sache, elle allait respectée ma décision sans interférer. Mon frère me parle mais j'entends à peine ses paroles, les propos de Lyna venait de me brouiller le cerveau, j'étais pris dans le tourbillon du néant.

Hâyat - « Destin enflammés, cœurs carbonisés.»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant