C'est dommage

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Depuis l'attaque sur le chemin de Traverse, les nuits de Harry étaient compliquées. Il faisait des cauchemars incessant et était rongé par la culpabilité de ne pas avoir fait plus.

Des cernes noirs s'élargissaient sous ses yeux, et il avait l'air encore plus maussade et renfermé.

Il ignorait résolument les regards tour à tour inquiets et furieux de ses amis, pour se concentrer sur les cours et pour passer tout le temps qu'il pouvait près de Drago.

Le Serpentard avait lui aussi remarqué que son rival n'allait pas bien. Il n'avait pas osé aborder directement le sujet, estimant que leurs relations étaient encore trop fragiles, mais il essayait de le distraire. Les cours étaient un excellent sujet, neutre par excellence.

Les notes de Harry commençaient à s'en ressentir, et le Gryffondor avait surpris le regard soupçonneux de Rogue sur lui à plusieurs reprises, alors que ses devoirs revenaient, de moins en moins rayés de rouge.

Les jours passant, Harry se sentait de moins en moins à sa place dans son dortoir. Il voyait ses camarades rire et plaisanter, et parfois il devait se faire violence pour ne pas hurler, et leur rappeler que la guerre grondait à l'extérieur.

Il les enviait de pouvoir se montrer aussi insouciants, de pouvoir profiter de leur jeunesse sans craindre le pire à chaque instant. Puis le moment suivant, il s'en voulait d'être aussi mesquin, pensant qu'il devrait se réjouir qu'eux aient une vie normale.

Il se perdait dans ses sentiments, dans ses craintes et inquiétudes.

Parce qu'il était focalisé sur la situation, il ne faisait pas attention à ce qui l'entourait. Ainsi, il ne voyait pas les regards de ses camarades de maison, les froncements de sourcils ou les grimaces agacées.

Il manquait également les yeux noisettes qui ne le quittaient pas, le détaillant en permanence.

Ginny Weasley ne lâchait pas Harry du regard dès lors qu'il était dans son champ de vision. Elle avait toujours été fascinée par le sauveur, meilleur ami de son frère, et elle attendait depuis leur toute première rencontre qu'il ne la remarque enfin.

Mais Harry n'avait jamais semblé tourner le regard vers elle, alors elle attendait patiemment. Elle attendait de grandir, de devenir désirable à ses yeux.

Elle attendait chaque opportunité de se rapprocher de lui, de le soutenir, pour qu'il n'oublie jamais qu'elle avait toujours été là, une épaule attentive pour lui.

Elle ne se cachait pas de sa fascination pour le Survivant, de son amour envers Harry. Il était tout ce dont elle avait toujours rêvé, tout ce qu'elle espérait pour le futur.

Ginny était déterminée à ne pas le laisser lui échapper. Elle était certaine qu'elle pourrait rendre Harry heureux, lui offrir tout ce dont il avait toujours rêvé, si seulement il voulait bien la laisser s'approcher de lui.

Elle savait qu'il rêvait d'une famille, et elle pouvait la lui donner. Elle pouvait lui donner les enfants qu'il voulait, le soutien dont il rêvait sans en avoir conscience.

Ginny attendait le moment propice, et lorsqu'elle vit rentrer Harry un soir, elle s'approcha de lui, souriante.

Elle s'était joliment coiffée, elle avait pris un peu de rose à lèvres à Lavande, et elle espérait qu'il verrait les efforts qu'elle avait fait pour lui.

Mais Harry ne lui jeta pas un regard. Il ne répondit pas à son salut, se contentant de grogner lorsqu'elle s'agrippa à son bras.

Lorsque Harry écarta la jeune fille, cette dernière oublia toutes ses résolutions de se montrer douce et souriante. Son caractère volcanique explosa et elle rattrapa Harry.

- Tu n'es pas obligé d'être aussi renfermé Harry !

Harry se retourna, le regard noir. Il la dévisagea et souffla.

- Laisse moi, Ginny.

- Avant tu passais du temps avec moi ! Tu me regardais au moins ! Mais là... tu vas et viens sans que personne ne sache ce que tu fabriques et tu erres comme un fantôme ! Tu ne parles à personne !

- Peut être que je n'ai rien à dire.

Ginny resta un bref instant stupéfaite, ne sachant pas quoi répondre. Puis, elle fronça les sourcils.

- Tu es stupide ! Tu es tellement stupide que tu ne vois pas les mains tendues ! Tu ignores tout le monde ! Tu te penses donc tellement meilleur pour te montrer aussi prétentieux ?

- Je ne t'ai rien demandé, Ginny !

Autour d'eux, dans la salle commune des Gryffondor, le silence s'était fait. Tout le monde fixait Harry et Ginny, stupéfaits de les voir se disputer ainsi.

Inconscient des regards sur eux, Ginny insista.

- Pourquoi toujours repousser ceux qui t'aiment ?

Harry recula d'un pas, et dévisagea Ginny. Puis il laissa éclater un ricanement dur.

- C'est dommage parce que moi je ne t'aime pas.

Ginny hoqueta et trébucha en arrière comme si elle avait été frappée. Elle avait blêmi, et regardait Harry comme s'il était un étranger.

Il y eut quelques exclamations étouffées de surprise, tandis que tous ceux qui étaient présents prenaient conscience des mots de Harry, durs et tranchants.

Ginny tourna le dos et s'enfuit en direction du dortoir des filles, sans un mot de plus, sanglotant le plus discrètement possible.

Harry regarda autour de lui, ne rencontrant que des regards hostiles. Pourtant, il ne baissa pas les yeux, ignorant ses camarades, ses amis. Sans un mot, il quitta la salle commune.

Hermione avait assisté à toute la scène sourcils froncés. Et alors qu'elle entendait les murmures de leurs camarades se demander ce qui prenait à Harry pour se montrer aussi méchant envers Ginny, elle changea d'opinion.

Elle avait dit à Ron que Harry avait besoin de temps, et peut être d'espace. Mais finalement, peut être que le rouquin avait eu raison de penser qu'il y avait un problème.

Depuis qu'ils se connaissaient, Harry ne s'était jamais montré aussi désagréable. Et Hermione était persuadée qu'il avait fait exprès de repousser tout le monde.

Elle soupira en secouant la tête, et espéra que Ron ne chargerait pas comme un taureau furieux quand il apprendrait que Harry avait fait pleurer sa petite sœur. Elle soupçonnait qu'il y avait plus qu'une simple querelle et elle était déterminée à trouver ce qui se passait.

Elle secoua la tête et pris le chemin du dortoir des filles, pour aller consoler un peu Ginny, et réfléchir à toute la situation.

Obsession irrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant