Délicat flocon de neige

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Noël approchait doucement. Les jours s'écoulaient et le froid s'installait.

Narcissa, installée sur un balcon du Manoir Malefoy, tenait entre ses mains une tasse de thé brûlant pour se réchauffer tout en regardant au loin, d'un air rêveur.

Elle se perdait dans ses souvenirs, dans les souvenirs des jours heureux où l'avenir s'annonçait radieux pour leur famille.

Tous leurs projets n'avaient été qu'un rêve, qui s'était évaporé en fumée à l'instant même où Voldemort était revenu. Et y repenser laissait dans la bouche de Narcissa un goût de cendres.

Un délicat flocon de neige tourbillonna devant ses yeux, pour finir son chemin sur la rambarde de pierre du balcon, fondant presque aussitôt. Elle soupira frissonnante.

Cette année allait être le premier Noël qu'elle passerait sans son fils. Elle avait déjà acheté ses présents, malgré les circonstances, pour le garder un maximum dans l'enfance, pour lui faire oublier l'horreur de la guerre.

Elle avait fait jurer à Lucius qu'ils auraient des fêtes en famille, sans Voldemort, sans Mangemorts, même si pour ça ils devaient aller dans une autre de leur propriété...

Mais cette promesse n'avait plus aucun sens, puisque Drago ne pourrait pas en profiter. Drago ne saurait jamais qu'elle avait acheté pour lui un livre de potions - lui qui rêvait de prendre la succession de son parrain. Il ne saurait jamais qu'elle avait réservé un nouveau balai, le tout nouveau Tornade. Un bijou de vitesse selon le vendeur... Elle avait pensé que son fils pourrait peut être enfin battre Potter après toutes ces années d'affrontements.

Sauf que Drago n'aurait jamais l'occasion de se mesurer encore à Harry Potter sur un balai, pas plus qu'il ne découvrirait son nouveau balai. Il ne se disputerait plus jamais avec son père quand au métier qu'il voudrait exercer plus tard.

Il ne trouverait jamais l'amour, ne se marierait jamais et ne perpétuerait jamais le nom des Malefoy.

Voldemort leur avait pris tout ça. Définitivement.

Narcissa serra un peu plus sa tasse sans sentir la brûlure sur ses mains. Avec un satisfaction mauvaise, elle songea qu'elle avait rassemblé la majorité des horcruxes de Voldemort et que si elle ne s'était pas trompée, les artefacts étaient maintenant entre les mains de Harry Potter.

Elle faisait confiance à Severus lorsqu'il avait assuré que ce dernier saurait comment les détruire. Elle ne pouvait rien faire pour le serpent pour l'instant puisqu'il vivait collé à son maître. Le jeune garçon devrait s'en accommoder au dernier moment, se débrouiller pour gérer ce dernier obstacle.

Il restait également un dernier horcruxe dissimulé à Poudlard. Elle n'y avait pas accès, mais Severus était sur place.

Elle avait fait tout ce qu'elle avait pu pour l'instant, mais elle avait l'impression que ce n'était pas encore assez. Elle voulait plus.

Elle ne voulait pas devenir le pion de Dumbledore, mais elle pouvait toujours envoyer un courrier au jeune Potter de temps à autres, pour l'informer de certains raids. Narcissa n'avait pas pu sauver son fils - elle ne s'était même pas doutée que Drago serait à Pré-au-Lard et qu'il y aurait une attaque - mais elle pourrait peut être sauver d'autres enfants. Éviter à d'autres familles de vivre le même drame que leur famille traversait.

Un second flocon voltigea et elle sourit, en se souvenant à quel point Drago aimait la neige. À Poudlard il n'en parlait pas, parce que Lucius lui avait appris qu'il avait un rang à tenir, et qu'il ne devait pas donner une mauvaise image de lui. Mais lorsqu'il était au Manoir et qu'il neigeait, il adorait jouer de longues heures sous les flocons, avant de rentrer, trempé et écarlate, mais heureux.

Narcissa sursauta en sentant une couverture être déposée sur ses épaules, et elle reconnut le parfum de Lucius. Il s'installa à ses côtés, l'observant attentivement, comme s'il essayait de déterminer son état d'esprit et de deviner quelles étaient ses intentions.

Lucius avait tenu parole : il n'avait pas cherché à l'empêcher de mener à bien ses projets, détournant le regard, faisant mine d'ignorer ce qu'elle faisait. Cependant, elle connaissait suffisamment son mari pour savoir qu'il devait être dévoré par la curiosité et probablement inquiet des risques qu'elle prenait volontairement.

Elle tourna la tête vers lui, et lui sourit, lui montrant ses joues et son nez rougis par le froid. Lucius soupira et secoua doucement la tête.

- Tu vas attraper froid Narcissa.

Elle gloussa, se retenant de dire que ça n'avait pas d'importance. A la place, elle murmura.

- C'est agréable, la neige.

Ils restèrent en silence, à regarder le parc du Manoir se couvrir peu à peu de blanc. Les flocons scintillaient doucement sous la lueur pâle de la lune.

Un fossé s'était ouvert entre eux, dans leur couple, comme si Drago avait été le ciment qui les maintenait unis. C'était probablement le cas, après tout. Leur mariage avait été arrangé par leurs familles respectives, et l'amour était venu après. Ils s'en sortiraient probablement, Narcissa en était persuadée. Mais il y aurait toujours ce vide entre eux, ce manque.

Sur un coup de tête, Narcissa détacha une de ses mains de sa tasse et attrapa la main de Lucius, la serrant. Son mari sursauta mais ne se dégagea pas, se contentant de tourner la tête vers elle et de la fixer.

Lucius souffla doucement et de sa main libre sortit sa baguette. Il jeta un sort de silence autour d'eux, avant de fermer les yeux et de prononcer les mots que sa femme attendait probablement depuis quelques temps.

- Je vais t'aider Narcissa.

Elle n'eut pas besoin de demander de quoi il parlait. Elle le savait parfaitement. C'était probablement le privilège des couples unis mariés depuis un certain temps, ou alors leur vie avait pris un tel tournant qu'ils n'avaient plus qu'un seul sujet de conversation aussi important.

Elle sourit doucement et pressa ses doigts.

- Lorsque ce sera le moment, il faudra tuer son serpent.

Lucius secoua la tête légèrement effaré.

- Tu as toujours eu la folie des grandeurs ma chérie. J'espère que tu sais ce que tu fais.

Narcissa posa sa tasse sur la rambarde et se tourna face à lui. Elle lâcha sa main pour prendre son visage en coupe et elle lui offrit un sourire lumineux - de ceux qui lui faisaient battre le cœur.

- Pour la première fois depuis longtemps, je sais exactement ce que je fais.

Obsession irrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant