Obsession irrésistible

Casser sa pipe

Harry avait vaguement pensé offrir aux Malefoy et à Rogue le parchemin garantissant leur liberté le jour de Noël, mais il avait décidé de ne pas les faire patienter plus. La situation était suffisamment stressante et ce serait se montrer cruel que de ne pas informer ses hôtes que tout était enfin réglé. Qu'ils étaient libres pour de bon, et qu'il n'y aurait aucunes poursuites à leur encontre. Le Magenmagot avait statué, et le Ministre ne pourrait pas s'y opposer ni contourner la décision.

Il avait été abondamment remercié, et son professeur de potions avait tenu à s'excuser de l'avoir si mal jugé.

Le matin de Noël, lorsque le jeune homme descendit au salon, encore en pyjama, les cheveux totalement en bataille - plus encore qu'à son habitude - et se frottant les yeux en baillant, il eut la surprise de découvrir que tout le monde l'attendait patiemment en discutant.

Son regard étonné fit ricaner Drago ce qui finit de réveiller Harry. Le jeune homme ne comprenait pas ce qui se passait.

- Nous t'attendions pour les cadeaux, Potter.

Harry bouche bée regarda Drago et les adultes de présents, ému. Avec un sourire joyeux, il s'avança.

Les joues un peu rouges, il distribua les cadeaux qu'il avait préparé pour tout le monde, sous le regard surpris de Lucius et Severus. Si Narcissa s'attendait à recevoir un présent du jeune homme - elle commençait à bien cerner sa personnalité, et elle se doutait qu'il avait prévu quelque chose puisqu'il avait été invité - les deux hommes furent estomaqués.

L'un comme l'autre avait un passé compliqué avec Harry. Ils s'étaient mépris sur la personnalité d'un gamin qui n'avait rien demandé à personne, et ils se rendaient compte avec beaucoup de regrets qu'ils avaient eu tort. Ils l'avaient traité en ennemi avant de lui accorder le bénéfice du doute.

Le gamin aurait eu des raisons de leur en vouloir, mais il semblait avoir pardonné sans la moindre difficulté.

Drago fut aussi particulièrement surpris de recevoir un présent de Harry et il rougit légèrement. Il ouvrit avec empressement le paquet et resta bouche bée en découvrant le présent.

Harry avait choisi une gourmette en argent, gravée de runes de protections. En rappel de leur opposition constante, il y avait également un vif d'or, clin d'œil à tous leurs matches passés.

Voyant sa réaction, Harry murmura une justification timide.

- J'ai pensé que... Ce sont des runes de protection.

- Merci Potter. Elle est magnifique.

Narcissa sourit et se leva pour déposer un baiser sur la joue de Harry en découvrant une paires de boucles d'oreilles en pierre de lune et argent. Elle admira longuement la finesse du travail et s'empressa de les mettre, félicitant Harry pour son bon goût.

Severus découvrit un grimoire de potions rare et eut un léger sourire inhabituel sur son visage austère. Il fit un signe de tête à Harry, le dévisageant avec intensité. Il le remercia avec sa réserve habituelle, mais ses yeux brillaient d'un éclat inhabituel.

Lucius pour sa part eut droit à une épingle de cravate en argent, délicatement ouvragé, représentant un serpent enroulé sur lui-même. Il eut un sourire ravi et remercia chaleureusement Harry.

Drago fut outrageusement gâté par sa famille, et il ouvrit ses paquets les yeux brillants. Harry le regardait en souriant, amusé de voir que face à sa montagne de cadeaux il se comportait comme un enfant et non plus comme l'héritier Malefoy. Cependant, les cadeaux s'entassèrent également aux côtés du brun et Harry regarda autour de lui abasourdi.

Sur le moment, il ne toucha à rien, ne comprenant pas que c'était pour lui : de toute sa vie, il n'avait jamais été autant gâté.

Drago leva un sourcil surpris.

- Tu n'ouvres pas tes paquets Potter ?

Harry écarquilla les yeux. Même dans ses rêves les plus fous, il n'aurait jamais pu imaginer être autant couvert de cadeaux.

- C'est... C'est pour moi ?

Narcissa gloussa doucement et se pencha vers lui.

- Pour qui d'autre ? Bien entendu. J'espère que ça te plaira !

Le Gryffondor hocha vivement la tête, avant de commencer à ouvrir les présents, les mains un peu tremblantes, les yeux brillants de joie.

Le brun découvrit des vêtements de luxe sorciers - lui assurant d'être pour la première fois de sa vie vêtu de neuf et à sa taille. Il y avait également des produits de douche d'une grande marque, un nécessaire d'entretien à balai. Lucius lui offrit un grimoire détaillant le rôle d'un Lord, destiné à l'aider lorsqu'il prendrait possession de son héritage. De Severus, il reçut un délicat coffret ouvragé en bois, fermé d'un sortilège complexe le rendant inviolable. A l'intérieur, il découvrit des photos de sa mère et des lettres qu'elle avait écrites à son ami lorsqu'ils étaient enfants. Il laissa échapper quelques larmes de joie et lança un regard plein de gratitude à son professeur.

Drago lui offrit un médaillon en argent représentant une tête de lion avec un œil en émeraude. Harry le passa autour de son cou immédiatement et remercia tout le monde, les larmes aux yeux.

- Je n'ai jamais eu de meilleures vacances de toute ma vie. Merci. De tout cœur.

Narcissa hocha la tête doucement.

- Harry. Tu dois comprendre que pour nous, tu fais partie de la famille désormais puisque nous te devons plusieurs dettes de vie. Tu seras le bienvenu ici avec grand plaisir, aussi longtemps que tu le voudras, et aussi souvent que tu en auras besoin.

Ils s'installèrent à la table pour prendre le petit déjeuner. Sans un mot, Drago servit une tasse de chocolat au lait à Harry et lui ajouta une cuillère de miel tandis que ce dernier donnait une tasse de thé avec deux sucres au blond. Les adultes échangèrent des regards amusés en notant la complicité des deux adolescents.

Le repas se déroula dans la joie et la bonne humeur. Harry souriait, heureux. Il se sentait bien, et surtout, pour la première fois, il prenait enfin conscience que tout était réellement terminé. Il n'avait plus aucune obligation envers le monde magique, il était libre de vivre comme il l'entendait. Enfin.

Il n'avait plus de mage noir sanguinaire aux trousses, il ne risquait plus sa vie à chaque instant. Le monde sorcier n'espérait plus de miracles de sa part - et il espérait que ça durerait. C'était probablement la raison pour laquelle il se sentait si libre et si léger.

Après avoir vidé son bol, il releva la tête et fronça le nez avec un léger rire.

- Depuis que le serpent a cassé sa pipe, je me rend compte à quel point la vie peut être agréable.