Partie 4 : « Rencontre troublante ! »
Il y a des jours où tout semble noir, tout semble perdu. Ce jour-là mon cœur n'y était pas ainsi que mon esprit. Mon anxiété m'a rattrapé, j'avais depuis le matin un pressentiment lorsque j'ai quittée mon père dans cet état, et ce pressentiment est maintenant justifié. Mohamed, m'a annoncé que mon père se trouvait dans une chambre d'hôpital. Je ne lui ai même pas laissée le temps de m'expliquer que je suis sortie en courant. J'avais la tête qui tournée, comme si le monde m'était tombée sur la tête, comme si le soleil s'était rapproché au point de me brûler entièrement.
J'entendais Mohamed crié mon prénom, c'était comme des bourdonnements dans mes oreilles, des bruits assourdissants. J'entendais des voitures klaxonnées, des gens parlaient, mais j'avais l'impression d'être seul au milieu de tout ce monde. Le premier bus qui est passé je l'ai pris. Mes mains tremblaient, mon cœur émettait des battements irréguliers, j'avais l'impression que l'air ne rentrait plus dans mes poumons, c'était un sentiment oppressant. Des gouttes s'échappaient de mes yeux, des gouttes que je n'arrivais pas à arrêter. Ma vie est de moins en moins attrayant, est-ce que mon monde va s'écrouler ? Un sentier de désespoir pouvait se voir sur mon visage.
J'arrive enfin au quartier...
Ne sachant pas dans quel hôpital il se trouve, j'ai prié pendant tout le trajet pour que mon frère soit à la maison. J'ai couru telle une folle, les larmes coulaient abondamment, le mal que je ressentais dans la poitrine s'intensifiait.
« Ô Baba, j'espère que ce ne sont pas tes dernières heures. Certes, Allah a dit « Chaque âme gouttera à la mort » mais on a encore besoin de toi. Ô Baba, j'ai toujours rêvé me marié avec un prince te ressemblant : un homme courageux, pieux, honnête, semblable à toi, mais il n'y a pas d'homme qui peut t'égaler. Ô Baba, ne nous quittes pas. »
- Hafid ! Hafid ! Hafid ! Mais t'est où Hafid ?
- Hafid : Hâyat je suis là, faut qu'on ailles à l'hôpital, Baba a était hospitalisé !
- Mais il lui est arrivé quoi ? Il s'est passé quoi ?
- Hafid : Il a perdu connaissance, j'étais à la Mosquée pour...
- … Pourquoi tu les as laissés seul ? Je te le dis tout le temps Hafid, les laisses pas longtemps seul ! Tu vois ce qui arrive maintenant ? Tu le vois ou pas ? T'est pas conscient que Yemma peut pas rester seul avec Baba ! Si il arrive quelque chose à Baba Wallahi (* Par Allah ) je te pardonnerai jamais, t'entends jamais ?
Vociférais-je.
Je lui ai demandé froidement qui lui avait donné l'adresse de l'endroit où se trouve notre père, il me répondit que c'était la voisine. J'ai couru dans la salle de bain, me réfugier quelques instant, je regardais mon visage dans le miroir, et je me suis encore mise à pleurer, à en suffoquer. Pourquoi tout ça nous arrive à nous ? Mes mots étaient cru envers Hafid et je m'en rends compte que maintenant, j'ai honte de lui avoir parler comme ça, sur le coup c'était la colère qui avait pris le dessus.
Je me rafraîchis le visage, puis ressort à la même vitesse que je suis rentré.
Mes parents sont mes organes sans eux je ne vis plus. Ce sont mes indispensables. Ils partiront tôt ou tard ça j'en suis consciente mais pour l'instant ce sont eux mes piliers dans cette vie... ce sont eux qui m'ont éduqué, ce sont eux qui m'ont appris le bien et le mal ; c'est pour eux que je me bat chaque jours. On se dirigeais à l'hôpital dans un vaste et grand silence. J'étais stressée de ne pas savoir ce qu'il avait. La nouvelle a fait couler le bateau où je me trouvais, et aucun débris ne peut être retrouvée pour le moment..
Arrivée à l'accueil ;
- Bonjour, mon père a était admis dans cet hôpital il y a sûrement quelques heures, euh...il s'appelle Souleymane Ben Hassine !
- L'infirmière : Bonjour, attendez mademoiselle.
Elle commence à fouiller dans son ordinateur, mes mains tremblaient.. J'attends quelques instant, j'entends Hafid dire « Yemma », je me retourne et je vois bien ma mère, les yeux rougit. J'ai laissé l'infirmière en la remerciant même si elle ne m'avait pas vraiment aidé, et me suis dirigé vers ma mère.
- Ça va Yemma ?
- Yemma : AlHamdûllillah.
- Et Baba ?
- Yemma : Il va bien grâce à Dieu. Il a eu une baisse de tension.
- C'est rien de grave ?
- Yemma : Allah û Ahlem (*Allah est le plus savant) mais d'après les médecin, il va bien, il sortira demain si tout se passe bien, et devra suivre un traitement.
- Je peux le voir ?
- Yemma : Oui, allons-y.
Le voir sur un lit d'hôpital m'a arraché le cœur : mes yeux étaient inondés de larme mais je ne laissais rien couler, devant mes parents. Leur montrer mes larmes serait les enfoncer encore plus dans le profond trou où nous nous trouvons. Je masquais tout ça à travers un sourire forcée.
- Alors Commandant, que s'est-il passé ? -en souriant-
- Baba : Comme vous voyez soldat, je perd mes forces.
- Depuis quand un Commandant de votre envergure faiblis ?
- Baba : Depuis qu'il vieillit soldat.
Répondit-il, le sourire aux lèvres, mais j'ai reçu ses paroles comme des lames en plein cœur, ma salive m'est devenu soudainement amer. Il me transmet un message, en me rappelant qu'aucun être humain n'est éternelle. Ces yeux me cherchent mais ne peuvent pas me voir. Comment as-t-il perdu la vue ? Mon père après son union avec ma mère, travaillait dans une usine. Dans cette usine, les produit toxiques ne manquait pas, l'air à cause du mélange chimique n'était pas respirable, donc tout les ouvriers portaient des masques. Mon père d'après ses dire aimait beaucoup son métier, le danger il a toujours aimé, et puis d'après lui ça payé bien.. un jour, une machine a sauté et il s'est porté volontaire pour aller la réparer, alors que c'était dangereux. Au même moment, un tuyau s'est ouvert et l'air sortant de l'intérieur a touché ces yeux. Il a passé des mois à l'hôpital, et durant ces mois là, ma mère a appris qu'elle me portait dans ces entrailles. À ma naissance, c'est-à-dire neuf mois plus tard, il sortit des quatre murs qui l'enfermait, et était aveugle.
Lorsqu'il nous as racontés cette mésaventure, il le faisait le sourire aux lèvres. Je lui ai demandée : « Baba pourquoi tu souris alors que c'est triste. » et il me répondit : « Mes yeux j'en ai profité, j'ai vu la femme que j'ai épousé. Il y a pire ailleurs, AlHamdûllillah, je suis pas mort non ? »
- Ce n'est pas que je vous aimes pas Commandant, mais je dois partir...
Je dépose un léger baiser sur sa joue, et lui chuchote de prendre soin de lui. J'ai dis à ma mère que je rentrais. Hafid allait me rejoindre plus tard. Elle me répondit, qu'elle allait restée à l'hôpital, jusqu'au lendemain, j'acquiesçais.
Quand, j'ai franchis la porte et me suis éloignée un peu, j'ai lâché tout ce qu'il y avait en moi. J'ai pleurée à n'en plus voir mon chemin. Je me sentais mal, penser un instant que la mort pourrait emporter l'homme de ma vie fait remonter à la surface plusieurs sentiments à la fois. L'amour, la peur, l'anxiété, la tristesse.. des sentiments paradoxal, mais qui ont su prendre leur marque dans mon cœur. La blessure la plus béante dans mon cœur, s'ouvre de plus en plus.
Mon petit corps âgée tout juste de dix-neuf ans, n'a pas la force d'encaisser autant de chose à la fois, la fatigue s'empare peu à peu du cadavre que je suis devenue. Des moments douloureux, j'en ai vécue et j'ai toujours garder ne serait-ce qu'une force minime en moi, mais là c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. J'étouffais mes sanglots mais n'arrivais pas à les arrêter, ma vision devenais de plus en plus flou. Je marchais tout en pleurant, et au même moment j'ai heurté une personne.
- Excusez-moi.
Marmonnai-je.
-... : Les larmes sont un moyen de purification, mais peuvent devenir très vite un moyen de destruction Hâyat.
La personne est partie aussi vite je ne l'ai heurtée. J'ai essuyé mes larmes rapidement, pour voir cette personne qui venait de prononcer mon prénom. Sa voix ne m'était pas du tout familière : une voix masculine. J'ai regardé autour de moi dans ce grand hôpital mais personne n'était à proximité. Qui était-ce ? Pourquoi m'a t-il dit ces mots ? C'était sûrement le fruit de mon imagination. La question me trotte dans la tête, c'est impossible que ce soit mon imagination qui m'est joué des tours, ça semblait tellement réel.
En arrivant chez moi, je me suis mise au fourneau pour évacuer le surplus de sentiments. Ensuite, je faisais le ménage alors qu'il n'y avais rien à nettoyer. Mon cœur frissonne à l'entente de l'Âdhan, intérieurement je suis euphorique, je suis pressée de pouvoir parler à mon Créateur pour ainsi me vider. Ce moment où tout les problèmes s'évaporent, et qu'on place notre confiance au plus grand des Confidents : Allah. Je me cloître dans la salle de bain pour faire mes ablutions.
Sur mon tapis de prière tout mes problèmes s'évaporent, je me retrouve seul avec le Seigneur de l'univers et c'est un plaisir qui me procure mille et une frisson, mon corps et mon cœur est complètement apaisée dans cette situation. Je fais mes salutations puis passe mes mains sur mon visage tout en fermant les yeux, et en les ouvrant je sens une présence près de moi. Quand, je me retourne, c'est mon frère qui est sur le cadre de la porte entrain de m'observer. Je regrette de lui avoir mal parlé, et surtout de l'avoir blessée. Je me lève et va vers lui :
- Smahli (*Désolé) Hafid, tout à l'heure je m'étais emporté, je sais que c'est pas de ta faute.
- Hafid : Tape là ! - en me tendant la paume de sa main tout en souriant-
- Tu m'en veux pas ? -en tapant sur sa main-
- Hafid : C'est rare de te voir t'emporter, donc non.
-sourire- je vais à La Raid.
- Hafid : Tout de suite ?
- Oui.
- Hafid : Reviens pas tard !
- Oui grand-mini frère !
M'exclamai-je avec un sourire en coin.
Aujourd'hui, plus que les autres jours j'ai le besoin de me retrouver seul avec moi-même et les Cieux ; La Raid est le seul endroit sur Terre, où mon cœur se repose entièrement. Dans ce lieu, les souvenirs s'entassent. Le cadavre allongée au sol d'un petit-être innocent.. la nostalgie s'installe peu à peu mais se dissipent lorsque le souvenir de son sourire me revient en tête, un magnifique et large sourire arboré sur le visage illuminé de cet enfant.
Assises, sur les gradins, j'admire un tableau différent de ceux dont j'ai l'habitude de voir ; ce n'est pas une œuvre de Leonard De Vinci, réfléchi et bien fait, ni une œuvre de Picasso, c'est un tableau qui dépasse les plus beaux tableaux du monde.. La Raid représente beaucoup pour moi, c'est mon seul refuge, c'est là où je me cache du monde entier. Elle connaît tout les secrets de mon cœur, elle sait m'écouter, elle m'apporte du réconfort, elle est le nombril sur lequel je me pose pour réfléchir. Mon cœur souvent carbonisés par la peur et l'incertitude trouve un nid où se couper du reste des Hommes.
Quelqu'un se racle la gorge, je me retourne et trouve en haut des gradins un homme assis la casquette cachant son visage. Il jouait avec un porte-clef que je reconnais car c'est le mien. Qu'est-ce que fais mon porte-clef avec lui ? Je commence à me poser plusieurs questions, et refait mon trajet pour me rappeler quand est-ce que je l'ai perdu. Je monte les escaliers d'un pas hésitant pour aller reprendre ce qui m'appartient. Arrivée près de lui, il me tends mon porte-clef sans un mot.
- Merci.
En l'absence de réponse, je décide de partir. J'ai refait mon chemin, et tout au long j'ai réfléchi à quand est-ce que j'ai perdu ce porte-clef. À quelques minutes de chez moi, je m'arrête et me souviens que je l'avais à l'hôpital. Est-ce l'homme que j'ai bousculé ? J'ai rebroussée chemin. En arrivant à la Raid, il n'y avait plus personne. C'est étrange. Comment se fait-il qu'il me connaît ?
Arrivée chez moi, je n'ai pas dormi de la nuit en pensant à tout ce qui s'est passé dans la journée ; j'ai réfléchi plusieurs fois à ce que cet homme me veut, j'étais perturbée et à la fois inquiète. Je ne le connais pas mais lui me connais c'est ce qui m'intrigue. Mon frère me sort de mes pensées en frappant à la porte.
- Rentre.
- Hafid : J'arrive pas à dormir.
- Moi non plus. Journée éprouvant quand même.
- Hafid : Oui.
- Je peux te poser une question ?
- Hafid : Vas-y.
- Si on passe une journée rempli d'émotions comme le nôtre, est-ce qu'on fini par avoir des hallucinations ?
- Hafid : Toute les fois où nos journées se résumaient à l'inquiétude, t'as jamais eu d'hallucination pourquoi aujourd'hui ?
- Qui te dis que je parle de moi ?
- Hafid : Je suis plus petit que toi, mais pas bête. T'as vu quoi ?
- Rien de particulier. Lis du coran s'il te plaît.
Le prénom Hafid lui va à ravir. Mon père a choisi ce prénom et ce n'est pas pour rien. Hafid en arabe signifie protecteur de la religion. Un prénom qui lui va très bien car il tient beaucoup à l'islam. Il connaît des versets du coran par cœur et a une voix qui ferait versé des larmes à n'importe qui. Il semble qu'il pourrait être le prochain Muezzin du quartier.
*
Le lendemain,, mon père est revenu et j'apprends par la suite que Mohamed me laisse deux semaines de congé pour prendre soin de ma famille. Sans Mohamed, on serait à la rue, grâce à lui, au salaire qu'il me donne tout les mois pour mon travaille, il nous rends services, on le remercierai jamais assez.
Une semaine passe et je n'étais pas sortie de la maison. Les rôles avaient changé, lui était le fils et moi la mère, il ne s'en plaignait pas du tout et en était très heureux. Il prenait son traitement et aller bien AlHamdûllillah. L'anniversaire de Hafid était aussi passé, même si on ne préparé rien pour les anniversaires, j'avais décidé de lui offrir un bout de son rêve. Avec quelques économies que j'avais mis de côté, j'ai décidé avec l'approbation de mes parents, de l'inscrire dans un club de foot. Il en a était vraiment heureux. Il était si euphorique, qu'il avait fait le tour du quartier en criant sa joie.
*
Je reprends enfin le travaille. Deux semaines sans voir l'extérieur m'était très bénéfique, mais le train-train de tout les jours devait reprendre. Mohamed, les collèges, les clients, l'odeur de la nourriture, tout ça m'a énormément manqué. Ils m'accueillent tous avec un large sourire, un environnement chaleureux et accueillant. Les clients font leur entrée petit à petit. Le sourire au lèvre je fais mon service. Djamila, une serveuse, très gentille, respectueuse mais qui a un très gros défaut : elle se mêle souvent des choses qui ne la regarde pas. Elle vient me parler avec un plateau à la main :
- Djamila : Ça fait deux semaines qu'on l'a pas vu, et comme par hasard quand tu reviens il est là. Tu trouves pas que c'est bizarre ?
- Tu parles de qui ?
- Djamila : L'homme qui commande toujours du lait.
- C'est juste un hasard. Il vient sûrement quand t'est pas de service. Bref, on devrait travailler.
Je ne me suis pas attardée sur le sujet et est partie dans la cuisine donner la commande d'un client. En ressortant, je vois Sakeena avec Mohamed. Son mariage se déroule dans deux jours, son père a demandé à Mohamed le restaurant pour cette journée. Sakeena, m'a toujours parlé de l'amour qu'elle aimerait vivre : un amour simple mais magique. Un amour qui surpasserait les contes de fée, ou les histoires qu'on nous racontais enfant : comme Leïla & Majnoon, le couple mythique, ou bien Roméo & Juliette. Djibril est le prince dont elle a toujours rêvé.
- Mohamed : Hâyat, viens voir.
- Oui ?
- Mohamed : J'ai confiance en toi, et je voudrais que demain tu boucles tout pour le mariage de Sakeena.
- Moi ?
- Mohamed : Tête en l'air cette fille, oui toi.
- Mmh.. d'accord.
- Sakeena : Merci Mohamed, et Ghizlane je peux te parler !
- Mohamed : Ghizlane ?
- Sakeena : Laisses tonton, laisses..
Elle me prends à part.
- Sakeena : Tu as ta robe ?
- J'ai pas eu le temps de m'acheter de robe.
- Sakeena : Non ? Tu dois aller le faire aujourd'hui, je me marie pas dans un mois ou même un an, je me marie dans deux jours ? Réveilles-toi, c'est pas le moment de dormir.
- Je suis en service là, je peux pas.
- Sakeena : Tu fini à quel heure ?
- 14 heure.
- Sakeena : On va y aller ensemble alors, je t'attends.
- Je te préviens, j'ai pas assez pour m'acheter une robe de luxe ou je sais pas quoi.
- Sakeena : Même avec une robe à un euro tu sera magnifique. La cérémonie du Henné c'est ce soir, tu compte venir ? Quel question, bien sûr que tu viens. J'ai déjà parlé à ta mère donc t'as rien à dire. Bref, va travailler.
- Ce soir ? Je peux pas rester chez toi jusqu'au lendemain.
- Sakeena : Il y aura Nessrine, et elle reste pas longtemps, elle pourra te déposer.
Après mon service, on s'est tout les deux dirigés vers l'arrêt de bus. Au même emplacement, j'ai ce même tableau qu'il y a pas longtemps. Ce même homme fixant notre direction. Des hypothèses étrange rejoignent mon cerveau : il veut peut-être cambriolé le restaurant. J'étais en plein délire, je pensais à des choses improbable, des choses venant tout droit de mon imagination, des choses qui n'arriverai que dans les films.
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