Chapitre 1

93 6 2
                                    

HEATHER

Ça fait bientôt 13 ans que je vis à New York. On commence à s'y faire à force de voir chaque jour, ces mêmes immeubles habillés de tags et fissurés par le temps.

J'aime surtout ce que ce quartier en dégage par ses couleurs pétillantes, différentes de celles de Londres.
C'est comme si je me sentais enfin moi entre ces murs étroits.
Bushwick est devenu ma maison, ma nouvelle maison.
C'est difficile de commencer à s'adapter de nouveau dans un pays mais j'ai commencé à l'apprécier, j'en suis même tombé amoureuse.

J'ai vécu à Londres presque toute mon enfance. Mes parents accumulant des revenus ahurissants on décidé de quitter l'Angleterre pour une meilleure vie.

Je suis arrivée ici, donc au États-Unis, à l'âge de 4 ans.
Pour une enfant, je me suis vite habituée, oui.
Mise à part que je me retrouvais toujours toute seule la plupart du temps.
Toute ma scolarité en primaire était difficile. La solitude m'avait envahie et il m'a fallu bien des années pour m'en débarrasser.
J'ai toujours encore du mal à m'intégrer à vrai dire. Être timide ne m'a sûrement pas beaucoup aidée.

Je me souviens de ces années que j'ai passée en primaire, avec cette boule au ventre.
Je me souviens de toutes ses larmes que j'ai versée, de toutes ces pensées où je priais pour que ma mère aille mieux. Je voulais que sa maladie guérisse, que tout revienne comme avant.

La dépression l'avait emportée un mercredi.
Mes souvenirs sont flous, mais je me souviens d'un seul en particulier;
Elle marchait dans tous les sens,
Elle me disait qu'elle allait mourir.
Elle le répétait sans cesse.
Je n'étais qu'une gamine !
Qu'est-ce que je pouvais faire ?!
Mon père était au travail, je ne savais pas quoi faire...
Elle commençait à crier, se jeter par terre. Tout ce que j'ai réussi à faire c'est pleurer. J'ai crié, j'ai hurlé qu'elle arrête ça mais elle continuait. Alors j'ai pris le téléphone, j'ai appelé, j'ai appelé n'importe quel numéro juste pour entendre une voix à l'autre bout de l'appareil qui pourrait me calmer.
Aucune réponse. Seulement des messageries.
J'ai ensuite pris le temps, je me suis posée et j'ai réfléchi. J'ai respiré et je me suis calmée.
Puis j'ai compris. J'ai compris qu'il fallait que j'appelle mon père, mais j'avais beau essayer des dizaines de fois, aucune réponse.
J'ai enfin appelé une amie de famille.
Les yeux rougis, la voix tremblante et pâteuse, je lui avais demandé de l'aide.

Mon enfance n'était pas toujours colorée. Mais je ne la changerai en aucun cas.

Étoile De Vénus Où les histoires vivent. Découvrez maintenant