Comme du cristal

2.2K 272 26
                                    

Harry avait laissé Drago avec ses parents et s'était éloigné, légèrement mélancolique. Il devait avouer qu'avoir le Serpentard pour lui seul avait été agréable, il l'avait découvert sous un nouveau jour et avait apprécié le côtoyer.

Mais Malefoy allait retrouver sa famille, ses amis, et ils en arriveraient finalement à une neutralité prudente... Leurs conversations allaient manquer à Harry, il en était certain.

L'air sombre, il se dirigea vers l'entrée de Poudlard sans noter le regard pensif de son professeur de potions. Si Severus s'était posé beaucoup de questions sur les motivations du Gryffondor, il ne pouvait pas douter qu'il s'était attaché à son filleul. Et la réciproque semblait vraie s'il interprétait correctement le regard de Drago rivé sur le dos de son ancien rival qui s'éloignait lentement.

Avec un soupir, il se pencha vers le jeune homme blond.

- Tu devrais rester avec lui, si tu en as si envie. Je suppose qu'il vaut mieux ne pas le laisser seul.

Drago haussa les épaules et eut une grimace amère.

- Je suppose qu'il est parti se réconcilier avec la belette et Miss-je-sais-tout. Ils sont...

- Sottises Drago. Ne le laisse pas penser que tu te moques de son amitié. N'oublies pas que c'est un fichu Gryffondor.

- Père n'aimerait pas...

Severus soupira.

- Ta mère ne laissera pas Lucius s'opposer à cette amitié, surtout si tu y tiens. Il a fait beaucoup pour toi et tes parents, jeune homme, ne gâches pas tout parce que tu as peur d'être rejeté.

Severus laissa Drago réfléchir, satisfait de lui même. Il avait fait ce qu'il pouvait pour aider les deux garçons, la balle était désormais dans le camp de Drago...

*

En entrant dans le hall de Poudlard, Harry cligna des yeux au changement de luminosité. Il se sentait épuisé, après cette journée intense.

Sans grande surprise, Ron et Hermione l'attendaient, un peu avant les portes menant à la Grande Salle. Il eut un moment d'hésitation avant de soupirer et de s'avancer vers eux à pas lents. Les bras croisés de Ron et son air boudeur le renseignait sur son état d'esprit et il s'attendait à une dispute probablement mémorable. Heureusement pour lui, Ginny n'était pas présente pour l'instant...

Au moment où il s'arrêtait face à ses amis, Ron grogna.

- Malefoy hein ?

Harry passa une main lasse dans ses cheveux et détourna le regard, blessé de l'agressivité de Ron.

- Je n'allais pas le laisser se faire tuer.

Ron resta impassible mais Hermione hoqueta.

- Quoi ? Comment ça se faire tuer ?

- Il allait être marqué et... Voldemort lui avait confié une mission impossible. C'était une punition pour l'échec de son père au Ministère.

Ron plissa les yeux et se pencha vers lui.

- Et en quoi ça te concernait ?

Hermione soupira et le bouscula légèrement.

- Ron. Laisse-le parler au moins.

Harry sentit une pointe de colère commencer à faire surface. Il ne pouvait pas croire que Ron lui reproche d'avoir voulu sauver la vie de Malefoy. Il pouvait accepter les reproches pour les avoir écarté - il se sentait d'ailleurs suffisamment coupable à ce sujet - mais pour le reste, il avait fait ce qu'il estimait être juste.

Aussi, sa voix se fit plus dure lorsqu'il décida de clôturer le sujet "Drago Malefoy".

- J'ai fait ce que je pensais être le mieux pour tout le monde. J'ai mis Malefoy à l'abri, et je ne le regrette absolument pas. Est-ce clair ?

Ron plissa les yeux et secoua la tête en laissant échapper un ricanement.

- Comme du cristal. Je note que tu préfères la fouine à notre compagnie. Tu devrais aller le retrouver d'ailleurs.

Hermione posa la main sur le bras de Ron pour lui faire signe de se calmer, mais il se dégagea d'un geste et partit à grands pas. Harry se frotta les yeux en soupirant.

La lionne eut un sourire triste et souffla quelques mots de réconfort.

- Laisse lui un peu de temps, tu sais comme il est. Il a besoin de digérer tout ça. Tu aurais du... nous le dire tu sais.

- Hermione. Ron aurait hurlé que c'était Malefoy et toi tu m'aurais dit de voir avec Dumbledore.

La jeune fille s'empourpra légèrement et détourna la tête. Harry continua ses explications.

- J'ai enlevé Malefoy et je l'ai enfermé dans la chambre des secrets. J'ai volé du polynectar et je m'en suis servi pour faire croire qu'il était à Pré-au-Lard. Je n'avais pas prévu l'attaque ni qu'il soit déclaré mort, mais ça a été utile pour le garder en sécurité. Tout ce temps j'allais le voir pour lui apporter les cours, des livres et de la nourriture. Je ne pouvais pas mettre qui que ce soit dans la confidence pour que ça fonctionne.

Hermione hocha la tête, semblant comprendre les justifications de Harry. Cependant, il restait une pointe de tristesse au fond de ses yeux.

- Pourquoi nous repousser alors ?

Harry baissa la tête, et ferma un instant les yeux.

- Pour ne pas avoir à vous mentir sans arrêt sur mes disparitions fréquentes. Et pour que vous soyiez en sécurité. Cette fois, vous ne pouviez pas être avec moi, je devais me retrouver seul face à Voldemort. J'avais peur que si vous étiez trop proche, vous deveniez une cible pour m'atteindre. Comme Sirius.

- Oh Harry... Espèce d'idiot ! Tu n'as jamais pensé que nous étions à tes côtés parce que nous le voulions et parce que nous t'aimions ? Tu ne t'es jamais dit que nous étions parfaitement conscients des risques et que nous les acceptions ?

Harry eut un geste de colère, ses yeux brillants plus que de raison, comme s'il retenait des larmes.

- Et bien moi, je n'acceptais pas ! C'était bien mieux comme ça ! Pendant la bataille, je n'avais pas à m'inquiéter ni pour vous, ni pour Malefoy. Vous étiez tous à l'abri.

Hermione soupira et hésita un bref instant. Elle secoua la tête.

- Tu es vraiment devenu ami avec lui hein ?

Harry rougit et haussa les épaules, sans répondre. Cependant aux yeux d'Hermione, sa réaction était une réponse en soi. Elle hésita un bref instant et serra brièvement Harry dans ses bras avant de s'écarter.

- Tu restes un idiot Harry Potter. Mais je vais aller parler à Ron. Il... Il a souffert que tu le rejettes comme ça, il pensait qu'il avait fait quelque chose de mal.

- Je suis désolé.

- Ce n'est pas à moi qu'il faut le dire... Mais... ça ira, d'accord ?

Obsession irrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant