Parce que le chocolat c'est la vie

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Harry s'était une fois de plus accroché avec Ron et Hermione. Ça en devenait une habitude, bien qu'il ne parvienne toujours pas à s'y faire.

Ses deux amis se faisaient de plus en plus pressants pour essayer de savoir où il disparaissait. Ron parce qu'il était curieux et qu'il était persuadé que Harry vivait une grande aventure secrète. Hermione parce qu'elle était persuadée qu'il bravait le règlement et voulait s'assurer qu'il ne fasse pas perdre de points à leur maison.

Même s'il passait des heures à y penser, à se poser la question sur ce qu'il devrait faire, il n'avait aucun doutes sur le fait qu'il ne devait pas leur parler de la Chambre des Secrets et de Drago Malefoy prisonnier à l'intérieur. Prisonnier pour sa propre sécurité.

Ses deux amis seraient horrifiés, et Hermione chercherait à l'obliger à tout avouer à Dumbledore.

Quand à la réaction de Ron... Il préférait ne pas y penser, il connaissait parfaitement la haine Weasley - Malefoy.

Il avait donc fui la maison Gryffondor pour errer dans les couloirs, essayant de se calmer. Il espérait que ses amis se lasseraient rapidement plutôt que d'insister autant...

Ses pas le conduisirent aux cuisines, et après une brève hésitation, il chatouilla la poire du tableau qui en gardait l'entrée et pénétra dans le sanctuaire des elfes de maison.

Aussitôt une armée des petites créatures se pressa autour de lui, lui demandant ce qu'il voulait. Il eut un pincement au cœur en pensant à Hermione qui aurait poussé des hurlements en parlant d'ignoble exploitation et d'esclavagisme.

Il resta un long moment avec les elfes, un peu gêné de l'admiration qu'ils lui témoignaient. Il en profita pour demander une cargaison de chocolat, décidé à le partager avec Malefoy.

Il salua les elfes avec un grand sourire et leur promit de les voir très vite. Il offrit un clin d'œil à Dobby, qui lui fournissait les repas pour Malefoy, et le petit elfe se jeta contre lui pour l'enlacer. Harry gloussa et le remercia une fois de plus, lui assurant qu'il l'aidait énormément.

Lorsque Harry sortit des cuisines, il se sentait déjà mieux, et avançait d'un pas plus léger. Son paquet de chocolat à la main, il n'oublia pas de se montrer prudent et de vérifier qu'il n'était pas suivi, comme à son habitude.

Il se glissa rapidement dans le passage et rejoignit Drago.

Le blond était affalé sur son lit, un livre à la main. A l'entrée de Harry, il leva brièvement les yeux et eut un mince sourire.

- Potter.

- Bonjour Malefoy.

- Tu es en avance. Quelque chose de particulier ?

Harry détourna le regard et haussa les épaules, déterminé à ne pas parler une fois de plus de Ron et d'Hermione.

- Rien de spécial.

- Alors pourquoi tu amènes autant de chocolat ?

- Parce que le chocolat c'est la vie ?

Drago ricana, et posa son livre en se redressant. Il avait posé la question pour la forme, mais il se doutait bien de ce qui n'allait pas. A chaque fois que Potter s'accrochait avec ses deux amis, il descendait immédiatement le voir.

A une époque, Drago aurait appuyé où ça faisait mal, il aurait insisté pour le blesser un maximum.

Il devrait peut être lui en vouloir de s'être retrouvé enfermé... Mais depuis que Potter lui avait offert un futur un peu moins sombre, il pouvait difficilement rester le petit con prétentieux qu'il avait toujours été.

A certains moments, il se surprenait à trouver le Gryffondor attendrissant ou attachant. Il en arrivait même à se sentir coupable des disputes avec ses amis, puisqu'il devinait sans peine qu'il était au cœur des problèmes... Que Harry choisisse de l'aider lui plutôt que de préserver son amitié avec la belette ou la Miss-je-sais-tout était probablement ce qui l'avait aidé à changer d'avis rapidement sur le jeune homme.

Il se servit d'un gros carré de chocolat alors que Harry faisait la même chose, et ils s'installèrent confortablement, côte à côte.

- Quoi de neuf en haut ?

Harry se tendit un bref instant, avant de soupirer.

- Rien d'exceptionnel. S'il n'y avait pas les articles de la Gazette parlant des raids de Mangemorts, ça serait impossible de savoir qu'il y a une guerre.

- Tu ne vas pas te plaindre que les choses soient calmes ?

- En fait si ! J'ai l'impression que quelque chose se prépare et je n'aime pas ça. Mais je suppose qu'à force de vivre dans l'attente je deviens un peu paranoïaque...

Drago soupira et jeta un bref regard de côté à Harry. Puis il décida de lui avouer ce qui le rongeait depuis quelques jours.

- Potter ? Si tu ne m'avais pas... amené ici, j'aurais été marqué pour Noël.

Harry sursauta mais resta parfaitement immobile et silencieux. Il savait que Drago n'avait pas terminé de parler, et qu'il fallait ne pas le presser. Drago soupira et secoua doucement la tête.

- J'avais une mission. En échange de la vie de mes parents, je devais tuer Dumbledore et faire entrer les Mangemorts à Poudlard. J'ai... cherché une autre solution, mais avec mon père à Azkaban, ma mère était seul au milieu de tous ces cinglés...

Toujours silencieux, Harry tendit la main et attrapa le poignet de Drago. Le blond regarda un instant les doigts bronzés sur sa peau d'albâtre - ils étaient si différents - puis il sourit tristement avant de continuer.

- Je pense que je l'aurais fait si tu ne m'avais pas arrêté à temps. J'aurais tué Dumbledore.

Le silence s'étira et Drago craignit un instant d'être rejeté. Mais Harry, tenant toujours fermement son poignet, souffla doucement avant de parler, presque en chuchotant.

- Tu n'es pas un tueur Malefoy. Tu n'es pas un monstre comme eux.

Drago réprima un sanglot, détestant la confiance que Potter plaçait en lui, cette confiance qu'il n'avait jamais rien fait pour mériter. D'une voix dure, il insista.

- Je l'aurais fait, Potter. Pense ce que tu veux, mais je n'avais pas le choix. J'aurais été prêt à tout pour sauver ma mère !

Harry ne répondit pas mais se contenta de sourire doucement, un peu tristement. Puis, après quelques instants, il chuchota.

- J'espère que ta mère est en sécurité.

Drago soupira et ferma les yeux, chassant son inquiétude.

- Moi aussi, Potter. Moi aussi.

Obsession irrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant