Menottes

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Lorsqu'une sortie à Pré-au-Lard fut annoncée pour le week-end suivant, Harry ne dit pas un mot. Il ignora purement et simplement l'information. Ou plus exactement ce fut ce qu'il laissa croire à ses camarades.

C'est à cette occasion que Harry pensa que le choixpeau avait eu raison en voulant le mettre initialement à Serpentard. Parce que même s'il semblait indifférent, au fond de lui il planifiait soigneusement son week-end, conscient qu'il n'aurait qu'une seule et unique chance de faire ce qu'il avait imaginé.

C'était une occasion en or, et il ne comptait pas la laisser passer...

S'il se faisait surprendre lors de l'exécution de son plan, Survivant ou non, chouchou de Dumbledore ou non, il aurait de très gros ennuis. Mais cette idée ne le fit pas le moins du monde hésiter. L'enjeu était bien trop important à ses yeux.

Au moment où tout le monde partit, il se rendit dans la salle commune des Gryffondor et s'affala dans un des fauteuils. Ron vint le chercher, mais il haussa les épaules, prenant un air fatigué particulièrement convainquant.

- Je reste ici.

- Mais...

- J'ai juste pas envie, Ron. Amusez-vous bien.

Ron resta un moment à l'observer étrangement, mais il finit par soupirer lourdement. Il resta cependant sur place, se balançant doucement sur ses pieds, visiblement mal à l'aise.

- Hey mon pote, tu sais que si tu as besoin de... parler, je suis là, ok ?

Harry leva les yeux vers Ron et lui offrit un sourire réconfortant.

- Tout va bien Ron. Juste envie de rester tranquille. J'ai pas vraiment envie de sortir, cette fois.

Le rouquin secoua doucement la tête, eut une nouvelle hésitation et demanda presque à contrecœur.

- Tu veux qu'on reste avec toi ?

- Non !

Harry se rendit compte qu'il avait répondu un peu trop vivement, alors il tempéra au plus vite sa virulence.

- C'est juste que... je veux pas vous priver et surtout... j'ai envie d'être un peu seul. Je vais juste me reposer, tu vois ? Je pense que je vais juste... lézarder dans mon lit.

- Ok. Dans ce cas... Si t'es sûr de toi...

- Je le suis, Ron. Passez une bonne journée.

Harry se fit violence pour aller s'installer dans son lit, un livre dans les mains au cas où que quelqu'un ne revienne. Il déplia la carte des Maraudeurs sur ses jambes, surveillant Ron et Hermione du coin de l'œil. A l'instant même où ils quittèrent Poudlard, Harry bondit de son lit. Il attrapa la carte du maraudeur, sa cape d'invisibilité et quitta le dortoir en courant, après avoir vérifié que la salle commune était bien déserte et qu'aucun Gryffondor ne revenait de son côté.

Il s'élança, gardant un œil sur la carte, traversant les couloirs déserts, parfaitement dissimulé sous sa cape d'invisibilité. Il n'avait pas besoin de réfléchir, il avait passé la semaine à planifier soigneusement chaque étape de son plan. Il avait tout préparé, jusqu'à la fiole de potion dans sa poche, dérobée à Rogue, sans que le sévère professeur ne s'en rende compte, à son plus grand soulagement.

Il se posta à l'endroit qu'il avait repéré, et il commença à attendre, les yeux fixés sur la carte du Maraudeur. Lorsqu'enfin sa cible apparut, il eut un léger sourire soulagé. Pour l'instant, tout ce passait parfaitement bien, exactement comme il l'avait prévu. Sa cible était parfaitement prévisible après tout...

Il banda ses muscles, prêt à agir, concentré comme jamais. Le couloir était désert, heureusement pour lui. Il n'aurait pas de témoins, ce qui augmentait ses chances de réussite...

Lorsqu'il entendit les pas approcher, il rangea sa carte pour avoir les mains libres et respira à fond. Puis, à l'instant où la silhouette arrivait à sa portée, il bouscula sa cible et lui passa une paire de menottes moldues - cadeau de Fred et George Weasley. Le claquement du métal résonna fort dans le couloir désert, mais Harry ne s'en soucia pas.

Avant même que le garçon face à lui n'eut le temps de protester, il le stupéfixa.

- Désolé, Malefoy. C'est pour ton bien...

Harry jeta la cape d'invisibilité sur eux deux et fit léviter Malefoy à sa suite, ignorant ses regards furieux. Il se doutait que lorsque le blondinet aurait de nouveau la possibilité de bouger, il serait particulièrement de mauvaise humeur... En peu de temps, ils avaient rejoint les toilettes du troisième étage et Harry s'était posté devant l'entrée de la chambre des secrets.

Il prit le temps de vérifier une dernière fois que les alentours étaient déserts puis il ouvrit le passage avec un sourire nerveux.

- Tu voulais visiter la Chambre des secrets Malefoy ? Je vais exaucer ton souhait !

Il entraîna le Serpentard toujours immobilisé et menotté à sa suite, accélérant petit à petit.

Une fois dans la pièce où le Basilic l'avait attaqué, Harry entraîna Drago jusqu'au fond de la salle, sans s'occuper des restes du serpent géant. Il avait passé la semaine à aménager l'endroit, en prévision de ce moment.

Il déposa son rival sans brutalité, l'installa du mieux qu'il le pouvait sur le lit d'appoint.

- Désolé Malefoy. Je ne peux pas encore lever le sort.

Il fixa les prunelles argent, et soupira. Puis, il lui prit un cheveux qu'il introduisit dans la fiole de potion.

Sans aucune hésitation, il la but.

L'instant d'après, une copie parfaite de Drago Malefoy se tenait face à celui qui était prisonnier. Harry regarda ses mains et eut un sourire triste.

- Je te jure que je t'expliquerai tout, Malefoy. J'ai juste quelque chose à régler avant et je reviens.

Harry ignora le regard furieux de Drago. Il vérifia qu'il n'avait rien qui puisse le trahir sur lui, puis il quitta la chambre des secrets, abandonnant momentanément son prisonnier. Il n'avait pas beaucoup de temps après tout.

Il se dissimula sous sa cape d'invisibilité et emprunta le passage secret derrière la sorcière borgne, celui qui conduisait directement chez Zonko. Il ne voulait pas que qui que ce soit puisse affirmer avoir vu Drago Malefoy quitter Poudlard à une heure précise. Par contre, il voulait des témoignages de sa présence à Pré-au-Lard.

Avec prudence, il se mêla aux étudiants de Poudlard, veillant à être vu - ou plutôt à ce que Drago Malefoy soit vu par un maximum de témoins. Il évita avec habileté les Serpentard, même s'il avait noté que Drago s'était isolé depuis la rentrée.

Il croisa Ron et Hermione et il prit soin, avec une joie mauvaise, de bousculer Ron. Il dut se pincer pour ne pas glousser en entendant les insultes de son meilleur ami.

Il allait repartir vers Poudlard quand un évènement imprévu se produisit...

Obsession irrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant