Partie 32 : « […] jusqu'à ce que la faucheuse nous sépare...»
Je me suis réveillée dans mon lit. J'ai pas compris ce qui venait de se passer, mes parents et mon frère sont autour de moi et me regarde avec inquiétude. Je me suis refait la scène dans ma tête, et me suis rendu compte que je m'étais évanouie. La peine provoque des maladies parfois mortelle et les larmes sont les balles qui en finit avec ta vie. J'aime pas être le centre d'attention des gens et surtout de ma famille. Moi, qui me suit toujours efforcée de garder le morale devant eux ; j'ai fini par baissé les bras. Ça doit sûrement être la troisième fois qu'il me voit aussi mal ; rare était les fois où je fondais en larme devant mes parents.
Une soudaine envie -encore une fois- de vomir m'a fait sortir de mes pensées. Plus rapide qu'un éclair, j'ai enlevé le drap qui me recouvrait et j'ai couru vers les toilettes sous le regard de ma famille. J'ai tellement vomi que j'ai cru que j'allais vomir mon estomac. J'avais mal à la gorge et ma tête tournée. Mon cœur n'arrête pas de saigner, notre altercation je la regrette plus que tout ; si je pouvais retourner n'arrière je n'aurais rien gâcher. J'aurais profité de nos dernières heures tel une princesse dans les bras de son prince. Le remord est un plat amer, impossible à digérer. Je sors des toilettes et part me cloîtrer dans la salle-de-bain. Je rince ma bouche, et regarde mon reflet à travers le miroir ; je veux briser cette image de femme anéanti. Je me rends compte que la douleur, m'as rendu complètement pâle, je vois des joues creuse, des yeux gonflés et rouge. Son image, ses cries, la scène me revient, inévitablement les larmes qui étaient au bord de mes paupière ont finit par couler. J'en peux plus, j'ai fini par tirer ma révérence ; ma vie n'est que tristesse et tourment..
J'ai toujours était une femme forte, j'ai lutté avec une hargne qui rendait fière mes proches. Je me suis battu pour arriver là où j'en suis malgré les milliard de critique que j'ai pu recevoir. Parfois, j'avais envie de m'évader, de tout plaquer, de fuir ce monde abominable, mais mon entourage m'a donné la force de me battre contre vents et marrée. Dans mon cœur il y avait cette lumière qui ravivait mon corps, à cause d'un amour j'ai foutu tout en l'air. Je vois une femme qui a perdu sa force, qui pleure pour une créature du Tout-Miséricordieux. Je ne vois plus l'enfant de Souleymane et Nadjima, ni la sœur de Hafid, je vois une femme mariée souffrir pour l'homme qu'elle aime. Qui l'aurait cru ? Qui aurait pensé un jour qu'une femme ayant tant de force en elle, perdrai cette dernière à cause d'un homme ?
Des lames en guise de perles me coupent les joues. Aimer devrait être condamné dans le tribunal des sentiments ; le danger de l'amour est de se plonger dans une profonde tristesse et finir par en mourir. Je suis folle amoureuse d'un bandit, d'un homme rassemblant des milliers de facette, un prince différent de mes rêves. Le prince qui fait battre mon cœur, est le prince de la mort... et petite princesse que je suis, est éperdument amoureuse.. princesse du royaume de la vie aime le prince du royaume de la mort, ça paraît pathétique ! Une histoire loin d'être un conte de fée.. c'est ça le regret.
Je passe une dernière fois de l'eau sur mon visage torturée, et décide de sortir. Je me dirige vers ma chambre, où ma famille se trouve. Je m'assois au milieu du lit, et les regarde. Je ne veux pas lâcher de larme une énième fois devant eux, je veux retrouvé ma force.. mais c'est impossible ! Je commence à sangloter comme une enfant. Ma mère monte sur le lit, me prends dans ses bras, tout en caressant ma chevelure.
- Yemma : Ma fille, tout ira bien.
- Je sais que non...-en reniflant pas- il reviendra pas..
- Yemma : Tu attends un heureux événement, il se doit de revenir.
-...
- Yemma : Ma fille va devenir mère.
- Je suis pas enceinte, je peux pas l'être... c'est impossible..
- Yemma : Tu peux pas le savoir ma fille, on ira chez le médecin plus tard.
- Je le sais..
- Yemma : Comment ça ?
- Je veux qu'il revienne mama... je..
Je déverse toute la tristesse dans mon cœur.. la pudeur m'empêche de dire à ma mère que mon mari ne m'a jamais touché jusqu'à présent. Yemma, je ne lui appartient pas encore entièrement, il m'a juste volé mon cœur tel un voleur et a fuit tel un bandit. Cette image est ironique puisque c'est le cas, mon mari est un voleur et un bandit Yemma.. ton gendre n'est pas l'homme que tu crois. Ta fille est amoureuse d'un homme que tu connais absolument pas ! Elle crève d'amour pour cet homme, son cœur ne crie que son nom.. Yemma le cœur de ta fille est meurtrie. Ce même bandit, est devenu un meurtrier, l'assassin de ta fille. Explique-moi, comment une femme peut aimer autant ? Peut avoir aussi mal ? On a vécu dans un nuage seulement deux mois, puis un mois dans l'obscurité.. confirme moi que ce n'est pas ça l'amour.. ô maman, confirme le moi !
Mes pleures ne changeront rien, j'en suis consciente.. mais je ne peux pas arrêter de déverser mes tourments. La souffrance qui émane en moi veut disparaître et la seule solution sont les perles salées.
*
C'est comme si le temps s'était figé, que le sablier n'avait pas bouger.. dans ma tête les jours qui défilaient était fixe. J'étais comme un fantôme errant dans les rues du quartier. Je m'efforçais à sourire mais ce sourire n'était pas sincère et ça se voyait énormément d'après Hafid. Mon petit frère malgré ces seize ans, était à l'écoute de sa grande sœur, certes il ne savait pas s'y prendre pour me consoler, mais essayer de me faire sourire, ou me lisait très souvent du coran pour m'apaiser.
J'allais aussi me réfugier à La Raid pour retrouver mes esprits, mais cette fois-ci ça ne marchait pas. Inévitablement plusieurs choses me reviennent en tête, et je finis par partir de cette endroit qui représentait beaucoup pour moi. Le plaisir d'y être s'était évaporé, et faisait place au dégoût. J'étais une autre personne au fur et à mesure que le temps passée.. son absence me changeait..
J'allais tout de même à l'université.. dans l'amphithéâtre mon cadavre était présent mais mon âme et mon cœur était très loin. À chaque fois que je croisais Sakeena, je lui demandais toujours des nouvelles de Hâlim par l'intermédiaire de Djibril, mais personne n'en avait. Il avait disparu de la circulation, d'après Djibril le rechercher c'était comme cherché une aiguille dans une botte de foin..
Un jour, Djibril est venu devant la faculté pour récupérer sa femme, j'étais près d'elle. Dès qu'il m'a vu l'expression de son visage avait changé, ça se voyait qu'il avait pitié de moi. Qui n'aurait pas pitié d'une femme autant affaiblis par les aléas de la vie ? Quel être humain, n'aurait pas un semblant de pitié pour une femme amoureuse ?
- As Salam Aleïkoum.
- Djibril : Waleykoum Salam, bien ?
- Al Hamdûllillah et toi ?
- Djibril : Al Hamdûllillah..
- T'as..-en avalant ma salive- des nouvelles de Hâlim ?
- Djibril : Non... wallah je cherche à le trouver mais rien... comme je te l'ai dit, impossible de le trouver.. il disparaît, réapparais mais t'inquiète pas pour lui c'est un grand garçon, il reviendra tôt ou tard..
Lui même n'était pas convaincu de ce qu'il avancés. Je me sentais coupable. Je gardais toute ma tristesse en moi, malgré que les larmes étaient au bord de mes yeux. Je me contenais tellement que, j'ai fuit .. j'ai fuit sans leur dire au revoir. Mon avenir je n'arrive pas à l'envisager sans lui, il est devenu vitale à ma vie, sans lui je suis qu'une âme errante, un esprit vagabondant. Cet amour est tellement forte que j'en ai affreusement peur.. elle m'amène à être une autre personne, une personne que je ne suis pas ! Je pars au restaurant comme d'habitude, tout mes collègues me regardent étrangement, et d'après Mohamed on voit mon mal être juste en me voyant. J'essaye de faire mon service comme d'habitude mais dans ce restaurant il y a tellement de souvenir de lui ; notre rencontre. Quand je sors du restaurant le soir, j'ai toujours cet espoir que ce soit lui qui viennent me prendre pour qu'on rentre à la maison, pour retrouver nos vielles habitude.
*
Décembre 2008 ; Le mois de la joie.. un mois de festivité. Mais pour moi, ce mois représente plus que simple fêtes et amusement. C'est en décembre 2007 que j'ai vraiment connu Hâlim, que j'ai appris la mort de son petit-frère Abdelkrim, c'est durant ce mois que j'ai commencé petit à petit apprécier ce cœur que je qualifiais de pierre. Tellement de souvenir me reviennent, des souvenirs qui me rendent plus triste que jamais. Cela fait presque un an que les battements de mon cœur lui sont destinés..
Ma mère inquiète pour ma santé, m'a obliger de partir consulter un médecin. Elle était sûre que j'étais enceinte, mais ses illusions ont était coupé par la réponse du médecin. Je n'étais pas enceinte, juste malade et le fait de n'être pas venu voir un médecin avant, à empirer mon cas. Dans les yeux de ma mère, j'ai vu de la déception.. je sais pertinemment que c'est son rêve d'être grand-mère. Depuis, ce jour elle cherche à savoir ce qui s'est passé entre Hâlim et moi, pourquoi ne revient-il pas ? Est-ce grave ? Ma mère s'inquiète pour moi, et cherche à savoir ce qui me détruit autant.
Mon père, lui me console chaque soir dans ma chambre. Il ne sait vraiment plus quoi me dire pour ne plus me voir pleurer.. c'est compréhensif. Consoler un cœur avec une plaie profonde causé par l'amour est impossible, même pour le plus grand des médecins.
Un soir, en allant dans la salle-de-bain, j'ai entendu une discussion entre ma mère et mon père :
- Yemma : On doit aller voir les parents de Hâlim pour savoir ce qui se passe, notre fille est beaucoup trop mal !
- Baba : On se mêle pas des histoires de couple de notre fille Nadjima !
- Yemma : Ça te plaît de la voir souffrir ?
- Baba : Ce garçon reviendra, il aime notre fille.!
- Yemma : Comment tu peux le savoir ? Il est bien partie ! Si il allait revenir, il l'aurait fait depuis bien longtemps !
- Baba : J'ai parlé avec lui avant leur mariage, et je sais, j'en suis sûre qu'il reviendra !
- Yemma : Tu peux pas en être sûr Souleymane, tu l'as même pas vu !
- Baba : Je suis aveugle mais pas sourd, je sais de quoi je parle, khlass (*stop) !
- Yemma : Elle souffre, tu le comprends pas ?
- Baba : J'aime ma fille plus que tout, et savoir qu'elle a mal me tue, mais on peut rien y faire.. c'est son destin et on doit l'accepter, si on se mêle de leur histoire, on risque de prendre des décisions à la place de Hâyat c'est ce que tu veux ?
Je n'ai pas réussi à en écouter davantage.. je me sentais de plus en plus coupable, en plus d'avoir fait disparaître mon mari, je suis la cause des disputes de mes parents. Ce soir-là, j'ai cherché refuge auprès des paroles de Notre Seigneur, c'était le seul moyen de m'apaiser, et d'oublier un instant que je vivais un enfer.
*
Le 30 décembre 2008, je me lève plus mal que les autre jours. J'ai une boule au ventre qui m'empêche de respirer normalement. Au restaurant j'avais toujours ce pressentiment étrange qui ne s'évaporer pas. J'avais l'impression qu'il y avait quelque chose qui n'était pas comme d'habitude. Je suis préoccupée, j'ai mal au fond de moi c'est atroce. Mon service, je l'ai fait comme quelqu'un sans expression, l'esprit n'y était pas ! Même me rassurer, je n'y arrivais pas.
Le restaurant était blindée et j'étouffais à l'intérieur. J'ai aperçu faire leur entrer Djibril et Sakeena ; tout les deux avaient des tête d'enterrement. Je sentais qu'il y avait quelque chose qui clochais, et mon pressentiment s'avérait fondé. Mohamed est venu près de moi, et me montrer qu'ils étaient là. Ils se sont placés face à nous.
- Mohamed : Ça va les jeunes ?
- Djibril : Al Hamdûllillah et toi ?
- Mohamed : Al Hamdûllillah.
- Djibril : Je peux te parler Mohamed ?
- Mohamed : Oui.
Ils se sont éloignés de nous.. je les regardais parler, tandis que je sentais le regard de Sakeena sur moi. Quand, j'ai aperçu la tête de Mohamed se tourner vers moi avec de la pitié dans le regard j'ai de suite compris.
- Il lui est arrivé quoi ?
Demandai-je sans regarder Sakeena, toujours le regard vers les deux hommes.
- Sakeena : Quoi ?
- Il est arrivé quoi à Hâlim ?
Elle ne m'as pas répondu.. le silence pour moi était insupportable. Le monde tournait pas rond, j'avais le cœur comprimé telle une orange. J'ai cligné des yeux et deux perles ont coulaient de mes yeux. Je suis sortie du restaurant en furie.. je voulais pas entendre une mauvaise nouvelle, j'avais peur d'apprendre une nouvelle qui m'empêcherait à jamais d'avancer. L'air de l'extérieur me semblait pesant. J'ai sentie une main sur mon épaule, en me retournant c'était Sakeena..
- Il..il a quoi ?
- Sakeena : Il est à l'hôpital, je suis désolé Hâyat mais...
- Non, il est pas mort.. il peut pas me laisser, Sakeena... Me dis pas ça !
J'étais dans l'incompréhension absolu.. Si la faucheuse l'a raflé..non impossible ! Il peut pas m'abandonner.. dans ma tête c'était cette phrase que personne ne m'as dîtes qui résonnait dans ma tête « Il est mort ! » dans leur regard c'est tout ce que je vois. Mes yeux étaient brouillés par les larmes. À ce moment-là j'étais la seule coupable, je repensais à mes mots.. je lui ai dit mot pour mot qu'il devait quitter ce monde pour que je ne souffre plus, mais... la douleur est plus intense s'il n'est plus de ce monde. Je pleure au point d'avoir l'impression que mon corps se déshydrate.
La vie sans la mort serait un semblant de bonheur. Quand on vit, on nie la mort étrangement.. Mais quand la faucheuse vient prendre ton trésor tu t'aperçois que la vie n'est pas seulement amusement.
- Sakeena : Il a joué avec le feu et a finit par se brûler.. arrête de pleurer s'il te plaît.. la mort ne te la pas encore prit mais est sur le point de te le prendre..-en sanglotant- il est entre la vie et la mort Hâyat..-en reniflant- quelques heures avant qu'il ne finissent à l'hôpital il a appelé Djibril et lui a dit que...il n'a plus rien dans cette vie..il a dit qu'il a tout perdu... il ne manque plus que l'épreuve de la mort... il a dit..-en suffoquant- il a dit que t'avait raison, sa mort serait la meilleur chose pour..toi.. et pour tout le monde..
Le monde m'est soudainement tombé sur la tête, j'étouffais.. mon cœur tambourinait extrêmement vite. Je sentais mon cœur se faire amputé à chacune de ses paroles ; entre la vie et la mort.. l'homme que j'aime effleure la mort. Apprendre cette nouvelle, c'était comme une vague qui s'écrasait sur un rocher, ça fait très mal.. Je me suis écroulé par terre, je pleurais, je criais, j'étais comme possédée, je m'en contrefichais des passants, et du fait que j'étais devant le restaurant. Une blessure profonde se formait en moi.. pourquoi ? J'étais la seule coupable, la seule !
Mes hurlements ne changeaient rien à mon destin.. On ne sait pas quand est-ce qu'est la fin de nôtre présence sur Terre, chacun de nous profitons de nos instants sur terre, pas de la même façon mais nous le faisons tous ! J'ai l'impression que maintenant, je n'arriverais plus à me relever, tellement la culpabilité me ronge de l'intérieur.
- Emmenez-moi à l'hôpital, s'il vous plaît... je veux pas qu'il parte... Ya Allah me l'enlève pas.. s'il meurt, je fais quoi moi ?
Dans la voiture, je brisais le silence en pleurant, en disant des mots inaudible.. en arrivant à l'hôpital, j'étais juste un corps qui suffoquait. Dès mon entrée dans cette endroit, je n'ai pas décroché une seule parole, je tremblais, tremblais de peur.. On nous as dit d'attendre.. l'attente était plus longue et alourdissait mon cœur. J'étais étouffée par les regrets.
Le médecin arriva enfin. Ses paroles m'ont tuait sur le coup ; pendant au moins une heure j'étais morte. J'entendais les dire de mes deux accompagnateurs, j'avais les yeux ouvert mais la langue liait par des ficelles de tristesse. Une avalanche de larme vient cassé ma voix, je chuchote quelques mots qui semblent tordu mais qui signifiait beaucoup pour moi, je répétais sans cesse « c'est ma faute..c'est ma faute.. c'est ma faute.. ». Pour moi, j'étais la seule coupable, je devais m'en vouloir à moi-même et à personne d'autre. Un mois de souffrance, amplifié ce soir-là. La peine n'est pas banni de mon quotidien, malgré que je la chasse elle revient sans crier gare. Je suis le malheur de mon entourage, tout ceux que j'aime souffre à cause de moi me disais-je à moi-même. La chute est brutale et sûrement insurmontable.